Un aménagement intérieur écologique qui s’articule tout autour de l’éclairage naturel.
Une large porte coulissante faite d’un bois qui a visiblement une histoire à raconter, une réception s’étalant sur des plaques d’acier brut d’une autre époque, une grande cloison vitrée s’ouvrant sur des aires de travail baignées de la lumière du jour… Autant d’indices qui laissent deviner, dès le premier regard, la dimension écologique imprégnée à l’espace locatif qui se profile au huitième étage du vénérable Canada Cement Building, dans le centre des affaires de Montréal.
Ce lieu, c’est le bureau 800 du 606, rue Cathcart, un édifice construit au début des années 20 et dont le style architectural se réclame de l’école de Chicago. Et c’est là où loge AEdifica depuis l’automne 2010. L’entreprise y occupe 25 000 pieds carrés, répartis sur deux niveaux : plus de la moitié du huitième, où se trouvent l’accueil, les salles de conférence et de réunion ainsi que les services administratifs ; et la totalité du neuvième, où s’activent des équipes d’architecture, de design intérieur et d’ingénierie.
Rien de surprenant à ce qu’il s’agisse de locaux écologiques quand on sait qu’AEdifica, que ce soit à titre de concepteur ou de consultant, a laissé son empreinte sur une trentaine de bâtiments durables au Québec depuis la fin des années 90. Comme le Locoshop du Technopôle Angus, le Complexe des sciences Pierre-Dansereau de l’UQAM, le siège social d’Air Transat et l’aérogare de Kuujjuaq pour couper court à l’énumération.
Alors de là à draper de vert ses propres espaces, il n’y avait qu’un pas qu’AEdifica a franchi d’un trait dans la foulée de sa relocalisation, devenue nécessaire pour rapatrier tous ses effectifs sous un même toit. « L’aménagement écologique de nos bureaux était incontournable, dit sans hésiter Audrey Monty, architecte chargée de projet. L’entreprise désirait non seulement fournir un milieu de vie sain et agréable à son personnel, mais aussi prêcher d’exemple. Parce que pour promouvoir le vert, encore faut-il y adhérer soi-même. »
C’est ainsi que le processus design, mené par les professionnels d’AEdifica, a été guidé de bout en bout par la volonté d’y apposer le sceau LEED-CI (Commercial Interiors), niveau Argent. Au terme des interventions, réalisées entre le printemps et la fin de l’été 2010, ce sont 29 crédits qui ont été soumis à l’examen du Conseil du bâtiment durable du Canada. Le résultat était toujours attendu au moment d’écrire ces lignes.
Un choix éclairé
Les visées environnementales d’AEdifica ont à coup sûr pesé dans la balance au moment du choix de son futur emplacement. Après de longues recherches, elle a jeté son dévolu sur le Canada Cement Building en raison notamment de sa localisation au centre-ville et du potentiel qu’il offrait sur le plan de l’aménagement. Sans compter, bien sûr, que l’entreprise pouvait y disposer de l’espace requis pour loger 130 collaborateurs – elle en compte environ 120 actuellement.
Il faut savoir que cet immeuble en forme de « U » montre une fenestration abondante sur toutes ses façades, une hauteur de plafond généreuse ainsi qu’une structure de béton unique et modulée. « Les fenêtres sont nombreuses, mais elles sont surtout bien disposées, fait remarquer Audrey Monty. Elles commencent à environ deux pieds et demi au-dessus du sol, puis s’élèvent jusqu’à un pied en deçà du plafond. Et le rythme fait en sorte que c’est très agréable au niveau de la diffusion de la lumière. »
Pour tirer le meilleur de cet attribut, les lieux ont été entièrement aménagés en aires communes, exception faite des salles de rencontre et de quelques bureaux fermés. Même que ces derniers se sont retrouvés alignés le long du périmètre intérieur, laissant ainsi place aux postes de travail le long des fenêtres.
