L’écologisation de Place Ville Marie

Des hauteurs de la tour cruciforme du 1, Place Ville Marie, on peut désormais apercevoir en contrebas, côté ouest, un panneau solaire photovoltaïque jumelé à une petite éolienne s’activant au sommet du 5, Place Ville Marie. En place depuis septembre 2013, cette installation demeure bien sûr accessoire, elle qui n’alimente que quelques lampes dans la salle mécanique de l’édifice. Mais elle symbolise on ne peut mieux l’écologisation dont fait l’objet en continu le complexe d’affaires emblématique de Montréal. 

Il faut dire que Place Ville Marie a eu droit à une cure de rajeunissement majeure au cours des 12 dernières années. De savoir que quelque 170 millions de dollars ont alors été investis dans l’entretien, la rénovation et la modernisation technologique de cet ensemble réunissant cinq tours de bureaux, ainsi qu’une galerie marchande, suffit vite à en prendre la mesure. Des interventions d’abord menées par SITQ, après qu’elle l’eut acquis de Trizec Hahn en 2000, puis par Ivanhoé Cambridge, au terme de l’intégration des deux filiales immobilières de la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2011. 

Entretenu minutieusement depuis son inauguration en 1962, ce joyau architectural signé I.M. Pei était pourtant loin d’être tombé en désuétude. Mais il reste que le temps ayant fait son œuvre, certaines composantes devaient être renouvelées pour permettre à ce complexe de plus de 3,4 millions de pieds carrés de se maintenir parmi les adresses de prestige de la métropole. Tout comme un virage environnemental s’avérait nécessaire pour qu’il puisse continuer de rivaliser avec de nouveaux immeubles locatifs arborant ou visant la certification LEED. 

« Nos grands locataires, soit ceux recherchant des espaces de catégorie AAA, sont conscients de l’importance de réduire leur empreinte écologique, note Dany Gauthier, directeur, Ivanhoé Cambridge, Place Ville Marie. Ils veulent donc être associés à un immeuble dont la performance environnementale est reconnue et qui pourra contribuer à l’atteinte de leurs propres objectifs sur le plan du développement durable. Et c’est ce que nous leur offrons, car nous voyons sans cesse à maintenir les plus hauts standards de l’industrie. » 

Modernisation et optimisation

Si SITQ porte d’entrée de jeu une attention toute particulière à l’efficacité énergétique de Place Ville Marie, sitôt son acquisition complétée, c’est vraiment à partir de 2002 qu’est donné un coup de barre pour verdir en bonne et due forme le complexe. Les démarches engagées en ce sens se traduisent par l’obtention de la certification Visez vert en 2005, puis de Visez vert plus deux ans plus tard. Le maintien de ce programme de gestion environnementale administré par BOMA, et dont l’appellation a changé en cours de route, culmine en novembre 2013 avec l’atteinte du niveau 4 de la certification BOMA BESt. 

Dans la foulée des démarches menant au niveau le plus élevé de BOMA BESt, Ivanhoé Cambridge entreprend aussi d’apposer le sceau LEED pour les bâtiments existants sur Place Ville Marie, certification qu’arborent déjà deux de ses édifices du centre-ville de Montréal : le Centre CDP Capital et Le 1000 De La Gauchetière. Le processus se déroule rondement, le plus gros du travail se résumant à rassembler toute la documentation requise. Il ne reste maintenant qu’à attendre la délivrance de la certification, le dossier ayant été déposé récemment au Conseil du bâtiment durable du Canada. 

« Nous n’avions pas d’interventions majeures à réaliser pour répondre spécifiquement aux exigences du niveau Argent de la certification LEED-EB, tout comme à celles du niveau 4 de BOMA BESt, souligne Dany Gauthier. Parce que le complexe était déjà performant sur le plan éconergétique, notamment, et que nous avions déjà réalisé beaucoup de travaux dans le cadre de sa modernisation et de sa mise à niveau. En plus de l’entretien préventif que nous exerçons et des améliorations que nous apportons en continu. 

« Aussi, poursuit-il, chaque fois que nous devons faire une intervention, nous considérons toutes ses dimensions environnementales. Et lorsqu’il nous faut remplacer des équipements, comme des appareils de plomberie pour ne citer que cet exemple, nous veillons toujours à ce que ceux qui seront installés soient performants. » 

Parmi les interventions majeures complétées ou entreprises au fil des dernières années, le directeur principal souligne le remplacement du système d’automatisation, des refroidisseurs, des tours d’eau et des transformateurs électriques, ainsi que la réfection de l’enveloppe du 5, Place Ville Marie, et la mise à jour des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation. 

Orientations durables

Si l’écologisation de Place Ville Marie s’appuie sur l’actualisation de ses équipements et son optimisation éconergétique, elle s’articule aussi autour des politiques et programmes environnementaux implantés par Ivanhoé Cambridge : achat responsable, nettoyage écologique, recyclage multimatière, gestion des déchets putrescibles, etc. 

Cette démarche de verdissement bénéficie également de la capacité de ce propriétaire et gestionnaire immobilier à orienter ses fournisseurs sur la voie du développement durable. Comme en témoigne la conversion au gaz naturel de la CCUM (Corporation chauffage urbain de Montréal), qui l’alimente en vapeur pour les besoins en chauffage du complexe. 

Dany Gauthier précise : « En 2009, lorsqu’est venu le temps de renégocier le contrat d’approvisionnement en vapeur de Place Ville Marie, la CCUM brûlait du mazout lourd. Nous avons donc demandé à ce que les chaudières soient désormais alimentées au gaz naturel. Comme notre complexe consommait le tiers de la vapeur vendue par la centrale, nous avons rendu possible ce projet de conversion qui, en bout de ligne, a permis de réduire de 15 % les émissions de gaz à effet de serre au centre-ville. Et qui a un impact environnemental positif sur les 21 autres immeubles desservis par CCUM. » 

Dans le cadre de son exploitation écologique, Ivanhoé Cambridge indique aussi la voie à suivre à ses fournisseurs de services, ses exigences environnementales figurant même dans ses documents contractuels. C’est le cas par exemple pour l’exécution de travaux de construction, ou déconstruction, alors que les entrepreneurs doivent veiller à détourner les matières résiduelles de l’enfouissement, bons de récupération des centres de tri à l’appui. 

« Plus de 50 ans après son inauguration, de conclure Dany Gauthier, Place Ville Marie est encore aujourd’hui une adresse recherchée à Montréal. Non seulement en raison de sa localisation stratégique, de sa renommée et de son architecture distinctive, mais aussi parce qu’elle s’est mise au diapason des plus récentes avancées en matière de gestion immobilière environnementale. Nous en sommes très fiers, nos locataires aussi. »