CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
Consulter toutes les chroniques
L’eau utilisée quotidiennement par les appareils résidentiels représente 215 litres par personne au Canada. En y ajoutant les secteurs industriel, commercial et institutionnel, on fait passer cette quantité d’eau à traiter à 485 litres par personne1.
Vous connaissez les 3 R : Réduire, Réutiliser, Recycler. Depuis plusieurs années, Réduire est en bonne voie de développement : nos toilettes n’ont jamais été aussi économes en eau et les douches et robinets à consommation réduite sont disponibles. Réutiliser et Recycler l’eau: c’est là que ça se complique pour nos bâtiments…
En chauffage et en climatisation, le bilan est généralement bon : sur la majorité des systèmes, l’eau est circulée dans une boucle fermée et des équipements de filtration sont là pour garder cette eau propre afin d’éviter les dommages aux équipements et réduire les purges complètes de systèmes.
Par contre, certains climatiseurs fonctionnent à l’eau potable et sont maintenant interdits depuis janvier 2018 sur le territoire de la ville de Montréal, à moins de faire partie d’une des exceptions2. Ce genre de système utilise le débit d’eau relativement froide de la ville sur le condenseur afin de rejeter la chaleur efficacement. En plus de renvoyer de l’eau encore propre vers nos centres d’épuration, les climatiseurs sont utilisés quand il fait chaud et notamment dans les mêmes périodes que les pénuries d’eau : c’est donc un gaspillage délibéré de nos réserves. Un même règlement pour la ville de Québec est annoncé, mais avec une date limite d’implantation prévue au 1er janvier 2024.
Côté rejets, les réseaux de récupération des eaux usées ne sont pas tous performants. Oui, la grande majorité est envoyée vers une station d’épuration (avec des périodes d’exceptions3), mais on sous-estime souvent cette quantité d’eau et le cout de ces opérations. La station d’épuration d’eaux usées Jean-R.-Marcotte à Montréal est d’ailleurs la troisième plus grande au monde4. Si nous pouvons au moins réduire la quantité que nous acheminons à ses stations, nous aurions moins de couts d’exploitation à prévoir dans les budgets de nos municipalités.
Comment réduire cette quantité? En ne la rejetant pas! Par exemple, l’eau qui sort des abreuvoirs, on la boit ou on la jette directement au drain. Cette dernière est donc parfaitement propre. Pourquoi ne pas l’envoyer vers un réservoir local pour arroser plantes, jardins ou murs végétaux plutôt que de la renvoyer faire le grand tour dans notre réseau d’égouts? Les autres appareils comme les lavabos, les éviers, les bains ou les douches pourraient aussi être utilisés pour remplir ces réservoirs, mais comme ils ont plus de contaminants (nourriture, savon, etc.), il faudrait aussi ajouter un système de filtration, qui peut être très couteux.
Ce texte est donc un début de réflexion sur nos méthodes de rejets de l’eau, notre rapport à sa consommation et au gaspillage de celle-ci. Bonne réflexion!
* L’auteur est est spécialiste en ingénierie d’application chez Armstrong Fluid Technologies et bénévole au comité des communications de Bâtiment durable Québec