Quand l’expression construire dans le respect de l’environnement prend tout son sens : le centre communautaire Pointe-Valaine, à Otterburn Park.
En 2002, un incendie ravageait le vieux bâtiment municipal logeant le Club de canotage d’Otterburn Park. Lorsqu’est venu le temps de le reconstruire, la Ville décida aussi d’y intégrer une fonction communautaire et de réaliser ce projet en se conformant aux principes dictés par la construction durable ainsi que par sa nouvelle politique en matière de développement durable.
Il en est résulté un bâtiment de 950 mètres carrés, intégré harmonieusement à son environnement de la Pointe-Valaine, aux abords de la rivière Richelieu, conçu selon les principes bioclimatiques. « Le processus de conception a été déployé autour des critères du système d’évaluation LEED, note Daniel Smith, associé principal de Smith Vigeant architectes. Cela nous a permis de mener à bien un projet à haute teneur écologique non seulement sur le plan de la construction, mais aussi sur celui de l’exploitation de l’édifice. »
Le bâtiment abrite une salle communautaire pouvant accueillir 200 personnes au rez-de-chaussée, où l’on trouve aussi un hall d’exposition, une salle de réunion polyvalente et une cuisinette. Le sous-sol est pour sa part occupé par l’aire de rangement des canots/kayaks, la salle mécanique, un vestiaire et des douches ainsi que par un espace de rangement.
Il est à noter que ce sous-sol n’en est pas vraiment un puisqu’il donne directement sur le terrain au niveau de la rivière. C’est que cette partie a été remblayée sur 75 % de sa surface de façon, notamment, à minimiser l’impact visuel de la nouvelle construction. « Le remaniement du sol autour du bâtiment visait aussi à faciliter l’accessibilité universelle du bâtiment par l’aménagement d’un parcours en rampe, fait remarquer Daniel Smith, en plus d’isoler le périmètre inférieur. »
Conception intégrée
L’architecte montréalais souligne que le centre communautaire Pointe-Valaine est le fruit d’une conception intégrée qui s’est révélée des plus fructueuses à l’égard de l’assemblage des principales composantes du bâtiment, des systèmes constructifs et de l’intégration des systèmes électromécaniques.
Il note, par exemple, que l’utilisation de dalles préfabriquées alvéolées a permis de simplifier la structure d’acier en donnant de plus longues portées, d’intégrer un système radiant (chauffage/refroidissement) et d’obtenir une surface de finition durable et unique.
Pour la structure du toit, on a eu recours à des panneaux structuraux isolés à haut rendement énergétique (R=40) en lieu et place d’une toiture conventionnelle à composantes multiples. Intégrés à la structure d’acier, ils ont permis d’atteindre de plus longues portées et de réduire le volume de matériaux requis.
Des panneaux de béton préfabriqués isolés ont aussi été mis à profit pour couvrir le tiers des surfaces de l’enveloppe. Le recours à ces composantes durables, qui avaient au préalable été récupérées, permettait de répondre aux exigences du client quant à la facilité d’entretien. Et en plus d’accroître l’effet de masse thermique à l’intérieur du bâtiment, ces panneaux procurent une efficacité thermique accrue.
« La stratégie d’assemblage du bâtiment a permis de réduire l’emploi de matériaux et c’est certainement l’élément le plus intéressant pour moi dans ce projet », indique Daniel Smith, sans pour autant minimiser l’impact des nombreuses autres solutions écologiques qui ont été préconisées dans la foulée de ce projet.
Force est de reconnaître effectivement que la liste est longue : réutilisation de matériaux récupérés, recyclage élevé des déchets en provenance du chantier, mise en place d’une membrane de toiture à albedo élevé, usage de matériaux sains et à faible émission de COV, fenestration à haut rendement énergétique, recours à la ventilation naturelle, récupération des eaux de pluie en provenance du toit pour alimenter les toilettes à faible débit, utilisation d’urinoirs sans eau, etc.
C’est sans compter l’accent qui a été mis sur l’efficacité énergétique de l’édifice, qui devrait consommer 55,1 % moins d’énergie que le bâtiment de référence du CMNÉB. Cette performance découlera notamment de la mise en place d’un système de récupération de chaleur, d’un système géothermique à boucle fermée et du système de chauffage radiant.
Soulignons enfin que le projet a reçu le 2009 SABmag Canadian Green Building Award, lui qui avait auparavant déjà obtenu, coup sur coup, en novembre 2008, deux marques de reconnaissance environnementale : le Prix d’excellence de la construction en acier (ICCA-Québec), catégorie Bâtiment vert, et le Trophées Innovation CONTECH, catégorie Développement durable – Pratiques novatrices, pour la « stratégie d'ensemble des mesures durables appliquées.
Propriétaire Ville d’Otterburn Park
Architecture Smith Vigeant, architectes
Génie électromécanique Concept R
Génie structural EGP
Gérance du projet EBC-Progest
Mise en service Teknika HBA
Eau pluvisux Réduction de 533 460 litres/année
Eau potable Abaissement de la consommation de 235 000 litres/année
Effluents sanitaires Diminution de 171 500 litres/année
Énergie Réduction de 55 % des coûts (tels qu’évalués par le PEBC) / Économie de 532 GJ/année
Gaz à effet de serre
Émission moindre de 13 567 kg/année