Regard sur le concept futuriste de la Solar City Tower : un bâtiment d’acier de 105 mètres de hauteur pourvu de turbines hydroélectriques et d’une centrale photovoltaïque.
Dans le cadre d’un concours organisé par la ville de Rio de Janeiro pour les infrastructures destinées aux Jeux olympiques (JO) de 2016, le cabinet suisse RAFAA Architecture & Design a soumis une tour solaire démontable, la Solar City Tower. Destinée à être construite sur l’île de Cotunduba, dans la baie de Rio de Janeiro, son concepteur y voit une icône environnementale, voire une signature verte pour l’évènement international de 2016.
Rafael Schmidt, architecte et président de la firme RAFAA présente son projet, élaboré en 2010, avec l’élan d’un passionné qui veut bousculer les schèmes de pensée habituels : « L’idée était de susciter la réflexion et de proposer à Rio de Janeiro de marquer, une fois de plus, le mouvement écologique. Il y a d’abord eu le Sommet de la Terre en 1992, qui a propulsé le développement durable à travers les frontières. J’ai imaginé les JO de 2016 comme une autre étape majeure issue de cette ville. Notre tour symbolise la technologie au service des villes et de ses habitants, avec, au premier plan, une production énergétique propre et renouvelable. »
Le concept s’articule autour d’un bâtiment d’acier de 105 mètres de hauteur, équipé de turbines hydroélectriques et d’une centrale photovoltaïque de 85 mètres carrés d’aire de captation. Parmi les lieux publics créés, on compte un amphithéâtre, des boutiques, une cafétéria et des terrasses d’observation. En tout, ce sont 164 mètres carrés d’espaces intérieurs et extérieurs, partagés sur 15 planchers. Le coût du projet s’apparente davantage à celui d’une centrale énergétique qu’à une simple tour d’observation. Projet estimé à 200 millions de dollars, les équipements solaires retiennent 75 % du budget total.
L’objectif de l’architecte était de donner le ton aux premiers JO à empreinte carbone nette zéro. L’énergie photovoltaïque était destinée au village olympique alors que les surplus devaient servir à pomper l’eau au sommet de la tour, dans des réservoirs, pour générer de l’électricité en différé.
Pourtant, le projet restera sur la table à dessin. « Les propriétaires de bâtiments d’une telle envergure visent généralement une marge de profits de 6 à 8 %, explique l’architecte. Dans ce cas, les coûts d’équipement sont tels qu’un profit est impossible à obtenir, enfin pour le moment. De plus, notre concept possède encore plusieurs défis techniques non résolus. »
D’un point de vue strictement énergétique, le concept actuel n’est pas viable, reconnaît illico Rafael Schmidt. C’est que les pertes énergétiques sous forme de chaleur dissipée rendent le bilan énergétique des turbines négatif. D’ailleurs, les puissances des panneaux photovoltaïques et des turbines n’ont jamais été arrêtées. Toutefois, l’exercice était davantage destiné à stimuler la réflexion sur l’ère post-pétrolière que sur la technologie à proprement dit. Rafael Schmidt a aussi gagné son pari de populariser l’idée de faire des premiers JO carboneutres.
Selon l’architecte, qui a discuté avec des experts en énergie maintes fois depuis la publication de son projet, « on aurait besoin d’une centrale solaire 10 fois plus puissante pour produire l’énergie souhaitée. Et en plus, comme l’eau saline est plus corrosive que l’eau douce, l’efficacité des turbines serait moindre ».
Certains éléments de la tour avaient pourtant été bien réfléchis. Notamment, sa structure, qui aurait été construite pour les JO, puis démantelée pour redonner à ce repère géographique qu’est l’île Cotunduba, un caractère plus naturel. Érigée sur une structure d’acier, la tour démontable aurait pu être réutilisée pour les JO subséquents. La base avec les panneaux solaires serait demeurée sur place et l’énergie produite aurait servi à alimenter les favelas environnantes. En fin de vie, la structure d’acier aurait pu être recyclée. L’amélioration des conditions de vie dans les bidonvilles de cette île aurait été une résultante du passage de JO. Bref, ce sont une foule d’idées qui, pour leur part, verront peut-être le jour.
Solar City Tower a remporté un prix au Green Good Design en 2011, dans la catégorie Architecture verte.
Schéma détaillé
* Marie-Ève Sirois est cofondatrice d’Écobâtiment