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L’aménagement intérieur de la Caisse d’économie solidaire de Québec

14 mars 2014
Par Marie-Ève Sirois*

Points forts d’un aménagement intérieur empreint d’audace et de doigté : celui des locaux de la Caisse d’économie solidaire, au dernier étage de l’édifice Fondaction.

En 2009, la firme Tergos Architecture + Construction écologique s’attaque à la conception de l’aménagement intérieur de la Caisse d’économie solidaire de Québec. Le mandat est des plus intéressants, puisque les locaux de l’institution seront situés au dernier étage d’une construction vedette du quartier Saint-Roch : l’édifice Fondaction, alors en voie de devenir le bâtiment pourvu de la plus haute structure – six étages –  de poutres et colonnes en bois en Amérique du Nord. 

Sortant des sentiers battus, l’aménagement intérieur de la Caisse suscitera la réflexion et le développement de solutions bien singulières. « Nous faisions face à des enjeux intimement reliés à l’aspect novateur du projet d’ensemble : l’acoustique et le passage des conduits électromécaniques », raconte Bruno Verge, architecte sénior et associé chez Tergos. À l’écouter, nul doute que son équipe avait l’intention de signer un projet fort et original, au même diapason que la dimension durable de l’édifice Fondaction. 

Parce que le fini bois est esthétique et chaleureux, on souhaite souvent éviter l’ajout d’un plafond, qui présente par contre l’avantage d’offrir une cavité pour le passage des conduits électromécaniques. À la Caisse d’économie solidaire de Québec, le bois lamellé-collé est bien exposé. « Plusieurs efforts de coordination ont été déployés pour maximiser le passage des conduits apparents aux endroits stratégiques, tels des corridors ou encore des salles moins fréquentées, précise l’architecte. 

« Cela dit, pour un futur projet en bois, je songerais au passage des conduits sous le plancher, poursuit-il, ce qui offre davantage de flexibilité à long terme. En plus de contribuer à l’insonorisation entre les étages. » 

Pour créer l’ambiance de travail désirée, l’aspect acoustique de l’espace était non négligeable. Comme le coefficient d’absorption du son pour le bois d’ingénierie s’apparente à celui du béton ou du plâtre, soit 0,3, il est nécessaire d’ajouter des matières absorbantes pour atteindre les standards recommandés pour des bureaux, soit 0,20. Le cachet feutré de la Caisse provient donc de plusieurs surfaces absorbantes stratégiquement positionnées. Toutes les parois de gypse, du côté corridor, ont été recouvertes de panneaux acoustiques. Dans les cloisons, de l’isolant composé de jeans recyclés a été utilisé. Près de la salle de réunion, un mur végétal fait aussi office d’aire d’absorption, tout en procurant une apparence typée. 

Mais au-delà de ces enjeux techniques, il y avait à la base du travail de conception de Tergos les besoins bien spécifiques de la Caisse. L’intimité des bureaux était primordiale pour assurer la confidentialité et la qualité des services offerts à la clientèle. Les 14 bureaux fermés constituent des salles de rencontre. On a donc choisi de placer ces derniers en périphérie, ce qui, en contrepartie, assombrit le cœur de l’espace de 375 mètres carrés. 

Des espaces durables

Et puis, il y avait aussi l’aspect durable du projet à prendre en compte. L’architecte devait donc créer un aménagement empreint d’une démarche écologique des plus rigoureuses, à l’image de celle de Fondaction et des valeurs de la Caisse. Bruno Verge commente : « C’est une chose d’intégrer des produits ou technologies écologiques dans un projet, encore faut-il que le résultat soit confortable, durable et fonctionnel. » 

À cet égard, la lumière fut la source d’un chapitre important. L’objectif était de maximiser l’apport de lumière naturelle sur l’ensemble de la superficie, tout en offrant l’intimité requise dans les bureaux et la salle de conférences. Tergos a donc proposé un puits de lumière à deux versants, d’une longueur de sept mètres, au cœur de l’espace. 

Aussi, les cloisons nécessitant une fermeture jusqu’au plafond sont en verre, ce qui ne limite ni le regard en hauteur, ni la diffusion de la lumière. Pour les mêmes raisons, des cloisons de huit pieds ont été installées aux endroits où il n’y avait pas d’enjeu acoustique. Côté intimité, un lattis de bois longe la salle de conférences et des bandes de pellicules givrées sont stratégiquement positionnées sur les cloisons de verre des bureaux. 

Pour les appareils d’éclairage, on a pris soin de perpétuer la mise en valeur du bois, sans négliger le confort visuel des usagers. « Le bois absorbe davantage de lumière qu’un mur blanc, note l’architecte. Ainsi, pour minimiser les contrastes sur l’œil, une part d’éclairage indirect (30 %) a été dirigée vers le plafond. » 

À ses yeux, la qualité des espaces créés et la satisfaction des usagers témoignent du succès du projet. À un point tel que la portion existante de la Caisse, située dans l’édifice voisin, a fait l’objet de certaines améliorations, notamment en ce qui a trait à l’apport de lumière naturelle. 

Le projet d’aménagement de la Caisse a obtenu une mention pour le Prix Émérite de Cecobois en 2011. Les travaux ont été effectués de mars à décembre 2010.


* Marie-Ève Sirois est cofondatrice d’Écobâtiment

Mesures durables
  • Optimisation de l’apport de lumière naturelle dans tous les espaces
  • Mur végétal (10 m2)
  • Lattis de planches de bois récupéré
  • Éclairage T5 avec ballasts électroniques
  • Puits de lumière
  • Isolant acoustique fabriqué de jeans recyclé à 100 % (Blue jeanious de Jasztex)
  • Mélamine à base de copeaux récupérés (100 %), sans COV
  • Isolation de cellulose dans l’entretoit
  • Cadres et portes certifiés FSC
  • Mobilier en bois lamellé-collé

 

Équipe du projet

Client : Caisse d’économie solidaire

Conception de l’aménagement intérieur : Tergos

Génie électromécanique : Génécor

Acousticien : Soft dB

Expertise LEED : Vertima et Aedifica

Exécution des travaux : Bernier & Fortier

Ébénisterie : Menuiserie R. Légaré

Préparation et fourniture des planches de construction récupérées : Tergos Écoconstruction