Sabrer dans sa facture énergétique sans pour autant compromettre le confort des usagers. Voilà le défi qui a été relevé aux installations du concessionnaire Nissan de Sorel-Tracy, mesurage à l’appui.
En 2005, Yves Ayotte, concessionnaire Nissan de Sorel-Tracy, visait à se doter d’un nouveau bâtiment avec des solutions éconergétiques qui assureraient également un excellent confort à son personnel. Ceci grâce à un système géothermique qui, été comme hiver, maintiendrait une chaleur constante et agréable sur l’ensemble des 10 000 pieds carrés de surface occupés par le bâtiment, dans les bureaux, dans la salle d’exposition, comme dans la section garage.
Il a ainsi fait appel, début 2006, à Concept R pour effectuer une étude de faisabilité. « On s’est donné pour objectif global de réduire la consommation énergétique du nouveau bâtiment de 50 % par rapport à ce que recommande le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments. Pour cela, il a fallu faire des choix sur les systèmes éconergétiques qui allaient répondre à nos objectifs tout en respectant les contraintes budgétaires », précise Ronald Gagnon, président de cette firme locale de génie-conseil.
Les travaux ont démarré en mars 2006 et se sont étalés sur huit mois. D’emblée, la possibilité de réaliser un projet en conformité avec les exigences du système d’évaluation LEED avait été écartée. Il aurait fallu, dans ce cas, appliquer une série de mesures telles que le traitement des eaux de ruissellement ou encore la disposition des débris de l’ancien bâtiment qui s’élevait sur le site et qu’il a fallu au préalable démolir. « Tout cela aurait alourdi considérablement la facture sans apport significatif à l’atteinte des résultats énergétiques que M. Ayotte et moi nous nous sommes fixés au départ », indique Ronald Gagnon.
Ils en sont arrivés rapidement à la conclusion qu’ils ne pourraient atteindre leur cible sans opter pour la géothermie. « La géothermie nous a permis d’atteindre notre second objectif, soit déployer à la grandeur du bâtiment un plancher radiant qui garantit un confort thermique idéal pour notre personnel tout au long de l’année », note Yves Ayotte.
Le système géothermique de l’édifice (de type eau-eau) permet, grâce à ses deux thermopompes couplées à son réseau de conduits dans les dalles et un ensemble de ventilo-convecteurs, de contrôler toute l’année la température ambiante. Notamment en injectant cette énergie dans le plancher radiant. L’été, le procédé s’inverse faisant du plancher radiant un atout pour la climatisation de l’ensemble du bâtiment. Le tout en puisant ou rejetant l’énergie requise dans un parc de 5 puits géothermiques de 525 pieds de profondeur chacun. La température du sol stable autour de 9oC à l’année permet de réaliser cet exercice.
Selon Ronald Gagnon, l’approche utilisée était tout indiquée pour ce type d’édifice. « Il faut voir la géothermie comme un système énergétique intelligent, indique-t-il. Dans un bâtiment qui comporte en particulier une salle d’exposition de grande hauteur, les systèmes conventionnels s’avèrent très énergivores en plus d’être peu performants parce que, généralement installés au plafond, ils se trouvent à chauffer inutilement la partie supérieure de la pièce. »
Mesures additionnelles
Afin d’optimiser la performance énergétique du bâtiment, Ronald Gagnon a également opté pour des solutions qui augmentent l’isolation du bâtiment, comme le recours à des fenêtres performantes dotées également d’un vitrage performant et l’utilisation de composition de murs réunissant de la laine minérale, de l’uréthane et du polystyrène. De plus, les appareils sanitaires dans les toilettes et aux lavabos sont tous à débit réduit, incluant des urinoirs sans eau.
Quant à l’éclairage, il fait appel à des luminaires fluorescents T5HO particulièrement efficaces couplés de détecteurs de mouvement qui éteignent automatiquement les lumières lorsque personne n’est présent dans la pièce, en plus de moduler son intensité en fonction de la luminosité naturelle en provenance de l’extérieur.
Yves Ayotte souligne qu’à la lumière des résultats d’exploitation, l’essentiel des objectifs ont été atteints. « Les chiffres sont éloquents, déclare-t-il. Comparé à mes deux autres établissements, pour chauffer des volumes équivalents, je réalise une économie de 55 % environ sur ma facture énergétique, soit plus de 15 000 dollars chaque année. »
Ce dernier évalue qu’il en a coûté près de 150 000 dollars supplémentaires pour se doter d’un bâtiment aussi performant sur le plan énergétique. « Si je déduis les subventions, essentiellement celles d’Hydro-Québec, j’en suis plutôt à 100 000 dollars. J’espérais débourser moins, mais le sol a révélé une mauvaise surprise de dernière minute et il a fallu installer beaucoup plus de chemisage sur les puits géothermiques, ce qui a contribué à alourdir la facture. Finalement, je devrais recouvrer mon investissement dans huit ans, mais à ce prix j’ai l’usage d’un bâtiment aux qualités inégalées. »
En plus de l’économie énergétique, le nouveau bâtiment a un autre un impact positif sur l’environnement puisqu’il permet annuellement une réduction des rejets de gaz à effet de serre que Ronald Gagnon évalue à 51,2 tonnes en comparaison d’un immeuble de même nature conçu de manière conventionnelle.