L’industrie du béton multiplie les efforts pour réduire son empreinte environnementale. Et celles de son matériau.
Un mètre cube. C’est le volume de béton produit en moyenne par habitant chaque année dans le monde, ce qui est en fait le matériau le plus utilisé sur la planète. Au Québec seulement, on évalue sa production annuelle à quelque 4,5 millions de mètres cubes. C’est dire comment il est omniprésent dans la construction de bâtiments et d’infrastructures du domaine du génie civil.
De là à penser qu’il faut nécessairement veiller à réduire l’impact environnemental de ce matériau, il n’y a qu’un pas. Un pas que l’industrie canadienne du béton, incluant ses acteurs s’activant au Québec, a depuis longtemps franchi. Même qu’elle s’est résolument engagée dans une véritable démarche de développement durable.
D’avancée en avancée, réalisées tant par les cimentiers que par les producteurs de béton prêt à l’emploi et de systèmes préfabriqués, cette démarche s’accompagne notamment d’une réduction de l’empreinte environnementale des activités de production d’un matériau prisé par les uns et mal aimé par d’autres. Ou à tout le moins mal compris sur le plan de la durabilité.
« On entend souvent dire que la fabrication d’une tonne de ciment génère moins d’une tonne de CO2. Mais à vrai dire, en appliquant différentes stratégies au cours des 30 dernières années, les cimenteries ont réussi à abaisser leurs émissions de GES à 0,7 tonne par tonne de ciment produite », fait remarquer Guillaume Lemieux, directeur, marchés et affaires techniques, Québec et Atlantique, à l’Association canadienne du ciment (ACC).
Le remplacement de combustibles traditionnellement utilisés pour la production du ciment, comme le charbon et le coke de pétrole, est l’une de ces stratégies. C’est que l’industrie cimentière a entrepris de recourir de plus en plus à des combustibles alternatifs pour ses activités de fabrication, qui exigent des températures tout aussi hautes – plus de 1 450 °C – que soutenues.
Ces combustibles de substitution, qui comptent aujourd’hui pour plus de 30 % de ceux utilisés par les cimenteries à l’échelle québécoise, permettent en outre de valoriser des matières résiduelles n’offrant pas ou peu de potentiel de recyclage. Par exemple certains polystyrènes, des bardeaux d’asphalte ou certaines catégories du bois issu de la récupération des débris de construction, de rénovation et de démolition.
Autre stratégie préconisée par l’industrie pour verdir ses pratiques : le recours à des ajouts cimentaires, comme les cendres volantes, les laitiers de hauts fourneaux ou la fumée de silice, qui peuvent remplacer jusqu’à 60 % du ciment Portland dans la fabrication du béton. Et leur apport environnemental est significatif, car une tonne d’ajout cimentaire correspond environ à une tonne de GES qui n’est pas relâchée dans l’atmosphère.
C’est sans oublier le développement de nouveaux types de ciment. Plus particulièrement le ciment Portland au calcaire (GUL), dont la fabrication peut émettre 10 % moins de GES que le ciment à usage général tout en conservant la même durabilité. Introduit sur le marché canadien ces dernières années, il est depuis longtemps utilisé en Europe.
« La production de ce ciment repose sur l’optimisation des procédés de broyage, explique Guillaume Lemieux, ce qui fait que l’on peut y réduire jusqu’à 15 % la teneur en clinker, qui est le résultat de la combustion de la pierre calcaire. » Un gain environnemental qui est loin d’être négligeable quand on sait qu’environ 60 % des émissions de GES associées à la production du ciment sont attribuables à la cuisson des matières premières pour produire le clinker.
Évolution écoresponsable
La production du béton prêt à l’emploi tend également à devenir toujours plus écoresponsable. « L’industrie cherche toujours à minimiser l’impact environnemental de son produit et de ses opérations, indique Yves Dénommé, directeur technique à l’Association béton Québec (ABQ). Plus particulièrement en recourant à des ajouts cimentaires, de même qu’en veillant à réduire sa consommation d’eau. »
Luc Bédard, directeur général de l’ABQ, est bien d’accord. Et il souligne que l’utilisation des superplastifiants, à partir des années 70, a notamment contribué à améliorer le bilan écologique du matériau. Car elle a non seulement permis de faciliter la mise en place du béton, mais aussi d’y éviter les ajouts d’eau excessifs.
Les producteurs de béton ont également investi dans leurs installations, au cours des dernières années, afin d’y limiter l’apport d’eau et les rejets d’eaux usées. Luc Bédard précise : « Ils se sont dotés d’équipement pour récupérer les eaux servant au lavage des bétonnières, lorsqu’elles reviennent à l’usine, de façon à les réintroduire dans le processus de fabrication. Le béton peut accueillir un bon volume d’eaux usées et le protocole de certification des usines fournit les paramètres et les critères de contrôle à respecter. »
Le directeur général de l’ABQ signale que cette certification n’est d’ailleurs pas étrangère à l’amélioration de la performance environnementale des producteurs de béton. « Un tel système de gestion de la qualité a une influence directe sur la durabilité, expose-t-il, parce qu’il y a moins de déficiences et qu’on contrôle mieux le produit.
« Par la force des choses, il y a moins de gaspillage de ressources et donc une réduction de l’empreinte environnementale. Et qui plus est, conclut-il, si le béton est optimisé, il va aussi se poser comme un matériau encore plus durable. »
L’industrie du béton mise plus que jamais sur la durabilité de son matériau pour le promouvoir auprès des professionnels du milieu du bâtiment. En témoigne l’initiative Redécouvrir le béton, pilotée par le Conseil canadien du béton, qui met notamment à l’avant-plan ses bénéfices liés à son utilisation dans une perspective de développement durable.
« Le béton est un des meilleurs matériaux pour adhérer à la fois aux dimensions sociale, économique et environnementale du développement durable, dit le directeur général de l’ABQ, Luc Bédard. Sans compter que son utilisation offre aux concepteurs la possibilité d’intégrer différentes stratégies permettant d’optimiser la performance d’un bâtiment, notamment sur le plan de l’efficacité énergétique et sur celui du confort. »
Le programme Qualibéton a été instauré par l’ABQ pour que ses membres soient certifiés conformément aux normes d’assurance-qualité publiées par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Près de 125 usines de production et membres de l’association détiennent aujourd’hui cette certification.
Basé sur un protocole rigoureux, le programme intègre les principes des normes internationales de gestion de la qualité ISO, mais s’en distingue par un contrôle uniforme du produit pour toutes ses usines, par l’intermédiaire d’une tierce partie experte en béton et qualifiée par le BNQ.
Le producteur certifié s’engage à respecter les exigences du fascicule de certification BNQ 2621-905 ; à respecter les codes d’éthique de l’ABQ relativement à l’intégrité et aux conseils offerts à l’utilisateur dans le choix des mélanges appropriés ; à participer à la formation continue et à contribuer à l’avancement de l’industrie.