CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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La réduction de la consommation d’eau potable des bâtiments n’est plus une option, elle s’impose.
L’eau est sans contredit un enjeu vital de notre siècle et sa conservation, une priorité nationale, comme en fait foi la nouvelle Stratégie québécoise d’économie d’eau potable 2019-2025 publiée le 22 mars 2019. On y apprend notamment que la stratégie précédente (2011-2017) a permis de diminuer de 26 % la quantité d’eau moyenne distribuée par personne et par jour depuis 2001, grâce aux actions entreprises dans plus de 600 municipalités, dont la mise en place d’une Règlementation sur l’utilisation de l’eau potable, la production d’un Bilan à l’usage de l’eau et l’installation de compteurs d’eau dans plus de 90 % des immeubles non résidentiels.
En s’appuyant sur ces acquis, la nouvelle stratégie à horizon 2025 vise une réduction additionnelle de 20 % par rapport à l’année 2015. Pour y arriver, elle repose essentiellement sur la participation active des municipalités, qui devront prévoir la mise en place d’une tarification adéquate des services d’eau, et ce, sur une base volumétrique.
LEED v4 : des exigences à la hauteur des nouveaux défis
Il ne fait plus aucun doute que les bâtiments devront se doter de stratégies concrètes de réduction de la consommation d’eau potable qui pourront désormais être évaluées sur la base de leur rentabilité, à l’instar des mesures d’efficacité énergétique.
Cet impératif est d’ailleurs fortement souligné dans le système d’évaluation LEED v4, qui s’accompagne de trois prérequis dans la catégorie Gestion efficace de l’eau, soit : (1) Réduction de la consommation d’eau à l’extérieur, (2) Réduction de la consommation d’eau à l’intérieur, (3) Mesurage de l’eau à l’échelle du bâtiment. Les gestionnaires devront donc s’efforcer d’intégrer des stratégies de réduction à la source, de captation ou de revalorisation pour se conformer.
Priorité numéro un : la réduction à la source
Parmi les stratégies les plus importantes, notons la réduction à la source, qui consiste à réduire la quantité d’eau consommée par l’installation d’une plomberie plus performante. Le programme le plus reconnu en ce sens, WaterSense, est géré par l’agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis.
Les produits qui sont homologués par le programme ont fait leurs preuves en termes d'économies d’eau et d’énergie. Ainsi, pour les projets de rénovation, il est de mise de prioriser l’installation de toilettes, robinets, aérateurs, urinoirs, pommes de douche et adoucisseurs d’eau homologués WaterSense. Il est également possible d’ajouter des aérateurs sur les robinets existants.
La captation, une méthode qui remonte à la nuit des temps
La récupération de l’eau de pluie peut également servir de méthode afin de réduire la consommation d’eau potable dans les bâtiments et constitue une façon de faire acceptable pour LEED.
L’eau de pluie présente de très bonnes propriétés. Claire, propre, facile à filtrer et à entreposer, elle est également exempte de minéraux, de métaux lourds et de produits chimiques. Il existe plusieurs systèmes ne requérant pas d’eau potable, tels que l’alimentation de la chasse des toilettes, l’irrigation extérieure, le lavage des véhicules, l’entretien ménager et de multiples applications industrielles. De plus, les réservoirs souterrains ou installés à l’intérieur d’un bâtiment permettent l’utilisation de l’eau été comme hiver.
La revalorisation, pour ceux qui n’ont pas peur des défis
Par ailleurs, il existe sur le marché des appareils pour recycler les eaux grises, les eaux usées mixtes et même les eaux industrielles. Ces systèmes peuvent utiliser des procédés physiques, chimiques, biologiques ou une combinaison de ceux-ci.
Tout comme l’eau de pluie, l’eau recyclée est toujours considérée comme non potable. Les technologies disponibles sur le marché permettent de générer des eaux recyclées de haute qualité sans couleur ni odeur et conformes aux exigences de la règlementation en vigueur.
Conclusion
La Stratégie québécoise a permis en l’espace de quelques années de réduire drastiquement la quantité d’eau distribuée par personne par jour par rapport à 2001. La nouvelle version nous incite collectivement à en faire davantage pour préserver notre ressource en fixant des objectifs plus élevés, mais surtout, en envisageant une tarification volumétrique pour notre consommation. Car oui, les services d’eau ont un cout dont il faut tenir compte pour assurer la pérennité de nos infrastructures et se préparer aux incidences des changements climatiques.
*L’auteur est coordonnateur de projets, Stratégies durables chez Lemay, et collaborateur du comité des communications du CBDCa-Qc