Faire des affaires tout en protégeant l’environnement, c’est possible. Le concessionnaire Peterbilt de Laval en fait la démonstration.
Dépositaire de la marque Peterbilt, mais aussi revendeur de pièces usagées et de camions d’occasion remis à neuf, le Groupe Lussier, de Sainte-Julie, fait figure de pionnier dans son domaine avec ses installations lavalloises. Sa succursale Excellence Peterbilt, située à l’intersection des autoroutes 13 et 440, constitue une véritable vitrine technologique en son genre depuis 2007. Près du quart du budget nécessaire à la construction de ce nouvel édifice, soit près de 8 millions de dollars, a été en effet affecté à des mesures écologiques.
Il faut dire que l’entreprise familiale n’en est pas à ses premières armes en matière d’environnement. « Depuis sa fondation, il y a 40 ans, Groupe Lussier a fait du recyclage son affaire, explique le consultant en marketing Alain John Pinard, qui a dirigé ce projet de concert avec Yvan Hébert, directeur de la construction du groupe, et avec la collaboration de Marie-Josée Ferron (sur les plans de la construction et de la géothermie). D’abord en recyclant des pièces de camion, puis en récupérant des huiles usées. Pas étonnant que la troisième génération de Lussier soit aujourd’hui préoccupée par l’environnement. »
La principale mesure mise de l’avant dans ce projet, et aussi la plus coûteuse, se chiffre à 1,8 million de dollars. Il s’agit d’un système géothermique à l’électricité, constitué de 16 thermopompes pour les bureaux et de quatre systèmes Ice Kube pour le plancher radiant du garage, le tout relié à deux réservoirs géothermiques. Ce système a nécessité le forage de 40 puits de 500 pieds de profondeur. Il s’agit du premier bâtiment industriel équipé de cette manière au Québec.
Constitué d’un mélange de glycol et d’eau, le liquide caloporteur qui circule dans les conduits de polyéthylène permet de tirer du sol quelque 140 tonnes d’énergie ou l’équivalent de 820 000 kWh/an. Le choix de la géothermie a d’ailleurs été fortement encouragé par Hydro-Québec, qui a octroyé une subvention de 466 000 dollars à Groupe Lussier.
« Nous étions déjà convaincus du bien-fondé de la géothermie lorsque nous avons jeté les bases de notre projet, rapporte Yvan Hébert, qui détient une licence d’entrepreneur général. Le soutien financier d’Hydro-Québec a permis de réduire notre investissement à 1,4 million, alors qu’un système conventionnel n’aurait coûté que 500 000 dollars environ. »
Deux échangeurs d’air, qui permettent de récupérer jusqu’à 90 % de la chaleur de l’air ambiant, complètent l’équipement électromécanique. Des capteurs de monoxyde de carbone en régulent le nombre de changements d’air à l’heure afin d’assurer la sécurité des occupants.
Il va sans dire que, lorsqu’on investit autant dans des mesures énergétiques, l’isolation n’est pas en reste. Le bâtiment de 41 700 pieds carrés est composé de blocs de béton au rez-de-chaussée et de murs sandwichs au niveau mezzanine. Les murs de béton ont été isolés au moyen d’un isolant rigide de deux pouces d’épaisseur jusqu’à quatre pieds sous le niveau du sol.
Quant aux portes de garage, 15 en tout, elles affichent une résistance thermique R-16. Les trois rangées de vitres panoramiques qu’elles comportent favorisent le chauffage solaire passif. De plus, les vitrines de la salle d’exposition, orientée vers l’ouest, sont constituées de verre à haut rendement énergétique.
Grâce à l’ensemble de ces mesures, le bâtiment, dont l’inauguration a eu lieu en mars 2007, est de 62 % plus efficace qu’un édifice semblable conçu selon les normes prescrites par le Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNEB).
Yvan Hébert et Alain John Pinard ont également appliqué les valeurs écologiques de Groupe Lussier au milieu environnant. La construction d’un garage s’est faite sur un site de 300 000 pieds carrés comportant un milieu humide. Avant même le début des travaux en juin 2006, des mesures d’atténuation et de préservation avaient été prises afin d’assurer la survie de l’écosystème.
« Nous avons de plus installé un intercepteur dans le stationnement afin de capter les huiles et les autres particules lessivées par les eaux de ruissellement et, ainsi, empêcher la contamination de l’étang, souligne Yvan Hébert. Nous avons ensuite restauré le site en semant des plantes typiques à ce milieu. »
Plus loin, à l’arrière de l’édifice, s’étend un quartier résidentiel. Conformément à la réglementation municipale, Groupe Lussier a construit, aux limites de son terrain, un talus haut de 10 pieds et d’une longueur de plus de 400 pieds. « Nous sommes allés encore plus loin afin de favoriser le bon voisinage, ajoute Alain John Pinard. À l’intérieur des limites de notre terrain, nous avons installé une clôture blanche puis, à la base du talus, un lit de pierres et un drain pour évacuer l’eau. L’aménagement se complète de thuyas de 8 à 10 pieds de hauteur. La butte elle-même est plantée de plusieurs essences d’arbre, dont des thuyas. »
Ce projet écologique a mis à contribution plusieurs intervenants de Laval, dont la firme d’architecture Tremblay L’Écuyer et Mécanique RH. Le gros œuvre a été effectué par l’entrepreneur général Quadrax, tandis que les travaux de finition ont été dirigés par Yvan Hébert. « Ce projet a été réalisé grâce à la parfaite synergie entre tous les corps de métier, il s’agit d’un véritable travail d’équipe », conclut d’ailleurs ce dernier.