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Les pavillons Lassonde de l’École Polytechnique

11 avril 2010
Par Rénald Fortier

Le premier projet à obtenir la certification LEED au Québec : les pavillons Lassonde de l’École Polytechnique de Montréal.

À l’automne 2005, le U.S. Green Building Council (USGBC) accordait la certification LEED-NC, niveau Or, aux pavillons jumeaux Claudette-MacKay-Lassonde et Pierre-Lassonde. Avec une récolte de 46 points – le plus haut pointage obtenu à l’époque à l’échelle du Canada – sur une possibilité de 69, ces deux bâtiments intégrés par un atrium se posaient dès lors comme une référence en matière de construction en sol québécois. 

Michel Rose, directeur du service des immeubles de Polytechnique, n’en est pas peu fier encore aujourd’hui : « Conscients qu’en Amérique du Nord les bâtiments génèrent à eux seuls le tiers des émissions de gaz à effet de serre, nous avons répondu concrètement au défi des changements climatiques par les nombreux moyens mis de l’avant pour nos pavillons Lassonde. Selon la moyenne canadienne, et sur un horizon de 40 ans, nos choix et nos économies énergétiques permettront à eux seuls une réduction équivalant aux émissions de CO2 que rejetteraient 20 000 voitures pendant toute une année. 

« Mais surtout, poursuit cet ingénieur, nous avons alors réussi à démontrer qu’il était possible de livrer des bâtiments durables tout en composant avec un budget et un échéancier serrés. Comme nous étions les premiers à viser LEED au Québec, ce n’était pas une mince tâche que de décrocher la certification, surtout de niveau Or. Mais l’équipe de projet s’est mobilisée autour de l’objectif à atteindre, avec le résultat que l’on connaît aujourd’hui. » 

Les pavillons Lassonde ont pris forme sur le flanc nord du mont Royal, entre 2002 et 2005, au coût total de 104,9 millions de dollars, conformément au budget établi. Les deux bâtiments totalisent 32 700 mètres carrés bruts, sans compter leur stationnement intérieur de 6 000 mètres carrés. Ils logent notamment les départements de génie électrique, de génie informatique et génie des logiciels de l’institution d’enseignement montréalaise, ainsi que deux étages de salles de cours modernes, son service informatique et sa bibliothèque. 

« Nous avions décidé dès le départ de nous inspirer du concept de bâtiment vert, relate Michel Rose. Cette intention était d’ailleurs spécifiée dans nos appels de candidatures émis à l’intention des firmes de services professionnels. On y indiquait notamment que les mesures inhérentes à ce concept devraient minimiser les coûts d’entretien et d’exploitation, en plus de favoriser au maximum l’économie d’énergie, sans pour autant augmenter les coûts de construction. » 

Sur le plan de l’aménagement écologique des sites, Polytechnique a notamment vu à la mise en place d’un plan de contrôle de l’érosion et de la sédimentation ; au captage de l’eau de ruissellement ; à l’extraction de quelque 12 000 tonnes de sol contaminé naturellement ; à la mise en place d’infrastructures favorisant le transport alternatif, à l’installation d’un éclairage extérieur ne produisant pas de pollution lumineuse ; à la végétalisation d’une partie de la toiture, le recouvrement de l’autre partie étant constitué de pierres blanches. 

Du côté de l’utilisation efficace de l’eau, les mesures préconisées permettent de réduire d’au moins 92 % les besoins en eau potable pour tous les appareils sanitaires par rapport à un bâtiment standard comparable. Le système de rétention contribue à alimenter le fonctionnement des toilettes avec les eaux de drainage et de toitures récupérées. En faisant appel à des espèces indigènes, l’aménagement paysager ne requiert pas de système d’irrigation. Au nombre des autres solutions préconisées à ce chapitre, soulignons l’installation de robinets et d’urinoirs à détection de présence ainsi que de toilettes à très faible débit. Quelques toilettes à chasse double ont aussi été installées. 

