Le nouveau siège social canadien de Schlüter-Systems, un bâtiment durable à haute efficacité énergétique.
Chemin Sainte-Marie, Sainte-Anne-de-Bellevue. Au cœur d’un grand boisé faisant écran à l’autoroute Transcanadienne s’élève le nouveau siège canadien de Schlüter-Systems. D’une superficie de 66 000 pieds carrés, ce bâtiment aura été conçu et construit avec la volonté d’atteindre des standards environnementaux toujours plus élevés.
Spécialisée dans les profilés et les systèmes dédiés à la pose de carrelage, Schlüter visait dès le départ à apposer le sceau LEED-NC sur son nouvel édifice de type industriel léger composé de trois volumes : un bloc de bureaux s’élevant sur trois étages, un atrium central d’une hauteur d’une trentaine de pieds et une aire multifonctionelle comptant deux paliers. La cible, la certification de niveau Or.
Nombre de mesures durables auront été appliquées dans le cadre de ce projet, dont le coût de construction s’établit à 10 de millions de dollars. Lucien Haddad, architecte chargé du projet au sein de la firme montréalaise DCYSA Architecture & Design, en énumère quelques-unes : installation d’une membrane blanche sur la toiture ; large apport de luminosité naturelle par l’entremise de l’atrium et d’une fenestration abondante ; recours à des matériaux présentant un contenu recyclé, par exemple du béton contenant 15 % de cendres volantes ; emploi de produits éconergétiques, comme du vitrage pourvu d’une pellicule Low-E ; gestion serrée des débris de construction sur le chantier, etc.
Le projet aura aussi été l’occasion de sortir des sentiers battus, où d’emprunter des avenues si peu souvent fréquentées. Comme l’illustre l’utilisation d’un mur végétal de 360 pieds carrés, aménagé dans l’atrium, pour filtrer les eaux grises en provenance des lavabos et contribuer à l’humidification de l’air. L’excédent qui n’aura pas été absorbé par les plantes sera retourné à l’égout, mais une fois libéré d’une bonne partie de ses contaminants.
Difficile d’ailleurs de ne pas s’arrêter à l’attention portée à la gestion de l’eau. De dire que l’on vise une réduction de la consommation de 40 %, par rapport à celle d’un bâtiment similaire conventionnel, suffit vite à en prendre la mesure. Parmi les stratégies adoptées pour atteindre cette cible, on relève l’utilisation des eaux de pluie en provenance de la toiture pour alimenter les toilettes, après qu’elles aient été récupérées dans une citerne située sous l’atrium. Un réservoir qui, soulignons-le, sera visible à partir d’un hublot installé dans la dalle.
Le recours à des appareils sanitaires à faible débit, voire sans eau dans le cas des urinoirs, et à détection de présence pour les lavabos est aussi au menu. Fait à noter, tant la chasse des toilettes que la robinetterie seront actionnées par des cellules photovoltaïques plutôt qu’avec des piles, histoire de générer le moins de rebuts possible. Une charge de trois minutes permettra une vingtaine de chasses.
Effets croisés
C’est toutefois sur le plan de l’efficacité énergétique que le bâtiment prendra le plus ses distances des lieux communs. Si toutes les simulations se confirment au stade de l’exploitation, la consommation d’énergie y sera de 60 % moindre que celle d’un même édifice répondant aux normes du Code modèle de l’énergie pour les bâtiments. Même que l’écart pourrait se creuser jusqu’à 65 % ou plus, selon Ronald Gagnon, dont l’entreprise est responsable du génie électromécanique.
Le président de Concept-R ne s’en cache pas : le projet de Schlüter est celui qui, à ce jour, lui a donné l’occasion d’aller le plus loin dans l’application de solutions éconergétiques. « Chose sûre, image-t-il, c’est celui où je me suis gâté le plus sur le plan de l’utilisation de nouvelles technologies et sur celui de l’optimisation de solutions que l’on applique déjà ailleurs. »
Et il ne se fait pas prier pour les énumérer : tunnel canadien, géothermie, planchers radiants à réaction rapide et pleine dalle, mur solaire, capteurs solaires, récupération de la chaleur de l’air évacué, systèmes d’éclairage intérieur et extérieur à haute efficacité, automatisation… Mais il se refuse toutefois à associer la haute performance énergétique du bâtiment au seul design électromécanique. Pour lui, il est clair qu’elle est attribuable au processus de design intégré qui a guidé ce projet depuis ses débuts.
« Le niveau d’efficacité vers lequel on se dirige est attribuable à la mise en commun des expertises de chacun, soutient-il, et aux effets croisés de chacune des mesures adoptées. L’étanchéité de l’enveloppe, par exemple, a permis réduire la taille des équipements mécaniques et d’en réduire les coûts. Tout comme y contribuent les interactions entre les diverses stratégies préconisées pour le chauffage et la climatisation.
