CHRONIQUE DU CENTRE DE FORMATION EN DÉVELOPPEMENT DURABLE
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La venue de la toute nouvelle version LEED v4 nous amène à porter un regard sur l’évolution du bâtiment durable et dont plusieurs stratégies sont devenues maintenant la règle, par exemple détourner les déchets des sites d’enfouissement lors de la construction et la sélection de matériaux avec du contenu recyclé.
Malgré ces bonnes pratiques, il devenait un incontournable de prendre un virage encore plus lié aux préoccupations environnementales dont le cycle de vie des bâtiments et l’empreinte environnementale des matériaux, principalement pour atteindre les objectifs à l’échelle internationale de réduire les gaz à effet de serre. Heureusement, la nouvelle version LEED v4 a intégré ces nouvelles exigences qui deviennent maintenant la référence dans le domaine du bâtiment durable.
L’importance de la disponibilité de matériaux
Avec la popularité des systèmes d’évaluation, tels que LEED v4 et WELL les professionnels misent de plus en plus sur l’intégration de matériaux durables, performants et à faible empreinte carbone. Au-delà des attributs, les préoccupations des impacts environnementaux font partie maintenant des critères de sélection par les professionnels et consolident le mouvement de transparence et d’innovation que les manufacturiers doivent maintenant considérer comme étant un incontournable.
Depuis le 1er novembre 2016, les projets inscrits dans une démarche de certification LEED, le sont sous la version LEED v4. L’intégration de la pensée cycle de vie et de la déclaration environnementale de produit (DEP) est un changement important qui encourage l’utilisation de matériaux dont les impacts environnementaux sont disponibles, validés et vérifiés par des tierces parties. Il n’est pas étonnant de voir les professionnels s’appropriant déjà les principes de cycle de vie et les DEP lors de la sélection de matériaux, comme étant la norme de référence même s’ils ne visent pas une certification LEED v4.
La DEP prend en compte les impacts du cycle de vie du produit dès la phase de l’extraction des matières premières jusqu’à la fabrication finale du produit et parfois même jusqu’à leur fin de vie. Elle permet aux professionnels de comparer les impacts environnementaux des produits, dont le réchauffement climatique, la formation de smog et l’acidification.
Afin de répondre aux conformités, la DEP doit satisfaire les normes internationales ISO de la série 14025 qui exige une vérification par une tierce partie et l’accessibilité au public, la transparence étant un élément clé. Celle-ci demeure encore un outil peu connu et ceux qui la maîtrisent sont des pionniers ; ils sont plutôt rares sur le marché et les professionnels doivent user de patience pour atteindre leurs objectifs. Toutefois, c’est une excellente opportunité pour les manufacturiers de prendre cet avantage concurrentiel dans le marché présentement.
La mise en application de la DEP dans LEED v4
Concrètement, dans le processus de certification LEED v4, lorsqu’on cumule 20 produits différents provenant de cinq manufacturiers distincts, ayant leur DEP, il est possible d’obtenir un point.
- Un produit avec une analyse du cycle de vie (ACV) accessible au public, contribuera pour ¼ de produit sur 20.
- Un produit ayant participé à une DEP (générique) de l’industrie contribuera à ½ produit sur 20 ; toutefois, le manufacturier peut indiquer qu’il détient une DEP (générique) de l’industrie que s’il a contribué à la collecte de données de celle-ci.
- Tandis qu’un produit détenant une DEP spécifique contribuera pour 1 produit sur 20.
De plus, il est possible d’obtenir un point supplémentaire lorsque les résultats de la DEP d’un produit performent mieux que la DEP (générique) de sa propre industrie.
Pour le manufacturier, la mécanique qui mène à une DEP est complexe et demande un investissement tant au niveau financier qu’en temps. Plusieurs mois sont nécessaires pour obtenir une DEP selon les normes ISO. Ceux qui ont déjà des DEP ont assurément une longueur d’avance. Les autres ont tout intérêt à commencer le processus rapidement, car leurs produits pourraient être écartés par les professionnels d’un projet visant la certification LEED v4.
Lorsqu’un manufacturier désire amorcer une démarche de DEP, il y a des étapes importantes avant même de débuter le processus. Tout d’abord, il doit avoir de disponibles des règles de catégories de produits ou « PCR » pour Product Category Rules en anglais.
Les PCR permettent d’harmoniser le cadre dans lequel l’ACV est effectuée et les données qui doivent être présentées dans une DEP. Lorsque le PCR est choisi, l’ACV peut être faite et le rapport d’ACV rédigé. Le rapport d’ACV doit être révisé, préférentiellement par une tierce partie, pour permettre l’intégration de ses données dans la déclaration. La DEP doit aussi passer par l’étape de vérification pour assurer sa conformité à ISO 14025. Il est important de noter que l’opérateur de programme établit les critères entourant la vérification et la publication de la DEP.
Il est essentiel que les DEP soient accessibles et facilement repérables sur le site web de l’entreprise. Également, il ne faut pas négliger de former le personnel pour répondre aux éventuelles questions des professionnels à propos de la DEP.
Celle-ci permet de répondre à des exigences pour la certification LEED, mais également d’aller beaucoup plus loin dans l’amélioration des produits et des façons de faire. La DEP est un bilan qui permet de pointer les impacts plus importants et est un excellent outil de référence pour le manufacturier afin de favoriser l’innovation environnementale (l’écoconception).
Vision de LEED v4 dans son ensemble
En plus des impacts environnementaux associés aux matériaux, la démarche de certification LEED prend en compte l’emplacement et le transport, l’aménagement écologique des sites, la gestion efficace de l’eau, la performance énergique et la qualité de l’air intérieur. L’ensemble de ces exigences permet de concevoir des bâtiments plus respectueux de l’environnement, de réduire les coûts pendant l’utilisation tout en tenant compte de la santé et du confort des occupants. Les trois piliers du développement durable sont donc présents dans la certification LEED.
Ce qui nous mène à un regard plus approfondi vers le cycle de vie des bâtiments, selon Sylvie Alain, ing. f, ing. jr, M. Sc., « Plusieurs études basées sur l’ACV de bâtiments démontrent que la consommation d’énergie durant la phase d’utilisation a le plus d’impacts environnementaux. Les matériaux sont au second rang pour l’importance de leurs impacts. (Sylvie Alain, 2015, 81 pages) ». Au fur et à mesure que l’efficacité énergétique des bâtiments sera optimisée, le choix des matériaux contribuera plus fortement au bilan total des impacts des bâtiments.
Un mode de vie pour tous !
Une vision commune entre tous les intervenants est essentielle pour permettre au bâtiment durable d’évoluer davantage, tant au niveau de la collaboration entre les professionnels, les manufacturiers et les entrepreneurs généraux qui devront mettre en application ces nouvelles règles. Les manufacturiers ont un rôle certain à jouer et les plus proactifs ont déjà fait les démarches nécessaires. Toutefois, ce ne sont pas tous les manufacturiers qui ont pris ce virage de transparence et d’innovation. Il est encore temps d’emboîter le pas, car la demande pour des bâtiments durables est une tendance qui ne faiblit pas.
L’innovation est maintenant à votre portée, à vous tous d’en profiter pour le bénéfice du développement durable et des opportunités d’affaires qui s’y rattachent !
Par Josée Lupien, présidente, Vertima
Formatrice au Centre de formation en développement durable