Le Complexe des sciences du Campus MIL de l’Université de Montréal : un bâtiment durable en devenir qui promet de se poser en exemple sur le plan de l’utilisation innovante de l’aluminium.
Sur le site de l’ancienne gare de triage ferroviaire Outremont, à Montréal, prend forme depuis l’automne 2016 un immeuble qui fera figure de vitrine sur l’intégration innovante de produits et systèmes en aluminium. Car son design fait la part belle à l’utilisation de ce matériau non seulement dans une perspective durable, mais aussi dans des applications architecturales ingénieuses.
Ce bâtiment en devenir, dont le coût s’élève à quelque 350 millions de dollars, c’est le Complexe des sciences de l’Université de Montréal (UdeM). Briguant une certification LEED-NC, niveau Or, il constitue le premier maillon immobilier d’un grand projet de requalification urbaine qui se traduira par le déploiement du Campus MIL – faisant allusion à sa localisation au milieu de l’île – de l’UdeM sur la vaste friche industrielle située à la jonction des quartiers Outremont, Mile End et Parc-Extension ainsi que de Ville de Mont-Royal.
Conçu par un consortium réunissant Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes (MSDL), Lemay et NFOE, le Complexe des sciences accueillera dès l’automne 2019 quelque 2 000 étudiants et 200 professeurs des départements de chimie, de physique, de géographie et de sciences biologiques. Il abritera des salles d’enseignement, des laboratoires, des bureaux, une bibliothèque, une agora et autres milieux de vie.
L’ensemble de 60 000 mètres carrés s’articulera autour de deux pavillons, les pôles Sciences et Enseignement, s’élevant de part et d’autre de l’axe nord-sud formé par le prolongement de la rue Wiseman. Ces deux volumes seront liés du sous-sol au rez-de-chaussée par la bibliothèque qui, elle, se dévoilera en paliers multiples surmontés d’un aménagement public verdoyant.
Logeant résolument à l’enseigne de la modernité, ce complexe empreint de transparence mettra en valeur l’aluminium sous plusieurs formes. Un choix conceptuel qui se reflétera au premier chef dans la composition des façades, lesquelles seront toutes enveloppées de murs-rideaux mariant l’utilisation du verre et du métal gris. Et qui trouvera écho, vu de l’extérieur, jusque dans le design d’une passerelle piétonne enjambant une voie ferrée pour relier le site à la station de métro Acadie.
« L’espace interstitiel paysagé se déployant au-dessus de la bibliothèque, c’est ce que nous appelons la Ligne bleue, explique l’architecte Jean-Pierre LeTourneux, associé chez MSDL, puisqu’il s’agit d’une transposition hors sol de cette ligne de métro sur laquelle sera assis le Complexe des sciences. Et la passerelle de 20 pieds de large s’inscrivant dans le prolongement de ce parcours linéaire sera constituée d’une structure d’acier enveloppée d’un bardage d’aluminium, dont seront également constitués ses hauts garde-corps.
« Le recours à ce matériau, poursuit-il, nous permettait de donner à cette structure la forme voulue, soit celle d’une coque se profilant comme un grand vaisseau pour ainsi dire. Mais aussi de l’inscrire dans la continuité de l’expression scintillante et réfléchissante que confèrent les murs-rideaux de verre et d’aluminium aux pavillons. »
L’aluminium trouvera aussi une application bien particulière de l’autre côté de ces murs-rideaux, du moins dans les espaces publics où des stores motorisés servant à contrôler les gains solaires thermiques et l’éblouissement seront adossés au vitrage. Comme la face du boîtier arborant une finition sera orientée vers l’extérieur, les concepteurs se sont encore tournés vers le matériau gris pour dissimuler les mécanismes électriques qui auraient autrement été exposés à l’intérieur du bâtiment.
Intégration ingénieuse
« Nous avons développé un système de « cache-stores », pour reprendre l’appellation que nous lui donnons, soit un pliage en aluminium qui épouse la forme du boîtier et qui permet de l’intégrer de façon esthétique à l’architecture du bâtiment », précise Jean-Pierre LeTourneux, en soulignant que l’aluminium sera aussi bien en vue sous d’autres applications dans les espaces publics. Plus particulièrement dans les garde-corps donnant sur de grands vides architecturaux dans les atriums, les plafonds perforés utilisés pour le traitement acoustique de ces lieux et le revêtement d’escaliers intérieurs.
Mais là ne s’arrête pas l’utilisation innovante de l’aluminium dans la foulée de ce projet, car les concepteurs de celui-ci l’ont aussi notamment mis à profit pour favoriser l’intégration architecturale des imposantes salles mécaniques surmontant le complexe. En misant en alternance sur la présence de murs-rideaux pour une partie des façades, d’une part, et de persiennes d’aluminium servant aux sorties et retours d’air, d’autre part.
« L’aluminium offre énormément de possibilités sur le plan architectural, observe en concluant l’architecte associé de MSDL. Parce que c’est un matériau pérenne malléable et que l’on peut plier, perforer et couper pour lui donner toutes les formes inimaginables. »
C’est sur le site où s’élève le Complexe des sciences de l’UdeM, qui intègrera l’aluminium dans son ADN, que se déroulait l’automne dernier le lancement officiel du chantier Bâtiments et construction durable d’AluQuébec. L’événement réunissait des architectes, ingénieurs, entrepreneurs et autres acteurs du milieu de la construction, interpellés par l’optimisation de l’utilisation de l’aluminium dans le bâtiment en sol québécois.
De gauche à droite sur la photo : Jean-Pierre LeTourneux, architecte, associé chez MSDL; Marie-Élaine Jacome, coordonnatrice de projets et responsable des chantiers d’AluQuébec; Robert-Jan van Santen, architecte, VS-A (confériencier international invité au lancement); Marie-Lapointe, PDG d’AluQuébec; et André Cardinal, architecte, associé chez Lemay et coprésident du chantier Bâtiments et construction durable.
Le Complexe des sciences de l’UdeM logera à l’enseigne du développement durable. Parmi les mesures écologiques et éconergétiques intégrées au design du bâtiment figurent notamment les suivantes :
- utilisation de matériaux recyclés, en bonne partie, et sans COV;
- optimisation de l’apport de luminosité naturelle;
- recours à des systèmes d’éclairage au DEL;
- utilisation de plusieurs roues thermiques afin de préchauffer l’air frais nécessaire (550 000 pcm) pour ventiler le complexe et réduire la facture d’énergie pour le chauffage électrique;
- gestion des déchets de construction avec tri à la source et envoi au recyclage;
- gestion des eaux de pluie avec des bassins de rétention;
- création d’espaces verts et de voies de communication avec les quartiers avoisinants.
Propriétaire : Université de Montréal
Gestionnaire du projet : Decasult
Architecture : Menkès Shooner Dagenais LeTourneux I Lemay I NFOE Architectes
Génie structural et civil : SDK
Génie électromécanique : BPA / PMA / SNC-Lavalin
Entrepreneur général : EBC inc.
Architecture de paysage : Projet Paysage