CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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L’heure est à la création d’environnements d’exception pour transformer les milieux de travail.
Comme le notent Ethan Bernstein et Ben Waber[1], respectivement professeur à la Harvard Business School et chercheur invité au MIT Media Lab, il n'a jamais été aussi facile de collaborer, du moins en apparence. Les environnements de travail ouverts et décloisonnés, la messagerie et les logiciels de collaboration virtuelle nous rendent théoriquement tous plus accessibles.
Pourtant, les conclusions de récents travaux de recherche suggèrent plutôt le contraire, montrant que les milieux de travail sont le lieu de moins en moins d'interactions constructives et significatives. Selon les auteurs, cela peut s’expliquer par le fait que les projets d’aménagements sont souvent planifiés et réalisés sur la base d’hypothèses dépassées ou erronées en ce qui a trait aux comportements et aux besoins réels des employés.
Équilibre
Dans un contexte caractérisé par le travail hybride, l’objectif premier des organisations devrait être de proposer à leur personnel la meilleure expérience possible lorsqu’il se rend au bureau, généralement deux ou trois jours par semaine. Comme l’ont montré les travaux du groupe mené par Lisanne Bergefurt[2], la qualité de l’expérience offerte et la capacité du milieu de travail à soutenir une variété d'activités influencent significativement le choix de demeurer à la maison ou de se déplacer au bureau.
Plus spécifiquement, l'étude a révélé que les employés mesuraient principalement leur niveau de productivité en fonction des tâches de concentration individuelles complétées plutôt que des activités collaboratives réalisées. De ce fait, lorsqu’ils travaillent en toute quiétude à domicile, les membres du personnel ont tendance à percevoir leur productivité comme égale ou supérieure à celle qu’ils ont l’impression de pouvoir atteindre au bureau, dans une ambiance souvent moins propice à la concentration.
Ainsi, pour espérer maximiser la productivité tout en favorisant le sentiment du devoir accompli en présentiel, les organisations ont avantage à déployer des aménagements équilibrés, offrant des espaces et les outils pour collaborer, mais aussi une réelle opportunité de réaliser des activités de concentration.
Environnements d’exception
Dans leur plus récente publication, l’équipe de Leesman[3] parle de l’importance de proposer des « environnements de travail exceptionnels », soit des lieux qui transcendent les standards moyens et qui ont le potentiel d’offrir une expérience supérieure. Selon eux, pour atteindre cet idéal, un milieu de travail doit entre autres :
- Fournir des salles silencieuses et des espaces réservés aux tâches individuelles (ou en petits groupes) pour répondre aux besoins de concentration et de confidentialité des occupants;
- Offrir des espaces propices aux interactions informelles et à la collaboration créative pour favoriser un renforcement du sentiment de communauté et du tissu social de l’organisation;
- Être attrayants, en misant sur l’intégration de végétation et de lumière naturelle et en accordant une attention particulière aux aires de détente;
Alors que plusieurs organisations songent à reconfigurer leurs espaces afin d’en optimiser la performance et/ou de réduire les superficies occupées, il est tentant d’agir avec empressement. Pour espérer répondre adéquatement aux besoins des usagers, il importe toutefois d’approcher ces projets avec une vision holistique et de prendre le temps de planifier avec rigueur.
*L’auteur est associé, directeur avant-garde et chargé de projet chez Coarchitecture, stratégiste du milieu de travail et spécialiste du confort de l’occupant, formateur à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval et pour Formations Infopresse, ainsi que bénévole pour Bâtiment durable Québec.