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Faire le plein d’appuis financiers en efficacité et en transition énergétiques

2 avril 2024
Par Sandra Soucy

Les programmes d'appuis financiers en transition, innovation et efficacité énergétiques sont plus que jamais appelés à jouer un rôle essentiel dans le contexte de décarbonation de l'environnement bâti québécois. D’où l’importance d’en profiter pleinement.

À l'heure où des efforts significatifs sont déployés pour répondre aux besoins d'adaptation aux changements climatiques, des moyens sans précédent sont consacrés en faveur de la décarbonation pour pouvoir atteindre les cibles gouvernementales de neutralité carbone fixées pour 2050.

Il faut dire que le Québec occupe une place prépondérante en matière de décarbonation de son environnement bâti. Et force est de constater que les programmes d'aide financière visant la réduction de consommation globale d'énergie ainsi que de l'écrêtage de la pointe que proposent notamment Hydro-Québec et Énergir, ou encore le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, peuvent favoriser des avancées majeures qui serviront ces objectifs. Sans compter tous les autres programmes destinés à la décarbonation, et ils sont légion.

« Ces programmes sont plus que jamais présents et je dirais même qu'ils se multiplient dans d'autres secteurs d'activité en dehors du bâtiment, expose d'entrée de jeu Christian Lemieux, consultant sénior chez Econoler. Les programmes offerts par les distributeurs d'énergie sont révisés chaque année et sont bonifiés selon les secteurs d'activité, en l'occurrence le secteur commercial, industriel et résidentiel, pour mieux les cibler par rapport aux priorités. Il en existe aussi d'autres tout aussi avantageux, dont ceux offerts par le gouvernement du Québec qui place la décarbonation au premier rang de ses priorités autant pour les bâtiments, le transport que pour le secteur industriel.

« Le gouvernement du Canada, ajoute-t-il, a aussi fait un véritable pas de géant avec son programme résidentiel très porteur Maisons plus vertes, mis sur pied pour inciter les propriétaires à rénover leur habitation afin de la rendre plus écoénergétique et plus confortable. C'est sans oublier certaines municipalités qui font aussi leur part en offrant des montants d'argent complémentaires aux programmes résidentiels disponibles. »

L'expert chez Econoler tient à rappeler que ces programmes se complètent tous, même ceux offerts par les institutions financières dont l'aide est moins directe, mais tout de même présente. « C'est en cumulant les différents apports d'aide financière, autant pour l'industrie que pour les particuliers, que l'on pourra réduire significativement la dépense pour des mesures d'efficacité énergétique et de décarbonation », explique-t-il.

Champs d'application

Ces programmes sont destinés à couvrir moult champs d'application ayant trait à la réduction des gaz à effet de serre (GES). À savoir l'amélioration de l'isolation, la récupération de chaleur dans l'air évacué, la remise au point des systèmes mécaniques (le recommissionning), la valorisation des rejets thermiques, l'intégration de la biénergie, l'utilisation des thermopompes… Toutes ces mesures, et bien d'autres, sont visées par les subventions en ce moment.

Christian Lemieux et Sandrine Tremblay

Cependant, Christian Lemieux fait une importante mise en garde : « Ces programmes font, à l'occasion, l'objet de mises à jour. Certaines technologies, par exemple, pourraient ne plus être admissibles après un certain nombre d'années. Ou encore, l'aide financière offerte pourrait avoir été bonifiée comme ce fut le cas il n'y a pas si longtemps alors qu'un distributeur d'énergie a fait passer son maximum d'aide financière de 100 000 à un million de dollars. Mon conseil ? Ne jamais hésiter à se renseigner sur les programmes qui existent puisque des changements pourraient y avoir été apportés, rendant ainsi votre projet plus attrayant. »

Saisir l'opportunité

Pour Sandrine Tremblay, coprésidente de Kolostat-Krome, il ne fait aucun doute que les propriétaires ou gestionnaires d'immeubles ont tout à gagner en profitant des appuis financiers qui sont à leur portée. « Cela peut carrément faire une différence entre la décision d'aller de l'avant ou pas tant les sommes peuvent être importantes, indique-t-elle. De plus, les programmes de subvention sont névralgiques pour nous amener tous ensemble à travailler dans une même direction, ce qui est essentiel pour atteindre collectivement nos ambitieux objectifs. »

Christian Lemieux opine. « En combinant les différents programmes d'aide financière qui sont offerts pour un même projet, selon les programmes et les critères des différentes subventions, il sera possible de financer entre 30 et 75 % de la dépense. Cela se traduit entre 10 000 et cinq millions de dollars en aide financière pour le secteur commercial, voire davantage selon le coût du projet.

« Et pour le secteur industriel, poursuit-il, les montants sont encore plus importants, pouvant atteindre les quarante millions de dollars en combinant les différents programmes. Il serait dommage de se priver de ces opportunités, sachant que les taux d'intérêt actuels pour les prêts peuvent décourager la mise en œuvre de bon nombre de chantiers. »

Les deux experts sont unanimes : le recours à des appuis financiers peut sans contredit contribuer à optimiser le rendement d’un investissement d'un projet. Un projet de rénovation majeur en efficacité énergétique et en décarbonation entrepris récemment en est un bon exemple. D'une valeur de six millions de dollars, il a été possible d'obtenir 2,6 millions en aide financière, soit l'équivalent de 45 % de la somme totale uniquement avec les programmes existants en plus d'avoir permis de réduire les GES d'environ 75 %. Qui plus est, l'aide financière dans ce cadre aura aussi permis de réduire la période de recouvrement de son investissement à moins de 10 ans.

Marche à suivre

Christian Lemieux le répète : on ne saurait trop souligner la nécessité de se renseigner sur les programmes existants. « Il y a un effort à faire, car il y en a une panoplie. Par la suite, il s'agira de déposer la demande avant les travaux pour garantir au demandeur que son projet est admissible à l'aide financière avant qu'il n'engage des dépenses. Cela évitera de bien mauvaises surprises. Puis, il faudra obtenir les pièces justificatives en prévision des documents qu'on devra déposer pour recevoir les paiements. »

« Et surtout, ne pas hésiter à faire appel à un professionnel, renchérit Sandrine Tremblay. Puisqu'il convient d'adopter une approche holistique du bâtiment pour passer en revue tout ce qui pourra être amélioré, c'est-à-dire revoir l'ensemble du bâtiment, se fixer un échéancier précis et établir quand et comment s'y prendre pour faire les modifications prescrites, l'aide d'un professionnel est indispensable. »


Cinq grands bénéfices
  • Réduire le fardeau financier pour les entreprises ou les particuliers qui veulent investir en efficacité énergétique.
  • Encourager la rénovation et le remplacement des équipements vétustes.
  • Favoriser l'optimisation de la conception qui permettra d'aller plus loin en matière de décarbonation.
  • Ne plus favoriser le statu quo.
  • Permettre la traçabilité des réductions des gaz à effet de serre avec l'aide d'un bilan des projets réellement mis en œuvre.

 

Trois bons conseils
  • Se renseigner encore et toujours, et ce, particulièrement pour le secteur commercial et industriel. Ne pas hésiter à consulter les représentants des distributeurs d'énergie qui connaissent tout à fait les programmes de leur propre entreprise.
  • S'entourer de professionnels qui pourront faire des calculs précis et crédibles des économies d'énergie et de réduction de GES qui découlent des projets.
  • Ne pas craindre de s'aventurer hors des sentiers battus.