L’agrandissement et la rénovation de l’édifice de l’Atrium, à Québec. Regard sur une véritable cure écologique.
Arrondissement Charlesbourg, Québec. L’édifice de l’Atrium, qui loge le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), est en voie de devenir un immeuble de bureaux à la fois moderne, fonctionnel et écologique. Autant d’objectifs dont l’atteinte est la bienvenue quand on sait qu’il s’agit d’un ancien centre commercial construit au milieu des années 70, puis converti à la fonction administrative après son acquisition par le gouvernement du Québec en 1987.
Piloté par la Société immobilière du Québec (SIQ), le projet de 67,9 millions de dollars est en chantier depuis l’automne 2010. Il se traduit par l’agrandissement de l’immeuble, dont la superficie locative passera de 38 500 à 44 000 mètres carrés, ainsi que par sa rénovation et son réaménagement. Au terme des interventions, à l’été 2013, le MRNF pourra y rapatrier 800 employés occupant des espaces en location ailleurs à Québec, ce qui portera à quelque 2 000 le nombre d’occupants de l’Atrium.
L’agrandissement prend forme au-dessus du troisième étage, où il viendra en compléter le quatrième niveau, ce qui permettra de densifier l’immeuble. Tout comme le réaménagement des postes de travail, dont les dimensions seront ramenées à 7,5 sur 10 pieds, ainsi que la requalification des circulations. « Comme l’édifice est déjà tout à l’horizontale, on voulait que les gains en espaces ne viennent pas élargir son empreinte au sol et qu’ils s’inscrivent ainsi dans une perspective durable », indique Jean Naud, directeur du projet à la SIQ.
« Durable ». Voilà, le mot clé est lâché. Car toutes les interventions prévues dans le cadre du projet convergent vers l’écologisation de l’Atrium. Non seulement sur le seul plan des aménagements intérieurs, pour lesquels la SIQ vise l’obtention de la certification LEED-CI, niveau Certifié – en gardant l’Argent dans la mire, mais aussi sur ceux de la performance globale de l’édifice et du maintien de cet actif.
C’est ainsi que l’on rehaussera sensiblement la résistance thermique de l’enveloppe et que ses parements feront l’objet d’une rénovation complète : remplacement des matériaux en place (par l’utilisation du bois, de la pierre calcaire et de l’aluminium) et réfection du mur-rideau. La toiture de 22 000 mètres carrés, qui est arrivée en fin de vie utile, sera pour sa part entièrement refaite et pourvue d’une membrane blanche réfléchissante pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain.
La fenestration linéaire, elle, sera conservée. L’architecte chargé de projet et concepteur Jocelyn Boilard, vice-président de la firme Régis Côté et Associés, précise : « Elle se comporte encore très bien et comme l’édifice est à 70 % vitré, son remplacement aurait eu des impacts financier et écologique non négligeables. Dans un projet comme celui de l’Atrium, il importe d’établir un équilibre entre les nouvelles composantes et celles pouvant être maintenues en place, de façon à éviter de générer des rebuts indûment. »
Pour que les espaces puissent profiter au maximum de la luminosité offerte par cette fenestration abondante en périphérie, 75 % des pièces fermées seront localisées dans la partie centrale du bâtiment. En outre, on ajoutera trois lanterneaux aux deux qui sont déjà en place et qui seront rénovés, sans compter que l’agrandissement sera entièrement fenestré.
Optimisation éconergétique
L’amélioration de l’enveloppe et le recours à l’éclairage naturel concourront avec les interventions menées du côté des équipements électromécaniques, dont plusieurs sont aussi en fin de vie, à améliorer le rendement énergétique de l’Atrium. À telle enseigne que l’on compte réduire la consommation annuelle de ce bâtiment tout électrique de 35 % par rapport à l’année de référence 2009, ce qui reviendra à retrancher 3,6 millions de kilowattheures sur 13,5 millions. Et à soustraire de la facture énergétique un peu plus de 200 000 dollars par an.
