En obtenant la première certification LEED délivrée à un supermarché au Canada, en 2007, Sobeys fait désormais figure de géant vert de l’alimentation.
Entre 2002 et 2006, Sobeys a réalisé chaque année une trentaine de projets majeurs de rénovation et d’agrandissement, lorsqu’il ne s’agissait pas tout simplement de nouvelles constructions. C’est près de 200 millions de dollars qui ont été ainsi investis annuellement dans la croissance de la bannière, mais également dans l’amélioration de son bilan environnemental.
Il faut savoir que Sobeys voit maintenant les affaires en vert. Ce virage écologique, le géant de l’alimentation l’a pris de façon graduelle. Au fil des ans, ses politiques en matière d’aménagement ont évolué afin de faire place à des matériaux plus écologiques et à des équipements moins énergivores. À chaque nouveau projet, les mesures les plus profitables devenaient ses nouveaux standards d’aménagement.
C’est suivant ces nouveaux principes que la construction du IGA de Saint-Pascal-de-Kamouraska a été planifiée en 2005. « La plupart des solutions et des innovations mises de l’avant à Saint-Pascal avaient été expérimentées auparavant, expose Simon Bérubé, directeur de l’aménagement commercial pour Sobeys. C’est aussi vers cette époque que le Conseil du bâtiment durable du Canada publiait la première version de LEED-NC. »
En juin 2006, la nouvelle épicerie d’une superficie de 18 000 pieds carrés a ouvert ses portes. Comme le supermarché répondait à la plupart des exigences de la version canadienne de LEED, Simon Bérubé et son équipe de concepteurs ont décidé de soumettre une demande de certification au CBDCa. Cette certification, niveau Certifié, lui est accordée en novembre 2007. L’organisme n’a toutefois octroyé que 29 points au projet de Saint-Pascal. « On nous a refusé environ 20 points car, lors de sa mise en place, le système était surtout conçu pour évaluer les immeubles de bureaux, et non les bâtiments commerciaux », fait-il observer.
Des mesures vertes
Le supermarché n’en est pas moins ultra-performant, sur le plan environnemental comme sur le plan de l’efficacité énergétique. Par exemple, durant les travaux, des mesures de contrôle de l’érosion ont été mises en place pour ne pas engorger les égouts pluviaux. Le stationnement favorise le transport alternatif en mettant à la disposition des clients et des employés des cases réservées au covoiturage ainsi qu’un enclos à vélos sécuritaire.
Un intercepteur y a en outre été installé afin d’extraire des eaux de ruissellement l’huile s’échappant des véhicules. Des lampadaires dont le faisceau lumineux est dirigé vers le sol ont été parcimonieusement répartis au pourtour du magasin ; ils s’éteignent automatiquement à 23 heures. Des plantes rustiques, donc qui ne nécessitent aucune irrigation, composent l’aménagement paysager.
Au chapitre de la gestion efficace de l’eau, le IGA de Saint-Pascal fait plus que bonne figure. Grâce aux mesures retenues – robinetterie électronique, douches et toilettes à faible débit – l’épicerie consomme 43 % moins d’eau qu’un bâtiment semblable conçu de manière conventionnelle.
Les concepteurs de Sobeys ont également mis l’accent sur la qualité de l’air intérieur. « Les produits employés, comme les peintures, les adhésifs et les scellants, n’émettent aucun composé organique volatil (COV) et tous les matériaux ayant servi à la fabrication des mobiliers, comptoirs et présentoirs, sont exempts de formaldéhyde », illustre le responsable de l’aménagement.
Fait intéressant, les conduits de ventilation sont fabriqués d’un tissu antimicrobien dont les microperforations diffusent l’air sans nuire au confort des occupants. Ces conduits sont assemblés, par section de cinq mètres, au moyen de fermetures à glissière, ce qui en facilite l’entretien. Pour les nettoyer, il suffit de les décrocher et de les laver dans une machine industrielle.
Question de rentabilité
C’est toutefois sur le plan de l’énergie que le IGA de Saint-Pascal se distingue le plus. Pour réduire la dépense énergétique, l’équipe d’aménagement de Sobeys a opté pour une toiture blanche, ajouté un mur solaire sur la façade sud, installé des lampes T-5 et instauré de rigoureuses procédures de démarrage et de révision des équipements électromécaniques.
« Dans un supermarché, la gestion de l’humidité, avec les portes qui s’ouvrent et se referment constamment, s’avère délicate, mentionne le gestionnaire. Car pour déshumidifier l’air, on doit climatiser, ce qui à la longue nuit au confort. Pour éviter ce problème, on doit donc aussi chauffer l’air. » La solution : récupérer la chaleur émise par les compresseurs du système de climatisation et de réfrigération.
« Grâce à cette combinaison de mesures avant-gardistes, le magasin est de 48 % plus efficace qu’un bâtiment semblable construit selon les exigences du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNEB), en plus d’être entièrement autosuffisant sur le plan du chauffage, souligne Simon Bérubé. On avait prévu récupérer notre mise en un an mais, grâce aux programmes de subvention auxquels on avait droit, cette période a été ramenée à zéro. »
Propriétaire Sobeys Québec
Entrepreneur général Construction Dutran
Architecture Larochelle Peirolo
Génie électromécanique Groupe conseil Meconair
Génie civil et structural AXYS
Consultant LEED Atelier 21
Parmi les mesures écologiques préconisées au IGA de Saint-Pascal, soulignons les suivantes :
- Recours prioritaire aux matériaux et fournisseurs locaux : bois, ardoise, arbres…
- Utilisation d’une membrane de toiture pâle et à faible émissivité
- Emploi d’arbres à grand déploiement créant de l’ombre sur les surfaces asphaltées et réduisant l’accumulation de chaleur
- Emploi d’isolant et de tuiles de plancher dont la fabrication est reconnue comme étant non dommageable pour l’environnement, sans COV ni formaldéhyde
- Utilisation de contreplaqué écologique
- Filtration des particules et hydrocarbures qui se trouvent dans les systèmes de drainage pluviaux des toitures et des aires de stationnement
- Utilisation de robinets électroniques à faible débit
- Emploi du gaz 507 dans le système de réfrigération
- Chauffage du magasin au moyen d’un système au glycol alimenté par la récupération de chaleur du système de réfrigération
- Installation d’un mur solaire fournissant la chaleur nécessaire au préchauffage de l’air frais amené dans le magasin