L’aluminium ouvre la voie au design de bâtiments durables toujours plus innovants. Deux architectes en témoignent.
Durabilité, légèreté, recyclabilité… Les propriétés de l’aluminium en font sans contredit un matériau de choix pour les concepteurs de bâtiments, à commencer par les architectes. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il peut contribuer à l’élaboration de designs résolument innovants. D’autant plus lorsqu’il s’agit de concevoir des projets dans une perspective écologique.
Un bel exemple? Le Planétarium Rio Tinto Alcan, inauguré en 2013. Associé de Cardin Ramirez Julien, firme d’architecture qui a signé ce bâtiment LEED Platine en consortium avec Ædifica, Jean-François Julien est bien placé pour en parler : « Nous avons cherché à intégrer l’aluminium non pas parce qu’il s’agissait d’une demande de la Ville de Montréal, relate-t-il, mais plutôt parce que l’occasion s’y prêtait bien. L’équipe de projet trouvait intéressante l’idée d’utiliser ce matériau pour ses propriétés et, aussi, pour faire un clin d’œil à Rio Tinto Alcan. »
Au moment de mener leurs recherches sur les produits et systèmes en aluminium susceptibles d’être intégrés dans leur design, les concepteurs du projet ont justement pu compter sur l’accompagnement d’un spécialiste de Rio Tinto Alcan. C’est ainsi qu’ils ont découvert deux produits qui les ont vite séduits : un parement en feuille d’aluminium naturel et la mousse d’aluminium.
Revêtement signature
« Pour les cônes du Planétarium, note Jean-François Julien, nous recherchions un revêtement signature et nous l’avons trouvé avec le bardage en aluminium naturel puisque c’est un matériau ni anodisé ni peinturé. En outre, nous aimions particulièrement le côté réfléchissant de ce matériau qui était appelé à patiner légèrement avec le temps. »
La mousse d’aluminium, qui en était alors à une première application au Québec, a été utilisée pour revêtir l’un des murs extérieurs entourant le boisé, de même que comme fini dans les ascenseurs. Il s’agit, en fait, d’un panneau architectural fabriqué à partir d’aluminium en fusion et dans lequel des bulles d’air sont injectées. Lors du refroidissement, de fines particules de céramique permettent de conserver la forme des bulles, ce qui lui confère une apparence unique.
Parmi les autres composantes en aluminium intégrées au Planétarium figurent notamment les garde-corps et l’escalier de la toiture, le côté fermé de la passerelle surplombant un boisé à l’entrée et les panneaux en aluminium peint des murs verticaux à l’extérieur.
Pour Jean-François Julien, il est clair que les concepteurs du milieu du bâtiment ont intérêt à se tourner davantage vers l’aluminium. « C’est un matériau intéressant parce qu’il est durable, léger et qu’il pourra ultimement être entièrement recyclé, dit-il. Mais il faut aller au-delà de la vision du coût à court terme.
« Par exemple, poursuit l’architecte montréalais, avec les façades de bâtiments de cinq étages et plus qui doivent désormais faire l’objet d’une inspection, ça devient de plus en plus pertinent d’utiliser de l’aluminium, car on sait qu’il n’y aura pas de dégradation du matériau à long terme. »
Vitrine sur l’aluminium
Pierre-André Lévesque, associé de BGLA I Architecture + Design urbain est du même avis puisqu’il a lui aussi appris à se familiariser davantage avec l’aluminium lors de la conception du Pavillon universitaire Alouette, bâtiment qui se pose comme une véritable vitrine sur l’utilisation de ce matériau, à Sept-Îles.
Cet immeuble de 2 700 mètres carrés, répartis sur deux planchers hors sol et un autre souterrain, loge l’Université du Québec à Chicoutimi depuis l’automne 2014. Legs à la communauté d’Aluminerie Alouette, cette réalisation de 10 millions de dollars devait notamment s’inscrire dans une perspective de développement durable et attester de la présence de l’industrie majeure qu’est celle de l’aluminium dans la région.
« Il était donc tout naturel d’utiliser l’aluminium là où c’était possible, indique Pierre-André Lévesque. De ce fait, cela nous intéressait beaucoup de faire de la recherche et de travailler avec ce matériau. En somme, c’était un défi très stimulant et enrichissant ! »
Un défi que l’équipe de BGLA, à l’évidence, a réussi à relever avec brio. Aujourd’hui, le Pavillon universitaire Alouette comporte de nombreux éléments en aluminium : meneaux et parties opaques en tympan des murs-rideaux ; mur solaire thermique ; concentrateurs solaires paraboliques installés au toit ; structure de l’escalier principal ; débords de toit ; structure des cloisons modulaires dans les bureaux ; garde-corps longeant une coursive ouverte sur l’atrium et encore plus !
Voiles perforées
Ce matériau a aussi été mis à profit pour composer les grands panneaux perforés en forme de voile installés en façade nord ainsi que pour recouvrir, le long de la coursive, un volume en forme de tube qui traverse le bâtiment à partir de l’entrée principale et se projette jusqu’à l’extérieur.
« Nous avons habillé le tube avec des panneaux de mousse d’aluminium qui permettent de laisser filtrer la lumière au travers de cet espace de transition entre les classes et l’atrium, indique Pierre-André Lévesque. Nous connaissions déjà ces panneaux architecturaux, mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de les utiliser dans un projet. »
L’architecte québécois est très fier de cette réalisation au design hors du commun mettant en valeur l’aluminium. L’expérience lui aura permis de constater que l’optimisation du recours à ce matériau n’avait rien de sorcier, qu’il fallait seulement prendre le temps de trouver les bons produits et de les appliquer aux bons endroits.
« L’aluminium est un matériau tellement intéressant, notamment en raison de sa durabilité, de sa légèreté et de sa recyclabilité. Le Pavillon Alouette est un bâtiment d’avant-garde et l’aluminium y compte pour beaucoup », conclut-il. Désormais, il souhaite utiliser davantage ce matériau pour ses nombreuses qualités.