Le bâtiment du futur vu par la firme britannique Arup. Un rendez-vous à l’horizon 2050.
Février 2013. Un groupe de réflexion interne d’Arup, baptisé Foresight+Innovation, dévoile sa vision de l’édifice du futur : un condensé d’idées novatrices visant à faire face aux enjeux de l’an 2050, alors que l’on estime que neuf milliards d’êtres humains peupleront la planète. Et que les trois quarts de la population habiteront la ville.
« Cet édifice ne sera jamais construit. Nous l’avons conceptualisé pour qu’il suscite les échanges et inspire les professionnels du bâtiment », fait vite remarquer Josef Hargrave, consultant sénior au sein de Foresight+Innovation, équipe chargée d’analyser les tendances qui se profilent sur les marchés et d’explorer les concepts émergents.
Présentant des formes arrondies et un aspect modulaire, la tour du futur d’Arup a été conçue selon une approche descendante. À savoir en suivant les impératifs reliés aux changements climatiques, à la rareté des ressources, à la hausse des coûts énergétiques et au désir de minimiser les effets des désastres naturels ou d’origine humaine.
« Le futur est déjà ici, précise Josef Hargrave, il n’a simplement pas encore été illustré. Notre vision intègre des concepts émergents, souvent appuyés par des études ou des projets de démonstration. À titre d’exemple, nos robots volants sont inspirés de ceux développés par l’Université de Zurich. »
Les principes de l’architecture régénérative ont été largement appliqués ; la production du bâtiment dépasse sa consommation et les performances sont publiées en temps réels, en façade comme à la station de tri. Nourriture, énergie et eau y sont générées, entreposées et distribuées via des réseaux urbains intelligents. Au-delà de l’utilisation de l’eau de pluie pour la culture maraîchère, on découvre que l’eau potable est générée à partir d’éoliennes modifiées qui liquéfient l’humidité de l’air.
L’enveloppe est multifonctionnelle et accueille notamment des bioréacteurs à microalgues, des éoliennes et des matériaux à changements de phase. Les fenêtres ouvrantes, par exemple, font office de récupérateurs de chaleur et leur transparence varie selon les conditions d’ensoleillement. Sur d’autres éléments, une peinture photovoltaïque permet de tirer profit de surfaces inaptes à l’installation de panneaux solaires.
Toujours en façade, des membranes neutralisent certains polluants de l’air, en plus de convertir le dioxyde de carbone en oxygène. Arup a aussi imaginé l’intégration de nanotechnologies à des fins d’autonettoyage.
Une structure, trois couches
Le concept surprend au niveau de la structure, laquelle comporte trois couches de matériaux composites constitués de matières recyclées et renouvelables. La première couche est un squelette semi-permanent, composé d’une colonne centrale et de dalles. Sur les planchers s’insèrent des modules interchangeables, modifiables et remplaçables au gré des besoins. La dernière couche, elle, consiste en des éléments amovibles adaptés aux substitutions fréquentes, tels les équipements de télécommunications et des technologies de l’information.
L’intégration du bâtiment au tissu urbain s’inscrit dans l’urbanisme écologique : facilitation du transport actif, gare intermodale souterraine, téléphérique, autopartage, bornes de recharge et passerelles piétonnes entre les édifices de grande hauteur.
Un flux constant de données sur la météo, l’occupation, les transports et les consommations permet d’optimiser le confort des occupants et d’optimiser la production d’énergies renouvelables, le tout géré par une intelligence artificielle centralisée.
En somme, le bâtiment du futur selon Arup est dynamique, intelligent et réactif. Josef Hargrave le qualifie même de « vivant », et il semble convaincu que le schéma soumis effleure à peine tout ce qui est possible de créer comme espace durable, interactif et personnalisé.