Čoarvemátta : une ode architecturale au peuple des Samis

Tout débute en 2021, lorsqu’un concours d’architecture est lancé dans le but d’imaginer un nouveau théâtre et une école Sami. C’est la proposition des firmes d’architecture Snøhetta, 70°N arkitektur et de l’artiste Joar Nango qui en ressortira gagnante.

« L’objectif principal du projet était de réunir le théâtre national Sami et l’école secondaire Sami sous un même toit afin de créer une collaboration, tout en concevant un lieu de rencontre axé sur les traditions et la culture Sami », décrit Bård Stangnes, architecte principal chez Snøhetta ayant agi comme chef de projet sur le Čoarvemátta, par courriel.

Le projet commence à se concrétiser au printemps 2022, période marquant le début de sa construction. Après deux ans de travaux, le Čoarvemátta, qui signifie « corne et racine » en langage Sami, naîtra au printemps 2024, à Kautokeino, petite commune norvégienne peuplée par près de 3 000 habitants.

Complexité

Le bâtiment, qui prend une forme ramifiée, se fond dans le paysage nordique, avec des proportions qui s’harmonisent aux collines situées dans les alentours. Les côtés nord et sud du toit sont en pente.

Le Čoarvemátta s’étend dans trois directions. Les trois ailes de l’édifice se consacrent chacune aux activités des différentes institutions qui y sont abritées, soit celles du Sámi Joatkkaskuvla ja Boazodoalloskuvla, qui est une école pour l’élevage de rennes, du Sámi allaskuvla, l’école secondaire Sami, et du Beaivvas Sámi Teahter, théâtre national Sami.

De nombreux espaces se partagent la superficie de près de 7 000 mètres carrés du bâtiment aux vocations culturelle et éducative. Par exemple, des salles de théâtre, de répétition, de sport, des classes et un abattoir s’y retrouvent, indique M. Stangnes.

Puis, au centre de l’édifice, se situent l’entrée principale et le vestibule, créant ainsi un point de rencontre et de connexion entre les différents établissements.

En raison de la forme « quelque peu inhabituelle » du bâtiment, des défis ont été rencontrés durant sa conception, d’après Bård Stangnes. « La conception compacte et le programme complexe du projet ont posé un défi pour la coordination. Pour la forme du bâtiment, cela a nécessité une réflexion supplémentaire sur la manière dont il est détaillé, modélisé et construit », explique-t-il brièvement.

Visée écologique

Le Čoarvemátta a été érigé selon les critères norvégiens de Passivhaus NS 3701, tout en respectant les exigences environnementales de Statsbygg, commissaire à la construction du gouvernement norvégien, précise M. Stangnes.

Ces critères portaient sur des éléments variés tels que le choix des matériaux, comme du béton à faible émission de carbone, les émissions liées aux matériaux et aux travaux, la gestion du recyclage pendant le chantier, l’isolation et les normes Passivhaus, illustre l’architecte.

Par rapport aux matériaux utilisés, le bois a d’ailleurs été un acteur clé. Par exemple, un bardage de bois de pin minerai s’étend sur la façade de l’édifice. Puis, le toit, d’une superficie de 4 930 mètres carrés, est recouvert de bois Kebony. Développé par une entreprise norvégienne éponyme, ce bois est modifié à l’aide de l’alcool furfurylique. Ce traitement permet donc d’épaissir ses parois cellulaires afin de rendre le bois plus durable.

Le Čoarvemátta est également doté de 40 puits géothermiques qui viennent alimenter ses deux thermopompes. Grâce à ceux-ci, il parvient donc à combler 90 % de ses besoins écoénergétiques. Lors des jours plus glaciaux, une chaudière électrique vient aussi s’activer.

Sources : ArchDaily et Snøhetta