Regard sur les isolants thermiques et acoustiques fabriqués à partir de papier recyclé.
Porté au premier chef par l’adhésion au système d’évaluation LEED, l’essor du bâtiment durable au Québec s’accompagne d’un intérêt sans cesse grandissant pour la valorisation des matières résiduelles. Vue sous cet angle, l’introduction de matières issues de la collecte sélective, dans le cycle de production et de consommation, s’inscrit résolument en cohérence avec cette mouvance.
C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de matériaux d’isolation comme la ouate de cellulose. Constituée à plus de 80 % de papier recyclé, la fibre de cellulose contribue non seulement à la sauvegarde des ressources naturelles, en donnant une deuxième vie à une matière résiduelle issue de la collecte sélective, mais elle participe également à l’efficacité énergétique et acoustique du bâtiment.
L’isolant de fibre de cellulose est fabriqué principalement de journaux récupérés, soulignons-le, mais aussi de papier postindustriel. Au Québec, deux producteurs occupent le marché, Benolec – entreprise qui s’active désormais au sein du groupe Soprema – et Igloo Cellulose. Environ 95 % de leur marché est destiné au bâtiment résidentiel où il est utilisé en vrac, soit soufflé dans les combles ou soufflé sous pression dans les murs et les plafonds.
La fabrication de la ouate de cellulose se réalise en cinq étapes : déchiquetage de la matière, séparation magnétique (pour retirer d’éventuelles agrafes, par exemple), défibrage, aspiration des poussières et ajout de minéraux, comme le borate. Cette dernière étape permet l’ignifugation de la cellulose et prévient la corrosion et la prolifération de moisissures et d’insectes ravageurs, tel que le prescrit la norme sur l’isolant en fibre cellulosique (CAN/ULC-S703).
« L’isolant en fibre de cellulose n’est pas encore tellement utilisé dans le grand bâtiment au Québec, principalement parce que les petits et les grands entrepreneurs s’approvisionnent auprès de réseaux de distribution différents. En bout de ligne, c’est une question d’habitude », observe André Bourassa, cofondateur de la firme Bourassa Maillé architectes.
Aux yeux de cet apôtre des écomatériaux, ce produit d’isolation serait pourtant très efficace dans la copropriété. Non seulement pour l’isolation, mais aussi pour l’insonorisation des planchers entre les étages.
Cet isolant est aussi facile à utiliser dans le bâtiment existant, note l’architecte, parce qu’il permet de faire des injections sans tout briser. « C’est sans compter que ce produit se récupère plutôt bien lorsque le bâtiment a atteint sa fin de vie utile, ajoute-t-il, car il suffit tout simplement d’aspirer le matériau pour le réutiliser de nouveau.
« Et comme il n’est pas toxique et n’adhère pas aux autres composants, il facilite la déconstruction et permet la réutilisation des rebuts de construction à d’autres fins », conclut André Bourassa, en soulignant que la ouate de cellulose est notamment beaucoup utilisée en France et au Japon.
- Diminution de la pression sur les ressources naturelles
- Régulation hygrothermique
- Déphasage thermique
- Isolation phonique
- Atoxicité
- Élimination des ponts thermiques
- Étanchéité à l’air
- Résistance au feu, à la corrosion et à la moisissure
- Recyclage en fin de vie utile
- Résistance thermique élevée (entre 3,7 et 3,8 R au pouce)