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COVID-19, édifices de bureaux et toitures végétalisées… un amalgame gagnant !

13 janvier 2021
Par Nada Aoun*

Centre de formation en développement durable CHRONIQUE DU GROUPE DE TRAVAIL
SUR LES TOITURES VÉGÉTALISÉES

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La pandémie du coronavirus appelle plus que jamais l’aménagement de toitures végétalisées sur les immeubles de bureaux.

C’est en réponse à la pandémie de COVID-19 que le télétravail a prouvé son efficacité. Les bureaux du centre-ville de Montréal sont désertés. Plusieurs réflexions sont lancées pour donner une nouvelle vocation à ces bâtiments, notamment les transformer en habitations et répondre à la crise de logement de la ville. Cependant, une idée fondamentale pourrait permettre à ces grands complexes inoccupés de gagner une seconde vie.

Sur les toits des basilaires et des immeubles de taille moyenne se trouvent des ventilateurs, des systèmes de drainage et d’autres installations mécaniques qui occupent environ 15 % de leur superficie. Pourquoi ne pas regrouper ces installations et profiter du restant de ces surfaces imperméables de béton afin de les transformer en toitures végétalisées ? Oui… des toitures végétalisées sur le haut des édifices de bureaux ! Ces bâtiments, étant majoritairement construits en structure de béton porteuse, peuvent facilement accueillir la charge structurale des systèmes végétalisés diversifiés, allant du système extensif à l’intensif.

Place au design biophilique

La crise sanitaire a poussé la Ville de Montréal à réinventer ses espaces publics en se basant sur le concept de mixité d’usage à l’échelle locale et régionale. Pourtant, pour réussir entièrement cette mixité, on doit l’appliquer également au bâtiment. Ainsi, un même bâtiment peut abriter des logements, des bureaux, du commerce, mais aussi des toits végétalisés.

D’ailleurs, depuis la pandémie, le taux d’occupation de ces bâtiments est descendu à 25 % dans le centre-ville montréalais. Selon Bill Gates, les entreprises chercheront dorénavant à réduire la superficie de leurs bureaux, à réaliser des économies et même à partager un bureau en rotation. La densité et la compacité doivent donc être désormais pensées non seulement pour l’arrondissement, les quartiers et les ruelles, mais également au sein de chaque bâtiment.

Cependant, un défi majeur en post-pandémie se pose : comment peut-on attirer des employés à revenir aux bureaux ? En leur offrant notamment des designs biophiliques qui régénèrent le bien-être et améliorent les milieux de travail par l’ajout d’éléments naturels, de végétaux, etc. C’est un désir inné de se connecter avec la nature et le vivant. Ainsi, les toitures végétalisées étant au cœur de la biophilie urbaine, elles procurent certainement une approche profitable. 

On connaît déjà les avantages environnementaux qu’apportent les toitures végétalisées dans la diminution de la pollution atmosphérique urbaine, l’atténuation des effets d’îlots de chaleur, la favorisation de la biodiversité et la réduction des volumes des eaux pluviales. Ces dernières sont aussi générées par les murs plus élevés des tours vers la surface des basilaires. N’oublions pas que ces murs peuvent également accueillir de la végétation partielle et complémentariser les fonctions des toitures végétalisées.

La toiture végétalisée qui coiffe l’édifice de Québecor au centre-ville de Montréal. Photo : Jean-Guy Lambert

Multiplier les grappes vertes

Au-delà des bienfaits écologiques, les toitures végétalisées peuvent aussi participer à des solutions socio-économiques inattendues pour la ville de Montréal. Elles ouvrent par exemple des pistes d’emploi pour les chômeurs à la suite de la pandémie et pour les personnes sans abri qui longent les ruelles du centre-ville depuis le début de la crise sanitaire. Elles peuvent également contribuer à la sécurité alimentaire de la métropole et encourager l’achat local. C’est tout un rafraîchissement du moteur socio-économique post-COVID montréalais !

Bref, le secteur du bâtiment étant responsable de 28 % des émissions de gaz à effet de serre de Montréal, il est ciblé dans le nouveau Plan climat 2020-2030 de la ville. Certes, les actions prises afin de limiter nos déplacements, de réduire notre empreinte écologique et d’investir dans la performance énergétique des bâtiments sont des solutions gagnantes. Cependant, on doit inclure les bâtiments abandonnés du centre-ville dans notre prise de conscience commune. Penser le futur de ceux-ci débute notamment par leurs toitures, en les rendant plus accessibles, moins exclusives, et plus écologiques.

Les toitures végétalisées ad hoc ne peuvent pas assurer un développement urbain durable. Mais c’est l’ensemble de ces petites grappes vertes et leur concentration géographique, agissant en un poumon citadin, qui renforcera la mise en œuvre d’un écosystème viable en plein cœur de la ville. Alors, qu’attendons-nous pour investir à grande échelle dans les toitures végétalisées urbaines et redonner vie à ces édifices abandonnés ?


*Nada Aoun, M.S. Environnement et Développement durable, spécialisation en Aménagement, M.S. Architecture, Université de Montréal, est bénévole au Conseil du bâtiment durable du Canada — Québec.