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22 novembre 2022
Par Jean-David Duchesne*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Est-ce vraiment possible et souhaitable d'éliminer le CO2 dans nos bâtiments ? En climatisation, c’est pourtant le CO2 qui va nous aider à réduire les effets sur le climat. 

L’ammoniac (R717) fait partie des réfrigérants naturels, mais est extrêmement toxique pour les humains et les animaux, étant asséchant pour les muqueuses (yeux, nez, bouche et poumons) et mortel, lorsque inhalé en grande quantité. Certains arénas utilisent ces systèmes, mais les mesures de sécurité sont extrêmement strictes pour protéger les occupants. Même en cas de décharge, son odeur est facilement détectable et désagréable, permettant de s’éloigner du danger.

La toxicité de l’ammoniac m’amène au prochain type : les réfrigérants CFC. Ces gaz étaient très populaires, étant donné leurs avantages : ils sont entre autres non toxiques, peu couteux à fabriquer et non combustibles. Le problème, c’est qu’ils sont extrêmement dommageables pour la couche d’ozone, d’où leur interdiction lors du Protocole de Montréal en 1987. La fin de l’importation et de la fabrication de la majorité des CFC aux États-Unis s’est faite en 1996[1].

Il en est de même pour les HCFC, qui devront aussi être remplacés d’ici les prochaines années. L’un des plus connus est le R-22, souvent connu sous le nom « Freon », mais d’autres exemples populaires sont les R-401A, R-402A, R-408A, R-409A, R-414B, et R-502A. Encore, la fin d’importation et production de ces gaz se situe entre 2004 et 2030[2].

Mais le CO2, ce n’est pas polluant? Oui… mais non! Lorsque utilisé en réfrigération, le CO2 se nomme R744, et dans un monde idéal, ne se retrouvera jamais dans l’atmosphère puisque la majeure partie des émissions de gaz se produit à la fin de vie des appareils, en raison d’un mauvais état de ceux-ci ou des conduites, de mauvaises manipulations ou encore d’une collision. Tous les systèmes de réfrigération fonctionnent en réseau fermé et ne font donc presque pas d’émissions lors du fonctionnement, puisque le gaz ne fait que se déplacer dans les composantes sans jamais quitter ce réseau.

Le CO2 (dioxyde de carbone) étant la référence en matière de potentiel de réchauffement, son indice GWP (Global Warming Potential) est de 1. Pour donner un exemple, le R-32 n’est pas dangereux pour la couche d’ozone, mais il est 704 fois plus dommageable côté réchauffement climatique que le CO2. Le R-23 (fréon) est indiqué comme 12 500 fois potentiellement plus dangereux que le CO2 et il est extrêmement dommageable pour la couche d’ozone. Une petite note importante : le GWP indique un potentiel de réchauffement et non une valeur exacte, mais indique raisonnablement la proportion d’effet sur l’environnement[3] . Donc, lors d’un rejet accidentel, il est préférable que ce soit du CO2, plutôt qu’un CFC ou un HCFC.

Mais si c’est moins polluant, pourquoi ne pas l’avoir utilisé massivement?  La réponse principale est le cout plus important des équipements centraux par rapport à ceux utilisés avec d’autres réfrigérants, donnant l’image d’un cout global plus élevé. Mais les conduites de réfrigérant étant plus petites, les prix totaux peuvent être similaires. Des détails plus techniques sont à prévoir par rapport à la conception et aux entretiens[4], mais les professionnels sont là pour cela.

En résumé, ce n’est pas notre utilisation du dioxyde de carbone qui doit être réduite, mais les rejets directs et indirects de celui-ci dans l’atmosphère. Soyons donc plus efficaces avec notre CO2 et souhaitons-nous des réfrigérants plus naturels dans un futur proche!

 


*L’auteur travaille au département des Ventes internes chez HTS Engineering (Ottawa), il est formé en mécanique du bâtiment et membre du comité des communications de Bâtiment durable Québec.