« Au niveau de l’économie d’énergie, nous allons bien au-delà de LEED, souligne Jean Naud. Nous avons des exigences très élevées sur ce plan à la SIQ. Pas seulement dans le cas de l’édifice de l’Atrium, mais pour nos bâtiments en général. »
Les gains d’efficacité énergétique seront principalement obtenus par le remplacement des 75 unités de chauffage et climatisation au toit par d’autres beaucoup plus performantes, à volume variable celles-là. « À l’intérieur, les conduits seront cependant conservés au maximum, ce qui permettra à la fois une économie de coût et de matériaux », fait remarquer l’ingénieur Jean-Pierre Rioux, associé de la société d’ingénierie CIMA +.
La mise à niveau du système d’éclairage contribuera aussi de façon significative à l’abaissement de la consommation d’énergie de l’immeuble, alors que l’on substituera aux luminaires T-12 avec ballasts magnétiques d’autres de type T-8 avec ballasts électroniques. Le contrôle sera centralisé, de façon à permettre la programmation de balayages au besoin, mais sera aussi disponible dans les pièces.
L’utilisation de l’eau potable aussi sera grandement réduite, dans ce cas par le recours à des appareils de plomberie à faible débit. « Le bâtiment existant consommait 22,98 % plus d’eau que les exigences de LEED, indique Jean-Pierre Rioux. Au terme des travaux, la consommation de l’Atrium leur sera inférieure de 38,24 %. »
Plusieurs autres mesures permettront également de verdir l’Atrium : réduction de la pollution lumineuse, récupération de l’ameublement, réemploi de cadres et de portes, rétention des eaux de pluie sur la toiture, réduction de l’apport de matériaux neufs, etc. Et toutes auront été préconisées en fonction du profil particulier de l’immeuble et des contraintes qu’il posait.
« Nous avons fait des choix qui sont différents pour certains de ceux que l’on aurait fait avec un édifice neuf ou en hauteur, mais ils vont assurément permettre de faire de l’Atrium un meilleur bâtiment », observe Jocelyn Boilard.
Et de renchérir Jean Naud en concluant : « La réalisation de ce projet montre qu’on peut faire quelque chose de bien avec un édifice qui a été érigé à une époque où l’on ne tenait pas compte des considérations environnementales. Alors si on peut donner l’exemple, nous n’en seront que plus satisfaits. »
Client Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec
Propriétaire et maître d’œuvre Société immobilière du Québec
Architecture et expertise LEED Régis Côté et Associés
Génie électromécanique CIMA +
Génie structural et civil Aecom Tecsult
Gérance de projet et de construction Verreault
Mise en service exp
- Économie d’énergie annuelle de 35 % (3 600 kilowattheures) par rapport au réel de l’année de référence 2009
- Réduction de la consommation d’eau potable de près de 38,24 % par rapport aux exigences de LEED
- Récupération de 75 % des débris de construction et de rénovation
- Aménagement paysager sans irrigation
- Membrane de toiture blanche
- Rétention des eaux de pluie sur la toiture
- Réduction de la pollution lumineuse
- Densification des espaces intérieurs
- Amélioration de l’efficacité de l’enveloppe
- Nouveaux appareils de plomberie à faible débit (toilettes : 4,8 l/chasse ; urinoirs : 0,5 l/chasse ; lavabos : 1,9 l/chasse ; douches : 5,7 l/chasse)
- Ajout de douches pour les cyclistes
- Luminosité naturelle présente dans 80 % des espaces
- Addition de trois lanterneaux aux deux existants
- Finis intérieurs à faible émissivité de COV
- Matériaux de fabrication (20 %) et d’extraction (10 %) régionales
- Installation de sonde de CO2 pour le contrôle de la qualité de l’air
- Éclairage éconergétique
- Gestion centralisée des systèmes électromécaniques
- Mise en service améliorée
- Matériaux à contenu recyclé
- Remplacement des unités de climatisation au toit par d’autres plus performantes
- Etc.