Regard sur une gestion environnementale qui se pose comme un modèle pour l’industrie immobilière québécoise : celle du 150, rue des Commandeurs, à Lévis.
Le 150, rue des Commandeurs. C’est l’adresse municipale, mais aussi l’appellation du bâtiment phare de la Cité Desjardins de la coopération à Lévis. Offrant un milieu de vie professionnel à la fois sain et confortable à plus de 1 500 employés, cet immeuble haute performance environnementale totalise 5 200 mètres carrés, répartis sur 15 étages. Certifié LEED-NC, niveau Or, il se compose d’un socle revêtu de granit sur lequel repose une tour entièrement habillée de murs-rideaux d’aluminium et de verre.
En plus de l’accueil et de la salle mécanique principale, le basilaire loge des lieux de rassemblement et des installations communes : salle des congrès, cafétéria, centre de formation… S’élèvent ensuite 12 paliers de bureaux occupés par différentes filiales de Desjardins, dont Desjardins Assurances, Desjardins Développement international et Desjardins Sécurité financière. Réservé à la haute direction du Mouvement Desjardins, le dernier étage loge notamment des salles de réunion et des bureaux.
La réalisation de cet édifice, qui aura été au cœur de la revitalisation durable de la Cité Desjardins de la coopération entre le printemps 2011 et l’automne 2014, aura été le fruit de l’intégration de nombreuses stratégies éconergétiques et écologiques à son design : luminosité naturelle abondante, système géothermique; récupération de chaleur sur l’air vicié évacué pour préchauffer l’air neuf; matériaux régionaux; toit vert; mur végétalisé traversant le bâtiment sur toute sa hauteur; etc.
La conception et la construction de ce bâtiment s’inscrivaient dans une perspective résolument durable à l’époque et sa gestion environnementale est loin d’être demeurée en reste depuis. En témoigne l’obtention de la certification BOMA BEST Platine, au printemps 2017
Et ce n’est pas le fruit du hasard si après avoir mérité le Prix Immeuble de l’année, catégorie Immeuble corporatif, lors du Gala des Prix BOMA tenu par BOMA Québec au printemps 2019, il a remporté un prix TOBY de BOMA Canada dans la même catégorie l’automne suivant, se qualifiant ainsi pour la compétition internationale.
Les prix TOBY (The Outstanding Building of the Year), soulignons-le, visent à récompenser la qualité des immeubles et l’excellence de leur gestion. Ils sont attribués sur la base de critères tels que les normes de construction, l’impact sur la communauté, les relations avec les locataires, la conservation de l’énergie, la durabilité et la formation du personnel d’un immeuble.
Optimisation en continu
« Nous cherchons à optimiser la performance de nos immeubles et à réduire notre empreinte environnementale, par exemple sur les plans de la conservation de l’énergie, de la préservation de l’eau potable, de la réduction des matières résiduelles, de la qualité de l’air ou du déploiement de la mobilité durable, indique Danielle Jacques, directrice, Gestion immobilière, Cité Desjardins de la coopération. Tout le monde en retire une fierté, incluant les occupants du 150, rue des Commandeurs et de nos autres immeubles sur le campus, parce que l’environnement, ça nous rejoint tous. C’est rassembleur.
« Nos communications adressées spécifiquement au personnel d’exploitation du bâtiment, aux gestionnaires et aux occupants, poursuit-elle, s’articulent autour de trois axes qui affectent directement nos opérations quotidiennes, soit l’efficacité énergétique, la gestion des déchets et la mobilité durable. »
Elle souligne également que plusieurs politiques et procédures concernant la durabilité et l’environnement des occupants ont été mises en place au 150, rue des Commandeurs. Elles portent sur des dimensions telles que le recyclage durable des matériaux de construction et des cartouches d’encre, le contrôle de l’érosion, les achats locaux et responsables ou les produits du commerce, pour ne mentionner que ces exemples.
Performance éconergétique
Côté énergie, le 150, rue des Commandeurs était dès le départ, de par sa conception même, un bâtiment très performant sur le plan éconergétique. Il affiche une consommation d’énergie de près de 51 % inférieure par rapport à la référence du CMNÉB, une réduction encore plus importante que celle de 47 % attendue initialement. Cette performance s’est traduite en parallèle par une diminution d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de 1 160 tonnes d’équivalent CO2 par année.
Au terme de sa construction, un programme de formation complet, supervisé par un commissionnaire, a été mis œuvre par les fournisseurs et les entrepreneurs pour s’assurer que le personnel d’exploitation du bâtiment serait pleinement qualifié pour entretenir les systèmes : entraînement à vitesse variable; ascenseurs; systèmes de ventilation; systèmes de chauffage; systèmes électriques… Le personnel a aussi suivi des séances de formation spécialisées sur les tours de refroidissement et les circuits fermés, de même que la préparation du budget pour l’entretien de l’immeuble.
« Nous veillons constamment à nous assurer que nos équipements fonctionnent de façon optimale et à améliorer l’efficacité du bâtiment, signale Danielle Jacques, comme c’est le cas aussi pour les autres immeubles de la Cité Desjardins de la coopération. »
Le 150, rue des Commandeurs est équipé d’un système qui enregistre en permanence les tendances et permet d’obtenir de l’information en temps réel sur le fonctionnement du bâtiment. En cas de rupture ou de détérioration d’un équipement, les commandes la détectent et une alarme entraîne une réponse immédiate de l’équipe de maintenance.
