Aller au contenu principal
x

Canopia : un modèle français de transformation urbaine durable

3 janvier 2025
Par Marianne Roberge

Avec son ambition écologique hors norme, son design visionnaire et l’impact positif que ses artisans souhaitent créer sur la ville, le quartier mixte Canopia redéfinit, au cœur de Bordeaux, les standards de la construction durable et du développement urbain.

Considéré comme la plus grande opération de requalification urbaine en France portée par un acteur privé unique, ce projet ambitieux s’étend sur près de quatre hectares, reliant la gare Saint-Jean aux berges de la Garonne par une percée verte de 600 mètres qui débouchera sur le plus grand parc de la rive gauche au bord de la Garonne.

L’intention ? Transformer, d’ici 2027, ce secteur urbain dégradé, en un tout nouveau quartier animé et vertueux visant une véritable mixité fonctionnelle, où se marieront harmonieusement logements, bureaux, hôtels, services et commerces, tout en anticipant les nouveaux usages entourant mobilité, modes de vie et de travail et exigences environnementales futures.

Venant compléter la métamorphose du quartier Saint-Jean Descas, le projet est intégralement conçu pour s’inscrire dans le patrimoine bordelais, lutter contre les effets du réchauffement climatique et, ainsi, répondre à la fois aux objectifs de réduction des émissions carbone et de l’artificialisation nette d’ici à 2050.

Au cœur de la ville de pierre, Canopia viendra ainsi créer une nouvelle centralité alliant bien-être citadin et hyper-mixité !

Canopia, nouvelle porte d’entrée de Bordeaux

Mais d’abord, Cano…quoi ? Inspiré par la canopée, habitat riche de biodiversité et poumon de la forêt, le nom de Canopia est l’expression de deux caractéristiques fortes de ce projet : une végétalisation abondante qui créera un îlot de fraîcheur dans la ville et une programmation foisonnante, mixte et variée, créatrice d’un écosystème riche et inspirant.

Côté vie de quartier, Canopia constituera un lieu vivant réunissant le meilleur de la rue commerçante, véritable pôle d’attraction animé dans le cœur de Bordeaux, comprenant 13 000 m² d’espaces extérieurs, 30 000 m² de commerces, 15 000 m² de restauration et loisirs, 6 600 m² de bureaux, 12 000 m² d’hôtellerie, 6 400 m² de logements et six toits-terrasses.

Le projet constitue le point d’orgue de la transformation du quartier de la gare Saint-Jean, annoncé comme l’un des futurs grands hubs européens de mobilité décarbonée, dont les flux vont doubler d’ici 2040 pour approcher les 40 millions de voyageurs annuels avec l’arrivée de quatre lignes de RER métropolitain, de deux nouvelles lignes de bus à haut niveau de service, et le prolongement du TGV jusqu’à Toulouse.

La livraison de l’ensemble du projet est prévue pour 2027.

La nature s’invite au cœur de Bordeaux

Canopia, c’est d’abord un projet urbain souhaitant reconnecter la gare Saint-Jean à la ville de Bordeaux tout en répondant aux enjeux de son époque.

L’architecture du projet déploie un geste fort dans cette direction avec le développement d’espaces publics généreux et la création d’une rue-parc piétonne de 600 mètres de longueur, connectée aux quartiers environnants par des ruelles et ponctuée de placettes et d’espaces libres à la végétation abondante.

Nouvel îlot de fraîcheur pour la ville, ce nouvel axe végétalisé de belle largeur viendra relier la gare au fleuve de la Garonne, à ses berges, dont l’aménagement sera d’ailleurs poursuivi avec la création d’un parc de deux hectares, et à la lune du nouveau Bordeaux.

Canopée végétale dans la ville durable

Inventant de nouvelles façons de faire entrer la nature en ville, la conception de Canopia intègre les principes du bioclimatisme pour assurer le confort des usagers au travers trois axes structurants du projet : l’hypervégétalisation, l’hyperperméabilité des sols et le retour à la présence de l’eau dans la ville.

Bien plus qu’une simple artère arborée, la nouvelle rue-parc est pensée en conséquence. D’abord, son sol recevra le plus de plantations possible, à commencer par les arbres; chaque bâtiment étant conçu pour avoir une vue sur un arbre. Leur rôle est d’assurer un rafraîchissement de l’air par l’évapotranspiration des feuillages, effet bénéfique contribuant à relever les enjeux du réchauffement climatique.

Canopia arborera des façades végétales plantées en pleine terre, au pied de chaque immeuble. Les balcons, ainsi que tous les interstices des immeubles, seront également plantés. Dans la toiture des terrasses habitées, des fosses profondes seront aménagées pour recevoir de grands sujets.

