L’industrie immobilière réaffirme haut et fort son engagement envers le Défi énergie, témoignages de lauréats à l’appui.
Toujours en pleine évolution, le Défi énergie en immobilier (DÉI) se positionne une fois de plus sur la nécessité de réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bâtiments commerciaux, institutionnels et multirésidentiels à travers le Québec.
De fait, l'an 2 de cette seconde édition du DÉI lancé, rappelons-le, en 2018 par BOMA Québec, aura vu une augmentation notable du nombre de ses participants ayant partagé leurs données énergétiques – ce nombre s'élevant désormais à 303 – soit une hausse de 25 % par rapport à 2022. Parmi eux, 22 lauréats dans 20 catégories ont été récompensés pour leurs efforts déployés afin d’accélérer la transition énergétique et la décarbonation des bâtiments.
Un bilan[1] qui a de quoi réjouir Mario Poirier, directeur du programme du DÉI : « La nature du Défi n'a pas changé depuis 2018, puisqu'il s'agit toujours d'une compétition conviviale dont l’objectif principal reste le même, à savoir, l'amélioration continue. Toutefois, plusieurs changements se sont produits en cours de route, dont une pandémie qui a affecté l'ensemble des consommations des bâtiments, et l'avènement du Règlement 21-042 de la Ville de Montréal. »
Comme le précise Mario Poirier, tous les acteurs du Défi ont su bien s'ajuster en cours de route. « Ce qui s'est avéré positif, souligne-t-il, puisque nous connaissons une croissance d'adhésion au programme considérable. »
À ses yeux, il est clair que de plus en plus de grandes organisations se conscientisent quant à la gestion de l'énergie et en matière d'environnement. Et qu’un nombre croissant de spécialistes en développement durable se joignent aux gestionnaires dans leurs démarches environnementales.
« C'est un facteur très positif par rapport au futur, s'enthousiasme-t-il, car nous croyons qu'un besoin de continuité existe malgré les réglementations existantes et celles à venir. Nous planifions déjà la troisième édition du Défi, et la compétition conviviale continuera certainement d'être au premier plan.
« Nous allons aussi appuyer et renforcer l'analyse comparative, ajoute-t-il, et nous tenterons de voir comment rallier davantage le secteur immobilier pour poursuivre nos objectifs de changement de culture en termes de gestion d'énergie, et ce, particulièrement face au grand défi qui s'est précisé au cours des dernières années en lien avec la décarbonation. »
Diverses motivations, mêmes objectifs
De l'aveu de Mario Poirier, même si les participants ont leurs propres raisons d'adhérer au Défi, ce qui compte le plus, ce sont les objectifs à atteindre. Il précise: « Ce que nous souhaitons, ce sont des résultats, peu importe les motivations, mais nous encourageons d'abord la participation globale, et non la seule volonté de gagner. »
Pour Pierre Tellier, ingénieur, conseiller ressources matérielles à Hydro-Québec, et non peu fier du prix Engagement remis à la société d'État pour avoir inscrit le plus grand nombre d'immeubles (65) au Défi, la comparaison constitue la principale source d'adhésion à cette compétition. « Se comparer, mais aussi participer à toute la mobilisation orientée vers l'efficacité énergétique et pour réduire notre consommation d'énergie, explique-t-il. Le DÉI nous fournit des outils forts appréciables, particulièrement les tableaux remis en fin d'année qui nous permettent de nous comparer. »
Étienne St-Cyr, ingénieur, chef — Vigie énergétique à Hydro-Québec, acquiesce d'emblée : « Les outils de comparaison sont vraiment mon coup de cœur et je suis emballé que notre équipe l'utilise au même titre que nos clients. Pierre [Tellier] travaille vraiment dans l'exploitation de nos bâtiments et, pour ma part, je tente de reprendre ce qu’il fait dans nos propres bâtiments et d'en inspirer nos clients. On parle souvent de projets d'efficacité énergétique, mais dans ce cas-ci, cela nous permet de mettre l'accent sur le suivi régulier de la consommation qui est un aspect un peu moins visible, peut-être, mais que le Défi permet de mettre au premier plan. »
Du côté d'Anabel Schneller, coordonnatrice ESG chez BentallGreenOak (BGO), entreprise ayant remporté le prix Leader de la saine gestion de l'énergie et le prix Performance réduction de GES pour l'amélioration de la performance énergétique, catégorie Immeubles universels, pour son bâtiment Rexel Canada Electric[2], deux raisons ont motivé sa participation au DÉI. « La première était qu'en tant que leader en matière de gestion ESG, précise-t-elle, il était important de donner l'exemple à l'industrie, surtout pour la transparence des données, et la seconde, pour s'assurer d'améliorer la performance énergétique des bâtiments. »
Il va de soi que pour Mario Poirier, les avantages de prendre part au Défi sont nombreux autant pour les participants que pour la société. De plus, cela constitue l'occasion de transmettre un message clair que le secteur de l'immobilier s'est bel et bien pris en main.