Parmi les actions prises à l’égard de l’énergie et de l’atmosphère figure le recours au commissioning et à l’immotique.  L’appel à des technologies efficaces et la récupération de la chaleur des gaz de cheminée des chaudières existantes sont à la source d’une performance énergétique dépassant largement les normes établies.  Notons aussi l’utilisation de HFC-134a plutôt que des CEC, HCFC ou halon comme réfrigérant dans les systèmes CVAC&R. 

Du côté des matériaux et ressources, Polytechnique avait notamment mis en place un plan de gestion des déchets de construction, auquel les entrepreneurs ont dû souscrire par écrit, avec pour résultat que 82 % des débris de chantier ont pu être détournés de l’enfouissement. Mentionnons également l’utilisation de bois de coffrage usagé, de béton ternaire, d’acier recyclé ainsi que de mobilier et de portes dégageant peu de COV et d’urée formaldéhyde. 

Au nombre des mesures touchant l’environnement intérieur, on note l’accent mis sur la prévention des problèmes de l’air et sur le maintien de la santé des occupants. Tout comme la gestion de la qualité de l’air intérieur durant la construction pour éviter les problèmes de contamination au moment de l’occupation des pavillons. 

Si toutes ces stratégies et mesures durables ont contribué à l’obtention de crédits LEED, d’autres ont été préconisées malgré qu’elles ne puissent pas être prises en compte par le système d’évaluation du USGBC. C’est ainsi qu’une entente a été conclue avec l’Association des ébénistes du Québec pour récupérer les arbres se trouvant à l’emplacement du projet, mais qui ne pouvaient être transplantés sur un autre site comme ce fut le cas pour certains. On a ainsi pu donner une seconde vie au bois en le destinant à la fabrication artisanale de meubles.

Équipe de projet

Propriétaire École Polytechnique de Montréal

Mandataire du projet Services CGP

Gérance de construction Groupe Axor

Architecture Consortium Saia  et Barbarese architectes / Desnoyers Mercure et associés / Menkès Shooner Dagenais architectes

Génie mécanique et électrique Consortium Bouthillette Parizeau / Pageau Morel

Génie civil et structural Pasquin St-Jean et associés

 

Faits saillants
  • Réduction de 92 % de la consommation d’eau potable pour les fins sanitaires
  • Performance énergétique de 60 % supérieure à la norme du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments
  • Détournement de 82 % des déchets de construction de l’enfouissement
  • Utilisation de 44 % de matériaux fabriqués localement, dont 53 % ont également été extraits localement

 

Mesures durables
  • Récupération de la chaleur des gaz de cheminée des chaudières existantes pour combler les deux tiers des besoins en chauffage des pavillons
  • Système de régulation et de contrôle (Bacnet) permettant un suivi continu des besoins en énergie et en eau
  • Détecteurs de présence éteignant automatiquement la lumière et la climatisation dans les locaux situés en périphérie
  • Éclairage à haute efficacité
  • Aménagement d’une toiture végétale-minérale (gazon et pierre blanche)
  • Peintures, recouvrements, mobilier et portes dégageant peu ou pas de composés organiques volatils ou d’urée formaldéhyde
  • Captage de l’eau de pluie et de drainage pour l’alimentation des appareils sanitaires
  • Apport important de lumière naturelle (50 % des surfaces extérieures) et fenestration à double vitrage et à faible émissivité
  • Fumée de silice incorporée dans le béton
  • Supports pour 170 bicyclettes
  • Aménagement paysager composé d’espèces indigènes ne nécessitant pas de système d’irrigation
  • Accès au métro et proximité des circuits d’autobus
  • Réhabilitation de sols contaminés
  • Appareils sanitaires à faible débit
  • Robinetterie et appareils sanitaires pourvus de capteurs infrarouges
  • Contrôle de la qualité de l’air intérieur à l’aide de sondes de CO2
  • Éclairage extérieur ne générant pas de pollution lumineuse
  • Commissioning des systèmes électromécaniques

 

Crédits LEED
Critères d’évaluation Points
Aménagement écologique des sites11
Gestion efficace de l’eau05
Énergie et atmosphère12
Matériaux et ressources06
Qualité des environnements intérieurs07
Innovation et processus de design05
Total46