Toujours pour optimiser l’apport de l’éclairage naturel, tant au huitième étage qu’au neuvième, les murs et les plafonds ont été peints en blanc. Tout comme l’ont été les planchers en béton, après qu’ils eurent été meulés et sablés. « Cette stratégie a eu énormément d’impact sur l’aspect lumineux des espaces », indique Audrey Monty, en précisant que seulement trois locaux étaient pourvus d’un plancher de bois, dont la cafétéria où l’on a installé du bambou.
L’éclairage artificiel a également fait l’objet d’une attention toute particulière. Elle s’est plus particulièrement traduite par la mise en place d’appareils luminaires T8 à faible teneur en mercure, dont l’efficacité permet de réduire la densité lumineuse et la consommation d’énergie. Aussi, l’installation de certains appareils a été conçue de manière à y fixer des détecteurs photosensibles qui régissent leur fonctionnement.
« Comme nous visions la certification LEED-CI et que nous devions composer avec les systèmes de chauffage, climatisation et ventilation fournis par le propriétaire, observe Audrey Monty, le seul calcul intelligent que l’on pouvait faire sur le plan de la consommation énergétique, c’était celui de la consommation de watts de l’éclairage au pied carré. Alors, c’est pourquoi, nous avons tout mis en œuvre pour le réduire au maximum. »
Une économie de moyens
Là ne se sont évidemment pas arrêtées les interventions visant à verdir le domicile d’AEdifica. Comme le démontrent le recours à des finis à faible émission de COV, la sélection de matériaux à contenu recyclé et de provenance régionale, l’installation d’appareils de plomberie à faible débit, la mise en place d’une aire de stationnement pour les vélos au sous-sol de l’édifice et de douches pour les cyclistes, etc.
Mais la démarche a surtout été marquée par la réduction de matériaux découlant de la conservation des caractéristiques brutes de l’aménagement. Outre le plancher sur lequel a simplement été appliqué un époxy, par exemple, les feuilles d’acier constituant les murs et le plancher de la réception ont notamment été laissées à l’état brut. Tout comme l’acier d’un escalier installé à la suite de la découverte d’une ouverture existante entre les planchers.
L’accent a aussi été mis sur la conservation du maximum d’éléments en place, comme le pannelage de bois de la salle du conseil et du bureau du président, ainsi que sur l’utilisation d’éléments récupérés : la grande porte qui ferme le bureau en dehors des heures de travail, par exemple, a été fabriquée à partir de bois provenant d’une grange.
« Tout a été conçu dans la simplicité, conclut Audrey Monty, car l’idée était d’en arriver à un maximum de résultats avec une économie de moyens. C’est une stratégie qui en vaut une autre et je crois que nous avons bien réussi. »
- Économie d’eau potable de 49,9 % par rapport à un espace locatif d’envergure semblable
- 72 % de l’électricité est consommée par des équipements Energy Star
- 56 % du mobilier de bureau est réutilisé
- La lumière naturelle est présente dans 90 % de l’espace occupé par le personnel
- 75 % des déchets durant les travaux d’aménagement ont été récupérés et recyclés
- Aménagement d’un stationnement pour les vélos au sous-sol de l’édifice et installation de douches pour les cyclistes
- Utilisation de matériaux à contenu recyclé et de provenance régionale
- Recours à des finis (époxy, peintures, enduits, scellants…) à faible émission de COV
- Réduction de matériaux (conservation des caractéristiques brutes de l’aménagement et du maximum d’éléments déjà en place)
- Introduction de matériaux récupérés dans l’aménagement
- Réutilisation du mobilier du 4521, rue Clark, où logeait auparavant l’entreprise
- Optimisation de l’éclairage naturel
- Installation d’appareils d’éclairage éconergétiques
- Disposition des postes de travail au pourtour des fenêtres
- Mise en place d’appareils sanitaires à double chasse (1,1 à 1,6 gallon par chasse) et d’un urinoir sans eau
- Ajout d’aérateurs sur la robinetterie
- Recyclage multimatière