Les contrôles sont également utilisés pour la surveillance de l’énergie. Chaque mois, un relevé de compteur de consommation est produit et, chaque fois, des ajustements sont apportés aux systèmes et à leur fonctionnement en fonction des résultats afin d’optimiser les économies d’énergie et assurer le confort des occupants du bâtiment.
« Nous sommes très proactifs sur le plan de l’entretien préventif et nous déployons aussi des programmes d’économie d’énergie qui se traduisent, par exemple, par l’acquisition d’appareils Energy Star », indique la directrice de la gestion immobilière, en soulignant que le 150, rue des Commandeurs participe depuis 2016 au programme Gestion de la demande de puissance (GDP) d’Hydro-Québec.
Assorti d’un appui financier substantiel, ce programme vise à inciter les propriétaires et les gestionnaires de bâtiments commerciaux, institutionnels et industriels à réduire leur appel de puissance durant les pointes hivernales d’Hydro-Québec. Ainsi, lorsque surviennent de tels événements, les mesures préconisées par Desjardins pour diminuer l’appel de puissance de son bâtiment consistent notamment à réduire les niveaux d’éclairage dans les espaces ouverts, à éteindre l’éclairage du mur végétalisé ainsi qu’à mettre à l’arrêt les pompes à chaleur et la chaudière électrique.
« On applique différentes stratégies qui vont faire en sorte que certains équipements vont être mis en marche et d’autres pas, et on va faire de l’accumulation de chaleur au préalable pour être ainsi en mesure de réduire notre demande de puissance sans affecter le confort des occupants », note Danielle Jacques.
Mobilité durable
Outre l’efficacité énergétique, Desjardins mise notamment sur la mobilité durable pour atteindre son objectif de réduire ses émissions de GES de 20 % avant 2020. Plusieurs mesures et partenariats ont ainsi été mis en place pour favoriser les transports actifs, le transport en commun et le covoiturage vers et depuis le 150, rue des Commandeurs. Par exemple, tous les occupants peuvent bénéficier d’une remise de 20 % à la Société de transport de Lévis et au Réseau de transport de la Capitale.
C’est sans oublier la mise sur pied d’une navette entre la Cité Desjardins de la coopération et le Complexe Desjardins, à Montréal, ni les mesures instaurées pour favoriser le covoiturage. « Pour inciter les employés à délaisser l’auto solo, nous avons aménager plus de 250 places de stationnement pour les covoitureurs à proximité de l’entrée principale de l’immeuble. Sinon, les automobilistes qui sont seuls dans leur véhicule doivent se garer dans des stationnements beaucoup plus éloignés, soit à près d’un kilomètre.
« Il y a aussi des stationnements réservés pour les gens qui se déplacent avec un véhicule électrique, indique Danielle Jacques. Quarante bornes de recharge sont en place sur le site de la Cité de la Coopération Desjardins, dont une douzaine au 150, rues des Commandeurs. Elles sont accessibles tant aux employés qu’aux visiteurs. »
Desjardins fait aussi la part belle aux déplacements à vélo. Ainsi, les cyclistes ont accès à des stationnements, des vestiaires et des douches au 150, rue des Commandeurs. En outre, l’an dernier, 20 vélos électriques ont été gratuitement mis à la disposition des employés, principalement pour le transport entre les immeubles.
Matières résiduelles
Avec l’objectif de réduire de 40 % les déchets produits quotidiennement au travail, Desjardins a notamment mis en place un système de compostage et modifié la gestion de l’élimination des déchets. Ainsi, des conteneurs de compostage ont été installés dans les salles à manger, les cafétérias, les aires de repos et certaines zones fermées aux bureaux, de façon à ce que chaque employé puisse accéder facilement à un conteneur pour y jeter ses résidus et papiers souillés.
« C’est important pour nous de chercher à réduire le volume de nos déchets, soutient Danielle Jacques. Nous avons un plan de gestion des matières résiduelles, qui est renouvelé aux deux ans, et nous avons fait faire une caractérisation. Donc nous connaissons exactement ce qu’on a dans nos déchets, notre recyclage et notre compostage. De cette façon, nous pouvons bien cibler nos interventions pour qu’elles aient le plus d’impact.
« Pour donner une idée, nous avons fait une caractérisation en 2017, et nous avions alors un taux de mise en valeur de 69 %, ajoute-t-elle. La dernière que nous avons faite à la fin 2019, avec Chamard, indique que notre taux est rendu à 78 %. C’est une très bonne amélioration, même qu’elle dépasse nos objectifs. »
Elle souligne que la réalisation de telles avancées requiert nécessairement le concours des occupants. « Nous déployons beaucoup d’efforts de communication pour les informer et les sensibiliser sur la manière de bien disposer les matières résiduelles en expliquant pourquoi. C’est le cas au 150, rue des Commandeurs, mais aussi dans tous nos édifices. »
La liste des initiatives mises en place par Desjardins pour exercer une gestion environnementale exemplaire au 150, des Commandeurs, tout comme dans l’ensemble de son parc d’immeubles, ne s’arrête pas là. Loin de là même, tant la liste pourrait se décliner encore longtemps.