L’hyperperméabilité et l’apport de l’eau jouent un rôle essentiel dans cet écosystème, puisque les rejets des eaux de pluie seront conduits pour s’infiltrer ensuite dans le sol. Les voiries lourdes comme légères seront, elles aussi, perméables. De fines flaques d’eau, des microruisseaux, des fontaines et des jeux de brumisation seront mis en place pour constituer un nouvel espace public confortable lors de températures extrêmes, de plus en plus fréquentes à Bordeaux.

Le parc Descas, situé au débouché du pont Saint-Jean, sera quant à lui un véritable poumon vert pour le quartier et un nouvel espace de promenade et de détente bienvenu pour les Bordelais. Les anciennes voies d’accès au pont seront détruites, permettant ainsi une meilleure absorption des sols et offrant aux habitants des lieux un accès plus naturel et depuis longtemps rêvé au fleuve. L’espace intégrera, de plus, 1200 m² de ferme et de jardins associatifs.

Grâce à la présence abondante du végétal en pleine terre et de l’eau sous différentes formes, le quartier sera ainsi un contrepoint vert et frais soulignant la minérale beauté des façades de pierre blonde typique de Bordeaux.

Un quartier vert mariant innovation et patrimoine bordelais

Mêlant habilement patrimoine haussmannien et conception contemporaine, la vision derrière le projet est de créer un quartier harmonieux ancré dans l’histoire de Bordeaux, un trait d’union respectueux et cohérent entre l’histoire architecturale bordelaise et les nouvelles constructions.

Intégré au périmètre UNESCO, le lieu respectera donc scrupuleusement les codes architecturaux du centre historique avec ses hauteurs, formes et dimensions distinctives et une architecture de pierre inspirée des traditionnels cours bordelais, tout en les réinventant avec l’introduction d’éléments modernes.

Dans une interprétation contemporaine du style haussmannien, l’architecture de Canopia viendra donc jouer avec les volumes, surélevant certains bâtiments avec des structures en bois, et ajouter des touches végétales et de verre, apportant au quartier une dimension actuelle, organique et vivante.

La pierre de taille, emblématique de la région, s’impose comme matériau phare du projet. Parfaitement traçable, en plus d’être biosourcée et présente en abondance, elle est omniprésente dans les nouvelles constructions, affirmant ainsi une identité locale forte et conférant au nouveau quartier une continuité visuelle avec le centre-ville bordelais, une impression d’avoir toujours été là.

La minéralité du secteur tend toutefois à accentuer l’impact des changements climatiques. Canopia a donc pour vocation de s’intégrer dans la ville dans une logique de respect de l’ADN bordelais, oui, mais aussi d'innovation, notamment face aux enjeux environnementaux.

Dans cet esprit, on prévoit recycler soigneusement et réutiliser près de 1000 tonnes de pierre de taille et de matériaux issus des déconstructions, qui pourront ensuite être intégrés aux nouvelles constructions.

Quelque 6800 m² de façades d’immeubles existants en pierre seront par ailleurs conservées, réutilisées ou déplacées. Afin de privilégier les ressources locales dans la construction, on conservera les façades dites « remarquables » existantes sur site, en les combinant au verre, au bois ou au zinc.

Quant aux façades qui ne présentent pas de valeur patrimoniale et aux constructions démolies, elles verront pour leur part leurs matériaux recyclés et ensachés dans des gabions afin d’être réemployés comme matériaux de façades pour certaines constructions nouvelles.

Réel hommage au patrimoine local, il est intéressant de mentionner que ce projet est aussi un défi car, le savoir-faire constructif en pierre se raréfiant, c’est toute une réappropriation des compétences associées qui est faite par l’équipe de conception.

Coconception et adaptabilité

Pour s’assurer du succès d’un projet d’une telle envergure, le promoteur Apsys a veillé à le coconstruire avec les forces vives locales, établissant un dialogue constructif avec les différents acteurs du territoire, incluant les usagers et les collectivités locales impliquées.

La mise en œuvre de méthodes partenariales et cette riche collaboration faite d’échanges réguliers entre les différentes parties prenantes permettront de donner vie à un projet urbain à la fois évolutif, puissant et pertinent dans la durée puisqu’il sera réellement ajusté aux attentes et aux besoins des différents publics et adapté aux évolutions sociétales et environnementales.

