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Le grand retour : le bureau post-pandémique

25 mai 2022
Par François Cantin, M. Sc. Arch.*

Bâtiment durable Québec CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Depuis quelques semaines s’opère un retour au travail post-pandémique dans plusieurs organisations. Alors que certains se disent heureux de retourner au bureau, une majorité de travailleurs a plutôt exprimé une préférence pour un mode hybride de travail.

D’après une récente étude menée par la Chambre de commerce Montréal métropolitain (CCM), seulement 19 % des travailleurs souhaiteraient travailler de quatre à cinq jours par semaine au bureau à la suite des bouleversements liés à la pandémie[1]. Temps de déplacement réduit, conciliation du travail et de la vie personnelle facilitée et diminution du stress sont au nombre des raisons pouvant expliquer l’engouement pour le télétravail. Mais qu’en est-il de l’impact concret des espaces de travail? Dans quelle mesure leur qualité influence-t-elle les préférences et les choix des travailleurs?

Quand télétravail rime avec productivité perçue

Pour trouver réponse à ces questions, rien de mieux que de questionner les principaux intéressés. Lorsque participatives et inclusives, les démarches de planification et de conception de milieu de travail permettent de colliger plusieurs données pertinentes dont, entre autres, le niveau de productivité perçue en lien avec le télétravail.

Le diagramme ci-dessous montre les résultats obtenus après consultation de 140 employés d’une même organisation concernant l’impact du télétravail sur leur niveau de productivité perçue en comparaison avec l’organisation du travail qui prévalait avant la pandémie. Dans cet exemple, 68 % des répondants estiment que le télétravail influence positivement leur productivité. Ce cas parmi tant d’autres illustre bien la tendance observée dans une majorité de situations : les gens se trouvent plus performants à la maison.

Sondage sur le télétravail et la productivité. Crédit; Coarchitecture

Sommairement, il en ressort que les espaces de travail traditionnellement proposés aux employés n’offrent pas la fonctionnalité requise pour la réalisation des activités liées au travail, d’où l’impact positif sur la productivité perçue en mode télétravail. À titre d’exemple, alors que la quiétude du domicile sert bien les travailleurs pour l’exécution de tâches nécessitant un bon niveau de concentration, c’est généralement tout le contraire au bureau.

Mentionnons aussi qu’il est courant de constater une corrélation entre un accroissement de la productivité perçue en télétravail et un faible niveau d’attachement et d’appartenance envers les environnements de travail existants. Le graphique ci-dessous, issu de la même base de données que le précédent, illustre bien ce cas de figure. C’est bien dommage, car les avantages offerts par le travail en présentiel sont bel et bien réels.

Sondage sur le niveau d'attachement aux environnements de travail. Crédit : Coarchitecture

Le bureau comme ancrage social et du savoir

Au-delà des préoccupations relatives à la productivité perçue, les organisations qui passent massivement au travail à distance doivent aussi tenir compte de l’impact sur le partage des connaissances et le développement de la culture d’entreprise. Une collaboration informelle nécessite un contact personnel étroit, ce qui est difficile en télétravail.

Certes, le monde du travail de demain sera hybride, mais aura tout avantage à être équilibré, en ce sens que les travailleurs pourront tirer profit des avantages du télétravail tout en profitant de présences au bureau enrichissantes, optimisées par de nouveaux espaces adaptés à leurs besoins et offrant une expérience employée renouvelée.


* L’auteur est associé, directeur avant-garde et chargé de projet chez Coarchitecture, spécialiste des stratégies d’occupation et du confort de l’occupant au sein des environnements de travail, formateur à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval et pour Infopresse, ainsi que bénévole pour Bâtiment durable Québec (BDQ).