« Nous allons donc pouvoir livrer un bâtiment performant, enchaîne-t-il d’un trait, une réalisation qui sera la somme de l’optimisation de toutes les solutions mises en place. Non pas un édifice simplement pourvu de mesures d’efficacité qui, pour moi, ne sont que des compromis. »
Ronald Gagnon calcule que les stratégies éconergétiques appliquées dans le cadre de ce projet s’accompagneront d’un surcoût de quelque 3 %. Et que le client pourra recouvrer son investissement, à même les économies d’énergie, sur une période de sept ans tout au plus. « Ça, c’est avant subventions », prend-il bien soin de préciser en concluant.
Propriétaire Schlüter-Systems
Gestion de projet DAHLTAN inc., Courtier immobilier agréé
Architecture et design DCYSA Architecture & Design
Génie électromécanique et mise en service de base Concept-R
Génie de structure BCA Consultants
Génie civil Teknika HBA
Consultante LEED Lyse M. Tremblay, architecte
Entrepreneur général Broccolini Construction
Entrepreneurs spécialisés
- Mécanique Rojec (plomberie et chauffage)
- Mécanique GR (ventilation et climatisation)
- Électrique Perfection (électricité)
Régulation et contrôles Regulvar
- Réduire de 60 % la consommation énergétique par rapport à celle d’un édifice similaire répondant aux normes du Code modèle de l’énergie pour les bâtiments
- Diminuer de 40 % la consommation d’eau potable par rapport à celle d’un bâtiment conventionnel
- Détourner de l’enfouissement au moins 75 % des déchets de construction
- Utiliser au moins 20 % de matériaux de provenance régionale
- Atteindre un minimum de 15 % de contenu recyclé pour l’ensemble du bâtiment
- Toiture réfléchissante (membrane de PVC blanche)
- Produits et matériaux (adhésifs, peinture…) à faible émissivité de COV
- Mur végétal de 360 pieds carrés pour filtrer les eaux grises des lavabos et humidifier l’air
- Bois certifié FSC
- Citerne de six mètres cubes pour la récupération des eaux de pluie
- Urinoirs sans eau
- Toilettes à faible débit (4,8 litres par chasse) alimentées avec l’eau de pluie récupérée de la toiture
- Chasses de toilette et robinetterie à détection de présence actionnées par des cellules photovoltaïques (temps de recharge de trois minutes)
- Puits de lumière contrôlés par GPS pour optimiser l’éclairage naturel
- Vitrage Low-E avec argon
- Tuiles de céramique certifiées Green Guard
- Aménagement paysager sans irrigation
- Et autres
Tunnel canadien
Tunnel de 200 pieds de long et de 36 pouces de diamètre situé à l’arrière du bâtiment, côté sud ● Recouvert de 6,5 pieds de remblai ● Géothermie passive qui sera utilisée pour préchauffer (possibilité d’y ajouter jusqu’à 7 degrés C) l’air neuf en hiver et le refroidir (possibilité d’y extraire jusqu’à 7 degrés C) au préalable en été.
Géothermie à boucles fermées
Vingt puits à double boucle de 450 pieds de profondeur chacun ● Capacité de 1 101 120 btu/heure en chauffage et de 105 tonnes en climatisation ● Répondra à 100 % des besoins en chauffage et en climatisation.
Thermopompes géothermiques
Dix-huit thermopompes eau-air et une autre eau-eau (pour alimenter les planchers radiants) ● Capacités variant de 2 à 15 tonnes.
Dalles radiantes à réaction rapide
Couvriront le périmètre de chacun des trois étages de bureaux ● Montées sur du BEKOTEC : un panneau de chape à plots (entre lesquels sont insérés les conduits chauffants) recouvert d’un béton léger autonivelant.
Panneaux solaires
Deux capteurs vitrifiés avec échangeur au glycol installés sur la toiture ● Préchaufferont l’eau chaude domestique jusqu’à 120 degrés F.
Mur solaire
Couvre une surface de 1 000 pieds carrés, sur la façade sud ● Préchauffera l’air neuf jusqu’à 20 degrés C en hiver ● Fonctionnera en alternance avec le tunnel canadien, jamais simultanément.
Ventilateur à récupération de chaleur
Échangeur à plaques alternatives où seront inversés le flot d’air neuf et celui d’air évacué (salles de bain, salle de photocopie, conciergerie…) ● Permettra de transférer à l’air entrant jusqu’à 90 % de l’énergie de celui sortant.
Éclairage artificiel
Luminaires à haute performance (tubes T-5, LED, fluocompacts) ● Détection de présence dans les pièces à occupation sporadique, comme les salles de bain ● Fermeture de l’éclairage par balayage après les heures de travail dans les pièces à occupation continue, le tout lié au contrôle d’accès.