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3 décembre 2013

Retour sur Greenbuild 2013 en compagnie du premier Québécois à détenir le titre de Fellow LEED. Impressions et coups de cœur.
Par Martin Roy, président de Martin Roy et associés

Comme chaque année depuis 20 ans, se tenait tout récemment aux États-Unis le plus grand salon en construction verte au monde, le Greenbuild, cuvée 2013. Au programme, une multitude de conférences pour la plupart inspirantes ; quelques-unes, plus techniques, dont l'une particulièrement intéressante portant sur la maison passive (Passive House), ont su répondre aux attentes les plus diverses, bien que ces exposés constituent davantage un survol plutôt que de faire l'objet d'une exploration en profondeur des questions abordées.

Un thème récurrent cette année : la part de l'éducation dans le mouvement du bâtiment durable avec entre autres, le Green Apple Day du USGBC dont la mission est de s'assurer que chaque étudiant aura l'opportunité de fréquenter une école verte au cours de la présente génération.

Je ne peux passer sous silence l'effort de Ron Finley, dont le projet est de déclencher une révolution (horti)culturelle, rien de moins, en aménageant des terrains vacants en jardins urbains partout sur le territoire centre-sud de Los Angeles, qualifié de désert alimentaire. Ce jardinier-gangster (gangster-gardener) autoproclamé s'est vu inculpé par la justice en 2010 pour avoir semé des légumes dans l'espace vacant en face de chez lui. Et ainsi débuta la révolution.

Fort de son esprit contestataire, pour offrir des solutions de remplacement aux fast-foods dans un quartier où « les drive-in tuent plus de gens que les gangsters qui vous tirent dessus depuis leur voiture », Finley poursuit sa mission de transformer les déserts alimentaires en forêts alimentaires, une ville à la fois. Il  partage sa philosophie avec les jeunes et moins jeunes de sa communauté afin de créer un carrefour communautaire où tous pourront apprendre comment le jardinage peut devenir un outil pour transformer une communauté. En initiant les enfants au jardinage, il les amène à se responsabiliser et à s'investir dans leur communauté afin d’adopter un style de vie plus durable. Tout simplement édifiant !

Coups de coeur de Greenbuild - Photo de Oscar Einzig

L'enthousiasme des participants était particulièrement tangible. Nous étions submergés par une assemblée très dans le mouvement qui contribuait grandement à l'exaltation de cette grand-messe annuelle du bâtiment durable. Je n'ai pas l'impression que le mouvement s'essouffle, loin de là, bien que le taux de participation semble s'être amoindri, si on le compare à celui de la conférence de Phoenix d'il y a quatre ans. Peut-être s'agit-il d'une question d'économie...

Moult conférences, donc,  difficile d'élaborer un horaire bien établi. À cause d'une mauvaise synchronisation avec mon téléphone intelligent, une des conférences à laquelle je devais assister a été décalée d'une heure... bref, je l'ai manquée. Une logistique du congrès un peu mieux assumée aurait été appréciée.

Pour ce qui est de l'exposition en soi, quantité d'éléments, mais fort heureusement, regroupés par thèmes. Contrairement aux années précédentes, le bois était bien représenté, surtout pour les revêtements intérieurs. Le bambou était à l'honneur sous une forme dénommée plyboo, laminé à la manière du plywood et incrusté de jolis motifs produisant un très bel effet texturé.

Coups de coeur de Greenbuild - Photo de Oscar Einzig

Un coup de cœur, la fenestration. L'exposition regorgeait de fenêtres intelligentes, smart windows qui changent de teinte selon les rayons du soleil. Toutefois, ce produit n'est pas tout à fait adapté à notre climat québécois.

Je ne peux passer sous silence cette compagnie allemande, Internorm, qui conçoit des fenêtres avec un système de ventilation intégré. On se souvient des vieilles fenêtres que l'on retrouvait dans nos vieilles maisons qui avaient trois trous couverts d'une palette de bois et qui servaient à ventiler les intérieurs, l'hiver. Il y a quelques années, des compagnies avaient commercialisé des « trickle ventilators » munis d'infimes ouvertures dans le bas des fenêtres laissant passer une petite quantité d'air.

