CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Présent dans plusieurs alliages qui composent nos immeubles, que ce soit dans les matériaux bruts ou dans les recouvrements, le chrome a un impact négatif sur l’environnement et la santé humaine. Plusieurs pays voisins ainsi que le nôtre commencent à adopter de meilleurs procédés.
Selon le site Canadiens en santé [1], plus de 70 % du chrome présent dans l’environnement provient de sources anthropiques et celui-ci peut causer des tumeurs chez l’humain. Une fois le chrome transformé, il devient peu ou pas toxique. Cependant, sous sa forme hexavalente, il est classé comme carcinogène et tératogénique pour l’humain. Les industries de fabrication incluant le chrome dans leurs procédés sont donc habituellement régies par certaines lois et certains règlements pour diminuer les risques de contamination dans l’environnement et chez l’humain.
La source commerciale de chrome est la chromite. Nous avons, au Québec, 250 sites d’extraction de cette matière. Dans l’industrie du recouvrement, le chrome est utilisé pour son caractère résistant à la corrosion, sa dureté et solidité dans la fabrication de certains métaux, tels des alliages de fer, d’acier inoxydable, la fonte et le mortier, ainsi que dans nos peintures liquides sous forme de sels hexavalents, forme toxique pour l’humain ainsi que pour l’environnement. Sa forme soluble lui permet une grande mobilité dans les écosystèmes et les systèmes d’eau.
À la suite de plusieurs études qui ont toutes conclu à une problématique importante sur la santé de l’environnement et des humains, plusieurs procédés d’extraction du chrome ont été développés. Il peut maintenant être traité ou encore mieux, remplacé dans la plupart des procédés. Presque tous les recouvrements offrent d'ailleurs l’option de recouvrement avec ou sans chrome. Cependant, la mise en avant de cette alternative n’est pas assez présente. Il s’agit donc de bien choisir.
Une influence sur le prix de revente
Avec l’environnement en avant-plan, un article portant sur le « brown discount » écrit par Katherine Dunn, dans le numéro du 12 novembre 2021 du magazine Fortune [2], nous annonce des baisses de prix à la revente d’immeubles non durables, phénomène qui commencerait en Europe et au Royaume-Uni. Nous pouvons comprendre que ce sera une tendance qui apparaitra aussi ici bientôt.
L’environnement est important ! Avec le Code du bâtiment qui s’affine, les communications gouvernementales qui continuent et la population qui, de plus en plus, recherche l’information concernant les impacts environnementaux de sa consommation, nous pourrions voir nos choix d’aujourd’hui en fait de matériaux de construction nous hanter dans quelques années. La pression sociale causera des pertes, car les bâtiments moins « verts » ne seront plus prisés tels qu’ils le sont aujourd’hui. Mais… est-ce un problème ? Un bâtiment plus « vert » sera naturellement mieux isolé, aura une meilleure qualité d’air d’intérieur, nécessitera moins de rénovations entreprises en raison de la piètre qualité des matériaux… Dans ce cas-ci, écologie pourrait se mélanger à qualité! Un projet bien géré aura le même cout que n’importe quel autre, mais un meilleur prix de revente. Un concept alléchant !
Maintenant, de manière réaliste, la majorité des bâtiments seront encore présents pour plus de 30 ou même 40 ans. Nos choix d’aujourd’hui entraineront des répercussions demain. Le meilleur moment pour agir était donc hier, ou plutôt maintenant.
*Josée Comeau est directrice des ventes chez Signé Hurtubise et bénévole au comité des communications de Bâtiment durable Québec.