L’industrie de la construction en acier joue la carte de la transparence avec la publication de ses premières déclarations environnementales de produit (DEP). Prête pour LEED v4.
Six catégories de DEP
Analyse du cycle de vie
Indicateurs d’impact
Empreinte de l’acier canadien
Prix d’excellence 2016
L’industrie de l’acier n’a pas l’intention d’être en reste en matière de construction durable. L’Institut canadien de la construction en acier (ICCA) l’a récemment démontré en développant six premières DEP génériques applicables à l’acier de charpente. L’objectif : faire valoir les propriétés de l’acier comme matériau de charpente durable et respectueux de l’environnement, en plus de se conformer aux nouvelles exigences de la certification LEED v4.
Comme les autres types de matériaux, l’acier produit au Canada doit maintenant respecter certaines exigences quant aux impacts environnementaux, et ce, de la chaîne d’approvisionnement et du transport jusqu’à la fabrication. Des impacts qui se mesurent en tonnes d’équivalent (éq.) de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre, d’azote, de trichlorofluorométhane, d’ozone et d’antimoine. Tous des éléments chimiques qui peuvent affecter la qualité de l’air, de l’eau et des sols, en plus de contribuer au réchauffement planétaire.
Les DEP de l’ICCA représentent une avancée environnementale dans l’industrie qui permettra de garder l’acier de charpente concurrentiel comparativement aux autres choix de matériaux comme solution reconnue en construction durable, attestant que les produits d’acier visés sont génériquement conformes aux exigences de la dernière mouture du système LEED. Elles arrivent à point nommé car, depuis le 1er novembre 2016, les DEP propres à un produit et celles qui correspondent à la moyenne de l’industrie constituent un préalable obligatoire pour l’inscription de tous les nouveaux projets en vue d’obtenir la certification LEED.
Rappelons que la nouvelle version LEED v4, qui remplace la version de 2009, relève sensiblement la barre pour l’obtention de la certification. C’est le cas notamment de la catégorie Matériaux et ressources, qui a été complètement revue.
Cette catégorie englobe les matériaux de construction en acier et permet d’accumuler jusqu’à 14 points dans le processus de certification LEED v4. L’évaluation prend en considération, par exemple, la réduction des incidences liées au cycle de vie du bâtiment, la divulgation et l’optimisation des produits utilisés dans la construction (p. ex. : attestation d’une DEP, provenance des matières premières, composants des matériaux), ainsi que la gestion des résidus de construction et de démolition.
De l’acier durable
L’industrie de l’acier a beaucoup progressé dans le domaine de la fabrication d’éléments de charpente. L’ingénieure Hellen Christodoulou, directrice régionale de l’ICCA pour le Québec, souligne à ce propos que les entreprises de ce secteur ont beaucoup investi dans le développement technologique de procédés et d’équipements de fabrication.
Elle assure que ces investissements ont eu d’importantes retombées économiques et environnementales. Ils ont notamment permis d’améliorer la production en minimisant les pertes et en développant le recyclage. Ils ont permis aussi d’assurer un meilleur contrôle de la qualité des produits, en plus de réduire l’empreinte environnementale de l’acier.
L’analyse du cycle de vie (ACV) de l’acier de charpente, qui a servi à la préparation des six DEP génériques de l’ICCA, le démontre d’ailleurs. Julie-Anne Chayer, directrice, Relations d’affaires – Responsabilité d’entreprise chez Groupe AGÉCO, qui a travaillé sur ce mandat, confirme que les DEP de l’ICCA ont été élaborées conformément à la norme ISO 14025.
Le processus permet de mesurer et de vérifier des indicateurs d’impact environnemental liés à la fabrication de l’acier, et ce, de l’acquisition et l’utilisation des matières premières jusqu’à la sortie des produits finis de l’usine. Cela inclut évidemment le transport des matières premières jusqu’à l’usine, la production, la quantité d’énergie utilisée dans la fabrication et les émissions de gaz à effet de serre (GES) récurrentes.
Julie-Anne Chayer souligne que le développement des DEP est une première dans cette industrie au Canada. Elle précise toutefois qu’il en existe depuis 1999 en Europe. Bien qu’elle reconnaisse qu’il n’y a pas encore d’obligation pour les clients d’utiliser les produits attestés d’une DEP, elle est convaincue que plus il y en aura, plus ça simplifiera ce choix à l’avenir.
Bénéfices écologiques
Il va sans dire que les DEP ne sont pas les seuls indicateurs de la valeur écologique de l’acier, en particulier comme matériau de charpente dans les bâtiments. L’ICCA se plaît à rappeler d’autres bénéfices de l’usage de l’acier en construction. En premier lieu, elle mentionne la longue durée de vie utile des bâtiments construits en charpente d’acier. Cette dernière a aussi l’avantage de réduire le poids et la superficie au sol des bâtiments en permettant des portées plus longues.