Cependant, ces fenêtres de conception allemande vont encore plus loin. Elles sont munies d'un système d'échangeur de chaleur qui prend l'air à l'intérieur et à l'extérieur de la pièce, et alors un échange d'air s'effectue. Ces fenêtres motorisées et contrôlables sont dotées d'une technologie assez impressionnante. Cette compagnie propose aussi du verre triple avec un verre additionnel servant à y insérer un store rétractable. Elle offre aussi du verre quadruple qui s'avère très intéressant.

Plusieurs compagnies fabriquent des panneaux radiants qui s'installent dans les plafonds suspendus. En règle générale, ces panneaux sont faits en aluminium avec un tube de cuivre qui y est inséré, mais qui ne distribue pas la chaleur uniformément sur la surface du panneau. Il existe maintenant des panneaux en graphite munis d'un tube en cuivre qui diffuse une chaleur plus homogène. Seulement au toucher il était possible de sentir le transfert de chaleur. Une innovation assurément à surveiller.

Le graphite se retrouve également dans les produits d'isolation BASF qui, selon les dires du manufacturier, procurent 20 % de plus de résistance thermique, et ce, sans augmenter l'épaisseur du matériau.

Coups de coeur de Greenbuild - Photo de Oscar Einzig

Les panneaux photovoltaïques étaient aussi en vedette lors de cette exposition. Mentionnons cette compagnie de structures pv qui manufacture des abris d'auto permanents avec des panneaux photovoltaïques, concept digne d'intérêt pour des bâtiments net-zéro. De plus, ils peuvent servir à alimenter une voiture électrique, dans ce cas-ci, une BMW telle qu'on nous la présentait, lors de cette exposition. Le photovoltaïque se retrouve également dans le revêtement de toiture sous forme de bardeaux souples.

Il est maintenant possible d'avoir du pv et du solaire thermique intégré dans un même capteur. Nous pouvons obtenir l'équivalent d'un mur solaire, mais avec des collecteurs d'énergie solaire dont les cellules photovoltaïques transforment 15 % de l'énergie du soleil pour en faire de l'électricité et le reste de la chaleur est transmise au conduit où l'air circule, ce qui s'avère très avantageux pour les thermopompes assistées par l'énergie solaire.

Le Québec occupait une place de choix avec son kiosque localisé au centre du hall. Un incontournable, donc, où plusieurs manufacturiers québécois présentaient leurs nouveautés dont un qui fabrique un matériau isolant à base de fibre de bois qui ressemble à de la laine. On y trouvait aussi de la laine végétale isolante à base de chanvre.

Coups de coeur de Greenbuild - Photo de Oscar Einzig

Le ministre Jean-François Lisée a honoré Greenbuild de sa présence, se trouvant à la tête d'une mission commerciale au cours de laquelle il a mis de l'avant l'excellence des secteurs québécois dans l'écoconstrucion. Il accompagnait une vingtaine d'entreprises et d'organismes québécois en bâtiment durable. Une vitrine promotionnelle considérable pour nos exposants québécois !

Autre nouveauté qui suscite l'intérêt, l'éolienne Urban Energy qui donne de 1 à 5 kilowatts de puissance. Plutôt attrayante du point de vue esthétique sur son axe vertical, elle doit par le fait même faire moins de bruit et occupe assurément un moins grand espace que les éoliennes traditionnelles. Autre avantage, elle ne nécessite pas d'être dirigée vers le vent, ce qui constitue un avantage en milieu urbain.

Dignes de mention, les murs-rideaux conçus avec du verre triple. L'industrie commence à les commercialiser de plus en plus. Tout indiqué pour notre climat et spécifiquement alléchant pour des enveloppes performantes.

Pour conclure, quelques non-sens qui ne peuvent être passés sous silence... La plupart des exposants disposaient d'objets promotionnels tout de plastique conçus, yo-yo, stylos, et autres babioles Made in China qui laissent pantois... Est-ce que ces gadgets douteux participent vraiment à la philosophie « développement durable » ? J'ai pu voir des chauffe-patios qui chauffent l'extérieur… On peut se questionner à savoir si cela a sa place dans ce genre de trade show...

Mais, somme toute, l'expérience s'est avérée positive. J'ai aimé la sensation de faire partie d'une communauté dont les acteurs évoluent dans le même sens. Philadelphie est vraiment une belle ville à découvrir, une première pour moi. Ils ont su conserver une large part de leur vieille architecture et le fait que cette ville ne soit pas aussi énorme que NYC la rend des plus séduisantes et tout à fait propice aux conférences de ce genre.