La Ville de Montréal figure à l’avant-garde du développement durable avec sa politique de verdissement pour les édifices municipaux. Et elle entend bien entraîner les différents acteurs du milieu de l’immobilier dans son sillage.
En juin 2009, la Ville de Montréal adoptait sa politique de développement durable pour les édifices municipaux. Elle devenait alors la première ville québécoise à ainsi passer au vert mur à mur pour la construction, la rénovation et l’exploitation de ses bâtiments, de même que pour ses espaces en location.
Le responsable du développement durable au comité exécutif, Alan DeSousa, en est toujours aussi fier : « C’est une politique avant-gardiste qui nous élève aux rangs des leaders en Amérique du Nord dans le domaine du bâtiment durable. Nous allons très loin avec les gestes que nous posons en faveur de la construction et de l’exploitation écologiques de nos immeubles. »
Les objectifs sont ambitieux. D’ici 2012, la Ville vise à réduire de 20 % (année de référence 2002) les émissions de gaz à effet de serre de ses immeubles municipaux corporatifs ; de 15 % (année de référence 2007) leur consommation énergétique ; et de 20 % (année de référence 2008) leur consommation d’eau potable. Sans oublier que d’ici là, elle compte s’engager dans la réalisation d’un projet-pilote carboneutre.
Ce n’est pas le fruit du hasard si la Ville a décidé de s’attaquer de plein front à la performance de ses immeubles. C’est que le secteur du bâtiment, dans son ensemble, pèse lourd dans le bilan environnemental montréalais. Comme s’il fallait s’en convaincre, soulignons que les édifices publics et privés comptent pour plus de 30 % de la consommation énergétique sur l’île et que plus de 1,5 million de tonnes de déchets de construction y sont générées annuellement.
De savoir alors que la Ville est propriétaire de 1 330 immeubles totalisant plus de 2,1 millions de mètres carrés, et qu’elle loue de surcroît plus de 360 000 mètres carrés d’espaces répartis dans 291 bâtiments, suffit vite à prendre la mesure de ses enjeux à l’égard de la protection de l’environnement et de la préservation des ressources naturelles.
Pour atteindre ses visées environnementales, la Ville exige désormais l’obtention de la certification LEED, niveau Or, pour toutes ses nouvelles constructions de plus de 500 mètres carrés. Et toutes ses rénovations majeures, soit celles d’une valeur de plus de 500 000 dollars, doivent être alignées sur les critères LEED, niveau Argent.
À ce jour, elle compte un immeubles certifié LEED-CI (Commercial Interiors), niveau Argent : l’édifice administratif Louis-Charland, situé au 801 de la rue Brennan. D’autres projets visent déjà l’obtention de cette certification, dont les nouvelles bibliothèques de Saint-Laurent, Pierrefonds et Lachine (LEED-Or). Sans oublier le nouveau planétarium, sur lequel on aspire à apposer le sceau LEED, niveau Platine.
Tous les projets immobiliers mis de l’avant par la Ville, peu importe la superficie, doivent obligatoirement intégrer les éléments suivants : gestion des déchets de construction ; encouragement des toitures vertes dans les nouvelles constructions (concevoir à tout le moins la structure en vue d’aménager un toit vert) ; intégration d’au moins 10 % d’énergie renouvelable pour les constructions neuves, dans la mesure du possible ; aménagement des infrastructures pour favoriser l’utilisation du vélo ; et gestion efficace de l’eau (aménagements paysagers économes en eau, récupération des eaux de pluie, etc.).
Dans le cas de ses édifices existants, la Ville vise à obtenir la certification BOMA BESt, niveaux 1 et 2 pour les édifices de bureaux, et le niveau 1 pour tous les autres types de bâtiments. Elle voit également à implanter et à maintenir un programme de gestion efficace de l’énergie et de l’eau dans ses immeubles. De même qu’à adhérer au programme de récupération multimatière dans les bâtiments municipaux de l’agglomération montréalaise.
Pour ses locations d’espaces, elle exige BOMA BESt (bâtiment existant) ou LEED (construction neuve) du propriétaire. Ainsi qu’un aménagement écologique des lieux (LEED-CI), là où le marché le permet.
La politique de développement durable pour les édifices municipaux s’applique à toutes les activités immobilières de la ville centre et peut être adoptée intégralement par les arrondissements. Comme est notamment en voie de le faire l’arrondissement de Saint-Laurent.
« Avec notre politique, indique Alan DeSousa, nous voulons non seulement donner l’exemple à suivre, mais aussi élargir la connaissance et l’expertise dans le domaine du bâtiment vert, en plus de contribuer à l’élargissement de ce marché.
« Nous visons également à sensibiliser les entreprises qui font affaire avec nous à l’importance de prendre le virage vert, ajoute-t-il du même élan, et à nous assurer qu’ils contribuent eux aussi à cet exercice. D’ailleurs, nous allons augmenter de 50 % la part des produits et services que nous consommons. »
Il souligne en concluant que la Ville tirera de nombreux bénéfices de l’application de sa nouvelle politique : réduction des frais d’exploitation des immeubles ; augmentation de la valeur des propriétés ; productivité accrue des ressources, etc.