Mixité et mobilité douce : l’art du temps retrouvé

Parce que gagner en qualité de vie, c’est aussi retrouver du temps pour soi. L’objectif de Canopia est d’offrir aux usagers tout ce dont ils ont besoin à l’échelle du quartier, d’où le choix de favoriser les mobilités douces avec, notamment, des places de vélos en grand nombre et de tout type de format (électriques, cargos, etc.), un atelier de réparation de vélos et une station multiénergie.

Dans ce quartier humain, des places ponctuent les espaces, ouvrent les perspectives et favorisent le lien social et l’émergence de nouveaux usages. L’hypermixité au cœur de l’approche de Canopia prévoit une programmation permettant de retrouver dans le quartier toutes les fonctions qui font la ville : habiter, travailler, consommer, se restaurer, s’amuser.

Une nouvelle référence

Conçu pour se positionner comme un modèle de transformation urbaine durable et associant innovation, design et respect de l’environnement, Canopia constitue une vitrine qui pourrait bien inspirer l’avenir des villes du monde entier.

Les promoteurs du projet ambitionnent d’ailleurs les meilleurs scores dans les labels et certifications comme BREEAM Communities, BiodiverCity, NF Habitat HQE, EcoJardin et E+C-.

Mixant engagements environnementaux ambitieux incarnant la ville de demain, choix architecturaux cohérents et pratiques audacieuses en matière de construction et de gestion des espaces, les créateurs de ce quartier français sont indéniablement en mesure d’inspirer les pratiques de construction urbaine. Ce qui pourrait non seulement aider à réduire l’empreinte carbone de l’industrie, mais aussi favoriser une architecture résiliente et durable pour les générations futures.

Sources : Apsys, Ville de Bordeaux, Bouger à Bordeaux, 20minutes.fr

Équipe de projet
  • Promoteur et aménageur : Apsys (en partenariat avec l’EPA Bordeaux Euratlantique)
  • Architecture : Maison Édouard François
  • Paysagisme : Michel Desvignes

Partis pris environnementaux du projet

  • Respecter le « déjà là » : proposer de nouveaux usages en s’appuyant sur l’existant, pour un projet respectueux du patrimoine.
  • Rafraîchir la ville : faire du quartier un îlot de fraîcheur et favoriser la qualité de l’air et le bien-être de chacun grâce à une végétation abondante associée à la présence de l’eau.
  • Bouger moins, bouger mieux : un quartier s’apaisant à la faveur d’une mobilité raisonnée, d’un aménagement favorisant la proximité et du développement des déplacements alternatifs à la voiture.
  • Faire de l’espace public le lieu de toutes les sociabilités : tirer le meilleur parti des vides et des interstices du quartier pour créer des espaces de vie propices aux rencontres et aux échanges.
  • Réemployer intelligemment, construire bas carbone : transformer le quartier en privilégiant le recyclage, le réemploi des matériaux et le trio vertueux pour une empreinte carbone allégée : économiser les ressources, valoriser le patrimoine existant et produire moins de déchets.
Initiatives durables
  • Matériaux : recyclage, revalorisation ou réemploi de 95 % des matériaux de déconstruction.
  • Bioclimatisme : conception bioclimatique des bâtiments et développement d’un système inédit de rafraîchissement des bâtiments connecté au fleuve de la Garonne.
  • Espaces verts :
    • création d’un parc public et d’espaces végétalisés couvrant plusieurs milliers de m², incluant la plantation de plus de 600 arbres et la végétalisation de 9 000 m² de façades ainsi que 4300 m² de toitures;
    • création par l’EPA Bordeaux Euratlantique d’un parc de deux hectares au bord de la Garonne, dans la continuité directe de Canopia, en lieu et place d’un échangeur autoroutier.
  • Bâtiments : prioriser la santé et le bien-être des futurs habitants et occupants grâce à la création de bâtiments confortables, thermiquement et acoustiquement, économes en énergie, et fournissant un cadre de vie agréable.
  • Mobilités douces : quartier conçu pour les mobilités actives (marche et vélo) favorisant une ville sans voitures et prévoyant la création de 1 400 places de stationnement vélo.
  • Énergie et gestion carbone :
    • réduction des émissions grâce à des techniques de construction et une exploitation bas carbone;
    • optimisation des consommations passant par la récupération des eaux pluviales, l’achat d’électricité verte, le comptage d’énergie par coques et la revalorisation des déchets (installation de composteurs biodéchets, avec l’objectif de valorisation des déchets de 80 % minimum).
  • Engagements partagés : pour entraîner tous les utilisateurs de Canopia dans une démarche environnementale consciente et partagée, les engagements environnementaux du projet seront également partagés avec les usagers et enseignes (baux environnementaux, merchandising responsable, charte d’engagements, etc.).