« Loin d'être indifférent, le secteur n'est pas qu'un passager dans un train, mais plutôt la locomotive elle-même, illustre-t-il. Il nous tient à cœur d'accélérer la transition énergétique et la décarbonation des bâtiments. Et c'est là où la compétition prend tout son sens, en plus de soutenir les objectifs fixés par les instances gouvernementales. »
Stratégies diversifiées
Comme tient à le rappeler Mario Poirier, les approches mises de l'avant pour réduire la consommation énergétique et les émissions de GES sont aussi diversifiées qu'il y a de bâtiments uniques. « Il y a certainement une connaissance de base ou des fondements que tous partagent. Et ce sont sur ces fondements que doit s'appuyer la gestion d'énergie si on veut atteindre les objectifs, c'est-à-dire, la maîtrise des données, se faire un plan et consulter les maintes ressources, à commencer par les aides gouvernementales. »
Anabel Schneller est bien d'accord: « La gestion des données énergétiques est très importante. Et cela requiert la collaboration des locataires sous notre gestion qui, en nous remettant leurs factures d'énergie, permettra d'effectuer le transfert automatique des données sur la plateforme Energy Star Portfolio Manager. Le sont tout autant toutes les études menées par nos consultants spécialisés en efficacité énergétique et en décarbonation qui faciliteront l'accès à toutes les subventions disponibles reliées aux mesures d'économies d'énergie. »
Le conseiller en ressources matérielles chez Hydro-Québec préconise, quant à lui, l'utilisation du rapport hebdomadaire qui permet de faire une simulation de la puissance du bâtiment et de sa consommation qui rendra compte de sa performance. Il cite en exemple l'immeuble CA Laval (Michelin), lauréat du prix Performance, réduction de GES dans la catégorie Immeuble à usage mixte[3]. « Ce bâtiment était l'un de ceux qui avait perdu de sa performance et nous avons réussi, grâce au rapport hebdomadaire, à trouver rapidement ce qui ne fonctionnait pas. Cela n'aurait pas pu se faire avec des rapports mensuels, car bien souvent, trois mois s'écoulent avant que nous puissions en améliorer l'efficacité. »
Étienne St-Cyr tient à préciser que ce bâtiment n'a nécessité aucun investissement majeur en capital. « Nous avons régulièrement observé la consommation; nous avons remis en question cette consommation qui était désordonnée, puis nous y avons remis de l'ordre. En regardant simplement si tous les systèmes fonctionnaient comme prévu, et en nous assurant qu'ils ont été programmés selon les horaires les plus performants, nous avons réussi à réduire au minimum la consommation sans nécessairement mettre un sou en capital dans le bâtiment. C’est ça, un peu, l'esprit du Défi. »
De concert, Pierre Tellier et Étienne St-Cyr invitent chaleureusement de nouveaux partenaires à venir se greffer au DÉI pour lequel ils ne tarissent pas d'éloges.
Même son de cloche pour Anabel Schneller: « Nous sommes les premiers à avoir enregistré des propriétés du secteur industriel léger au DÉI. Nous en avons une dizaine et nous comptons bien en enregistrer plus de trente l'année prochaine. Nous invitons tous les gestionnaires d'immeubles de propriétés industrielles à en faire de même. Cela fonctionne. Nous en sommes la preuve, et nous les encourageons pleinement à relever le Défi », conclut-elle.
1. Résultats présentés pour 2023, soit une réduction globale de l'intensité énergétique de 2,9 % par rapport à 2022 (0,85 GJ/m² contre 0,87 GJ/mm²) et une réduction globale de l'intensité des GES de 10 % (8,43 kgC)2e/m² contre 9,36 kg CO2e/m²).
2. Résultats obtenus pour cet immeuble: Intensité énergétique (2023) : 0,57 GJ/m²
Intensité des émissions de GES (2023) : 15,10 kg CO₂e/m²
Économies d'énergie (2022-2023) : Réductions significatives de l'intensité énergétique, passant de 0,65 GJ/m² à 0,57 GJ/m², accompagnées d'une baisse des émissions de GES, passant de 19,67 kg CO₂e/m² à 15,10 kg CO₂e/m².
Réduction de l'intensité énergétique : ~12,31 %
Réduction de l'intensité des émissions de GES : ~23,23 %
3. Intensité énergétique de 0,79 (GJ/m²) et 0,45 (kg CO2e/m²) en intensité des émissions énergétiques de GES pour l'année 2023 par opposition à 0,97 (GJ/m²) en intensité énergétique et 0,55 (kg CO2e/m²) en intensité des émissions énergétiques de GES pour l'année 2022.
- La croissance des adhésions (environ de 20 %)
- L'ajout du secteur léger industriel
- La contribution des portfolios immobiliers des gestionnaires et propriétaires
- Prise de conscience des données énergétiques
- La sensibilisation à la gestion de l'énergie dans un secteur d'opération des bâtiments trop longtemps négligés
- L'amélioration continue d'année en année
- Évolution marquante, mais difficilement chiffrable, de réduction des GES