Deux bâtiments à l’architecture à la fois surprenante et innovante se sont ajoutés au paysage parisien récemment : les tours DUO.
Ce projet développé par Ivanhoé Cambridge et imagé par les Ateliers Jean Nouvel est issu d’un concours organisé par la mairie de Paris en 2012 consistant à développer une parcelle de terrain à l’entrée du quartier Bruneseau, dans le 13e arrondissement.
Situées à proximité des grandes universités de la ville, de la Bibliothèque nationale de France et de la station F., les tours DUO s’inscrivent dans une volonté de densifier certains secteurs de la ville autour d’une forte concentration de transport collectif.
DUO représente le troisième plus haut ensemble de la Ville lumière : la tour Est élève ses 39 étages sur 180 mètres alors que la tour Ouest est composée de 27 étages sur 122 mètres. D’une superficie totale de plus de 106 000 m², les deux bâtiments abriteront des bureaux et un complexe hôtelier, mais également un auditorium, des commerces, des terrasses végétalisées ainsi qu’un espace vert ouvert à tous avec un jardin en belvédère.
Pionnier du WELL
Lorsque le projet des tours DUO a pris forme, la certification WELL était encore marginale, toutefois les intentions des développeurs en termes de bien-être et de respect des enjeux environnementaux étaient déjà bien présentes. « On a voulu dès le début avoir un projet innovant et aux derniers standards de la labélisation, aussi bien environnementale que d’usage », explique Martin Chevallier, directeur Asset Management France chez Ivanhoé Cambridge. Des considérations partagées par le principal locataire, le groupe bancaire BPCE, qui a pris possession en décembre 2021 de ses locaux qui occupent plus de 97 000 m² des tours.
Ce déménagement, prévu au printemps 2022, constitue d’ailleurs un véritable projet d’entreprise pour le groupe BPCE qui relocalisera ainsi plus de 9000 employés. Outre les bureaux administratifs et les aires communes, quelque 6000 postes de travail seront aménagés dans ces nouveaux espaces et officialiseront le passage en mode de travail hybride pour les salariés.
Alors que la tour Est est entièrement occupée par des bureaux, la tour Ouest sera partagée avec un luxueux complexe hôtelier signé Philip Stark, exploité et opéré par le Groupe Laurent Taïeb, en association avec Pascal Donat du groupe Valotel. Toujours en chantier, l’hôtel occupera les 10 étages supérieurs et comprendra 139 chambres, un restaurant et un bar panoramique.
Compte tenu de son ampleur, DUO représente actuellement le plus vaste projet avec la certification WELL Platinum enregistré en France.
Approche bioclimatique
Le projet des tours DUO s’illustre également par ses caractéristiques écoénergétiques, comme le témoignent ses certifications LEED Platinum, HQE Exceptionnel et Effinergie+.
« Nous souhaitions avoir un bâtiment énergétiquement très performant et le projet inclut plusieurs technologies qui nous permettent d’être innovants en ce sens », explique Martin Chevallier. C’est le cas notamment du raccordement au chauffage urbain − dont la chaleur est notamment produite à partir de la valorisation de déchets ménagers − et à la climatisation urbaine. « Le fait d’être branché sur des équipements publics permet d’être plus vertueux en termes de consommation et de production de chaleur et de froid. »
La mise en place de systèmes solaires thermique et photovoltaïque contribue également aux ambitions écologiques du projet. Les panneaux solaires installés sur le toit de la plus petite tour fourniront 100 % de l’eau chaude de l’hôtel, alors que les panneaux photovoltaïques installés sur la grande tour produiront une partie des besoins en électricité de l’ensemble. Une deuxième source de production interne d’électricité sera assurée par la récupération de l’énergie des ascenseurs.
Les besoins énergétiques en éclairage seront quant à eux limités par l’abondante luminosité naturelle qui baigne ces espaces tout en hauteur.
Prouesse technique
On ne peut qu’être impressionné par ce DUO miroitant qui s’incline de cinq degrés sous le ciel parisien. Les deux constructions sont composées de pas moins de 17 façades différentes, tantôt végétalisées, tantôt inclinées, munies de brise-soleils ou de double-peau.
Pour supporter le tout, la structure des bâtiments a été conçue avec une combinaison de béton et d’acier : le tiers inférieur des tours s’appuie sur une superstructure en béton, le tiers central sur une combinaison béton-acier et les étages supérieurs reposent pour leur part sur une structure 100 % en acier, plus légère. Neuf sous-sols, abritant des stationnements, des locaux et des équipements techniques, participent également à la stabilité de l’ouvrage.
Il va sans dire que la réalisation d’une telle construction n’aurait été possible sans l’usage de la modélisation. Plusieurs maquettes ont été réalisées pour représenter chaque centimètre carré des deux tours. Et si la construction a été faite en « full BIM », l’exploitation devrait également bénéficier de cette technologie, afin de permettre un suivi optimal des opérations et une maintenance préventive des installations.
Un projet avant-gardiste d’une telle ampleur est non seulement emblématique pour Ivanhoé Cambridge, mais pave aussi la voie pour de futurs développements dans le domaine de la construction innovante et durable. « Les gens sont attentifs aux différentes évolutions qu’il peut y avoir sur un bâtiment comme celui-ci, car ce qu’on a mis en place sur DUO pourra éventuellement être reproduit sur un bâtiment de taille plus réduite dans deux ou trois ans. »
Sources : Ivanhoé Cambridge, Ateliers Jean Nouvel