Des logements locatifs plaçant l’humain au cœur des aménagements afin de favoriser son mieux-être. Incursion dans l’univers durable et innovant du projet Humaniti.
Humaniti, c’est ce complexe à vocation mixte de 200 millions de dollars mis en chantier en juillet 2017 au cœur du Quartier international de Montréal par Cogir Immobilier et son partenaire, le Fonds immobilier de solidarité FTQ. Ce nouvel ensemble immobilier, qui sera complété l’an prochain, réunira à terme 316 logements locatifs, 152 copropriétés, des locaux pour bureaux couvrant 57 000 pieds carrés et des commerces couvrant 17 000 pieds carrés. Sans oublier les 193 chambres du premier hôtel en sol québécois de la collection Autograph de la chaîne Marriott.
L’originalité de Humaniti ne tient pas à sa seule envergure, tant s’en faut. Fruit d’une conception intégrée – il mutualise le savoir-faire de professionnels œuvrant notamment au sein de Lemay, Bouthillette Parizeau et Cogir Immobilier –, son volet résidentiel locatif prendra à la fois soin de la planète et de ses occupants. Autrement dit, il affichera une performance environnementale conforme aux exigences du système d’évaluation LEED, en plus d’offrir à ses locataires un milieu de vie favorisant leur santé physique et psychique.
Approche holistique
C’est que les logements locatifs visent la certification WELL Multifamily Residential – Pilot Program, une première au Canada, lors de l’enregistrement du projet auprès de l’International WELL Building Institute (IWBI), à l’été 2017. « On avait déjà un emplacement de choix à Montréal et une signature architecturale distinctive, mentionne le président de Cogir, Mathieu Duguay. On voulait aussi que le projet soit de la meilleure qualité possible, pas seulement en termes de matériaux, mais aussi en ce qui concerne l’expérience des usagers, et WELL les touche directement. »
Première norme « santé » du bâtiment à s’harmoniser avec le système d’évaluation LEED, la certification WELL découle de recherches en santé publique démontrant l’impact des bâtiments sur le bien-être de leurs occupants. Fondée sur une approche holistique plaçant l’individu au centre de la conception architecturale, elle a pour objet la création d’environnements favorisant de saines habitudes de vie à travers les sept thèmes que sont l’air, l’eau, l’alimentation, l’éclairage, le confort, l’activité physique et l’esprit.
« WELL, c’est plutôt un système d’évaluation complémentaire axé sur la santé des occupants, souligne Hugo Lafrance, directeur, Stratégies durables chez Lemay. Par exemple, on ne tiendra pas compte de la quantité d’eau et d’énergie consommée, on va plutôt évaluer la qualité de l’air distribué dans l’édifice et celle de l’eau qu’on livre aux usagers. C’est une tout autre perspective. Et il ne s’agit pas juste d’une liste de bonnes pratiques. »
Contrairement à LEED, la validité du certificat WELL est limitée à trois ans. Pour l’obtenir et le maintenir, il faut que les performances du bâtiment soient vérifiées par une tierce partie, à une fréquence préétablie. Et c’est sérieux. Certains contrôles, comme les analyses de la qualité de l’eau, sont effectués en laboratoire. D’autres, comme les lectures d’intensité lumineuse, sont réalisés in situ. Les mêmes exigences s’appliquent pour le renouvellement d’un certificat.
Hugo Lafrance ajoute que la conception des unités locatives de Humaniti profite par ailleurs des synergies générées par sa double certification. Comme les produits sans COV, à la fois sains pour l’environnement et pour la santé humaine. Ou les pièces peu profondes et bien fenestrées, qui favorisent l’éclairage naturel et le solaire passif. D’un côté, cette conception optimise l’efficacité énergétique du bâtiment. De l’autre, elle participe au confort thermique des occupants et régule leur humeur.
Complexité nouvelle
Mais WELL va encore plus loin. Et a poussé les concepteurs à innover, notamment en matière de design actif. Pour inciter les occupants à emprunter les escaliers, ils ont pensé à des jeux de couleur, à un éclairage de qualité et à des murs agrémentés d’œuvres d’art. Ils ont aussi créé des espaces – spa, gymnase, lounge, piscines – qui invitent à la détente et à l’activité physique. Sans compter un grand local à vélos et un atelier pour les entretenir.
Bien que le projet jouisse d’une accessibilité piétonnière – walkscore – plus qu’enviable, la densité urbaine du quartier a toutefois compliqué le design biophilique de l’ensemble. Pour contourner cet obstacle, les concepteurs ont misé sur deux axes. D’abord, la relation directe avec la nature, inspirée par l’eau avec les piscines, les terrasses végétalisées, le foyer du hall d’entrée et l’œuvre La Joute de la Place Jean-Paul-Riopelle en face de Humaniti. Ensuite, la relation indirecte avec la nature, symbolisée par les motifs des éléments de décor et des matériaux naturels comme le bois.
« En gros, on peut dire que la complexité de WELL s’avère la même que celle de LEED, sauf que le focus est mis sur le bien-être de l’occupant, résume Michel Aubé, directeur du projet Humaniti pour Lemay. Mais il s’agit d’une certification dispendieuse, parce qu’elle exige un suivi et des contrôles rigoureux. L’idée, c’était de l’expérimenter, et il y a deux ans, personne n’en avait entendu parler. Et, contrairement au condo, le locatif s’y prête bien, parce que c’est le propriétaire qui va opérer le bâtiment et assurer les suivis. C’est plus facile. »
Air : réduction des sources de polluants avec la ventilation et la sélection des matériaux
Eau : excellente qualité d’eau, avec une évaluation périodique de la qualité de l’eau potable
Alimentation : promotion d’une offre alimentaire saine, transparence en nutrition
Lumière : conception maximisant la lumière naturelle et la qualité de l’éclairage artificiel, tout en minimisant l’éblouissement
Activité physique : design facilitant les déplacements actifs à l’intérieur et les transports actifs à l’extérieur
Confort : optimisation du confort acoustique et thermique
Esprit : sensibilisation à la santé et au bien-être, esthétisme et biophilie
- Faible profondeur des pièces et fenestration favorisant l’éclairage naturel dans les espaces de vie
- Indices de rendu de couleur et de réflectance des surfaces sélectionnés en fonction d’une distribution optimale de la lumière
- Intégration d’œuvres d’art et des cages d’escalier encourageant les déplacements actifs entre les étages
- Matériaux et produits de finition faibles en COV
- Filtration de l’air pour une excellente qualité d’air intérieur
- Design biophilique s’appuyant sur un ensemble de stratégies, incluant des terrasses végétalisées, des éléments architecturaux en bois et des motifs inspirés de la nature