En outre, la charpente en acier facilite l’intégration des systèmes mécaniques, tout en réduisant la taille du bâtiment et sa consommation énergétique. Elle favorise également l’installation d’une fenestration plus grande en procurant un plus grand confort pour les occupants et une autre réduction de consommation énergétique pour le chauffage et l’éclairage. Et c’est sans compter le fait que l’acier est facilement démontable et recyclable, et qu’il génère des économies de temps et d’argent sur les chantiers de construction.
Du reste, les professionnels ont souvent recours aux charpentes en acier, non seulement à des fins de développement durable, mais aussi pour vendre leurs conceptions en acier aux clients sensibles aux défis architecturaux et budgétaires.
L’architecte et chargé de projet Michel Veilleux, de la firme ABCP Architecture, qui a participé à la conception de l’amphithéâtre Vidéotron à Québec, en témoigne avec ce projet en instance d’accréditation LEED Argent : « On aime l’acier, surtout pour ses capacités structurales et la rapidité d’exécution des travaux au chantier. »
Il confirme que le choix de l’acier pour la charpente principale de l’amphithéâtre s’est imposé dès le début du projet. Ça permettait ainsi de tabler sur la rapidité d’exécution en conditions hivernales, sur la possibilité de réaliser des travaux aux niveaux inférieurs après l’installation du tablier métallique, et sur la facilité à apporter des modifications aux éléments structuraux après leur érection. Et tout ça à l’intérieur d’un budget d’une cinquantaine de millions de dollars, uniquement pour l’acier.
Hellen Christodoulou conclut que, somme toute, les DEP de l’ICCA contribueront à faciliter le travail des spécificateurs dans la conception de leurs projets. D’autres DEP pourront éventuellement s’ajouter. Elle espère que cette initiative incitera également les clients et les gouvernements à soutenir l’industrie de l’acier, laquelle constitue un pilier important de l’économie canadienne avec un secteur manufacturier qui représenterait 12 % du PIB national, selon Manufacturiers et Exportateurs du Canada.
- Les profilés fabriqués en acier de charpente laminé à chaud (peints)
- Les profilés fabriqués en acier de charpente laminé à chaud (non peints)
- Les profilés tubulaires fabriqués (peints)
- Les profilés tubulaires fabriqués (non peints)
- Les plaques de construction fabriquées (peintes)
- Les plaques de construction fabriquées (non peintes)
La cueillette d’information qui a servi à l’analyse du cycle de vie de l’acier de charpente et à la préparation des DEP génériques de l’ICCA a été effectuée du printemps à l’automne 2016. Elle a été faite sous la forme d’un questionnaire soumis à l’ensemble des membres de l’ICCA impliqués dans la fabrication des six catégories de produits concernés. Les données fournies par les répondants ont permis de comparer le profil environnemental de différents produits et de mesurer les impacts environnementaux liés à leur production.
- Réchauffement planétaire (tonnes éq. CO2)
- Appauvrissement de la couche d’ozone (tonnes éq. CFC11)
- Acidification des sols et de l’eau (tonnes éq. SO2)
- Eutrophisation (tonnes éq. N)
- Smog (tonnes éq. O3)
- Appauvrissement abiotique (éléments) (tonnes éq. Sb)
- Appauvrissement abiotique (fossiles) (valeur calorifique nette en mégajoules)
- Taux de recyclage de 98 %
- Taux de contenu recyclé utilisé dans la fabrication jusqu’à 93 %
- Réduction de l’empreinte de carbone de 47 % depuis 1990
- Réduction de 29 % de l’intensité énergétique par tonne d’acier produite
La région du Québec a décerné l’automne dernier son Prix d’excellence 2016, catégorie Bâtiments verts, à la nouvelle usine de fabrication d’isolant de polyisocyanurate de Soprema, à Drummondville. En attente d’une certification LEED-NC-Or, ce bâtiment a été doté d’une structure principalement constituée en acier pour des raisons d’efficacité et d’économie.
Les dimensions et le positionnement des éléments structuraux en acier, de provenance locale à plus de 95 %, ont été optimisés pour réduire les quantités requises. La suppression de certaines colonnes a aussi permis une plus grande flexibilité dans l’utilisation des aires de plancher. Dans la zone de production, soulignons-le, la structure métallique a été combinée à un pontage en bois FSC laissé apparent.
Au nombre des principaux artisans de cette réalisation figurent le consortium formé d’ABCP Architecture et de Dominique Blais Architecte, ainsi que Lainco, Canam Bâtiments et Ronam Constructions.