L’utilisation de l’aluminium est aux portes d’une nouvelle ère dans le bâtiment au Québec. Marie Lapointe, présidente-directrice générale d’AluQuébec, explique.
Aluminium. Voilà un mot que les acteurs du milieu du bâtiment au Québec ont tout intérêt à inclure dans leur vocabulaire courant sans plus tarder. Pourquoi? Tout simplement parce qu’ils seront de plus en plus souvent appelés à intégrer des produits et systèmes constructifs constitués de ce matériau, que ce soit en tout ou en partie, dans le design de leurs projets.
C’est que les astres sont en voie de s’aligner comme jamais auparavant pour favoriser une utilisation accrue de l’aluminium dans ce créneau. Et il ne s’agit pas du fruit du hasard, car l’essor qui se profile a pour grande toile de fond la mise en œuvre de la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium (SQDA), démarche gouvernementale visant à doubler la seconde transformation de ce métal produit au Québec sur l’horizon 2015-2025.
Marie Lapointe est bien placée pour en parler : elle est présidente et directrice générale d’AluQuébec, grappe industrielle qui fait sien l’objectif fixé par la SQDA. « L’usage de l’aluminium entre dans une ère logeant résolument à l’enseigne de l’innovation en sol québécois, lance-t-elle d’entrée de jeu, plus particulièrement dans la construction des bâtiments durables. »
Il faut dire que la construction se présente comme un terreau des plus fertiles pour l’aluminium à l’échelle nord-américaine. De savoir qu’une étude récente de PwC y prévoit une croissance de 2,6 % du recours à ce matériau, d’ici 2025, suffit vite à prendre la mesure de l’attention toute particulière que peut porter AluQuébec à ce secteur.
En témoigne d’ailleurs le lancement de son chantier d’affaires Bâtiments et construction durable l’automne dernier. Celui-ci devenait alors le quatrième chantier du genre piloté par la Grappe industrielle de l’aluminium après ceux visant le matériel de transport, les équipementiers et fournisseurs spécialisés ainsi que les infrastructures et ouvrages d’art.
Coprésidé par l’architecte André Cardinal, associé chez Lemay, et Pierre-Luc Dumas, vice-président chez Pomerleau, le dernier-né des groupes de travail d’AluQuébec vise essentiellement à optimiser l’intégration de l’aluminium dans le design des immeubles commerciaux, institutionnels et résidentiels au Québec. Dans tous les cas de figure en complémentarité avec les autres matériaux de construction employés dans la construction, et toujours selon le principe du bon matériau au bon endroit.
Favoriser l’innovation
« L’aluminium est déjà bien présent dans les systèmes de façade, que l’on pense aux murs-rideaux ou aux revêtements extérieurs, observe Marie Lapointe. Nous voulons bien sûr accroître encore davantage la pénétration du matériau de ce côté, mais surtout favoriser son utilisation dans de nouvelles applications. Par exemple dans des systèmes de toiture, dans des serres sur les toits et des capteurs solaires, ou encore dans des platelages ou des escaliers à l’intérieur des bâtiments. »
C’est pourquoi AluQuébec a entrepris de répertorier et de documenter les produits et systèmes innovants en aluminium disponibles au Québec. Mais aussi les nouvelles applications de l’aluminium dans le bâtiment développées ailleurs dans le monde, puis de situer leur potentiel de commercialisation sur l’échiquier québécois.
L’organisme entend ainsi veiller à ce que les architectes, designers d’intérieur, ingénieurs et autres acteurs québécois du bâtiment soient bien au fait des solutions en aluminium les plus prometteuses qui se trouvent à leur portée. Tout comme il compte aussi leur démontrer la pertinence de les utiliser dans le design de leurs projets, et plus particulièrement dans des applications novatrices.
« Nous allons également leur offrir de la formation technique, notamment sur les applications de l’aluminium et sur les alliages, souligne Marie Lapointe, parce qu’il est important que les concepteurs de projets puissent développer une bonne connaissance du matériau pour en faire le meilleur usage. »
C’est sans compter qu’AluQuébec bénéficiera du concours de deux partenaires majeurs pour démontrer les avantages liés à l’intégration innovante de l’aluminium dans les bâtiments : la Société québécoise des infrastructures (SQI), qui gère le parc immobilier du gouvernement provincial, et la Société d’habitation du Québec (SHQ). « La SQI et la SHQ verront à favoriser de nouvelles applications appelées à être réutilisées à large échelle dans le bâtiment au Québec, se réjouit Marie Lapointe, en plus de les mettre en vitrine dans le cadre de leurs projets respectifs. »
Perspective durable
Si l’innovation sera au cœur des efforts déployés par AluQuébec pour favoriser le recours à l’aluminium dans le bâtiment, son utilisation dans une perspective durable sera loin d’être en reste. « L’intégration de produits et systèmes en aluminium s’avère toute désignée dans les bâtiments durables, explique la PDG de l’organisme, parce que c’est un matériau à contenu recyclé qui ne demande pas d’entretien, ne corrode pas et est recyclable en fin de vie utile. Et il ne faut pas oublier que l’aluminium produit au Québec est celui ayant la plus faible empreinte carbone dans le monde, rien de moins. »
Dans la foulée de son chantier Bâtiments et construction durable, AluQuébec s’efforcera également de déboulonner le mythe selon lequel il en coûte toujours plus cher de recourir à des produits et systèmes en aluminium dans le domaine du bâtiment. « Nous allons démontrer qu’il n’en est rien quand on considère l’utilisation du matériau dans une perspective de coût total de possession, soit sur l’ensemble de son cycle de vie.
Mais ça, c’est un résultat en bout de ligne, enchaîne Marie Lapointe en concluant. Car au départ, il faut que les concepteurs aient envie d’intégrer l’aluminium dans leur projet. Et c’est ce à quoi nous avons entrepris de nous affairer. »