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12 août 2014
Par Marie-Ève Sirois

Un pavillon universitaire où le concept écologique, voire régénératif, est accolé à une mission encore plus vaste : celle d’influencer plusieurs générations de concepteurs.

Le projet est sur les planches à dessin depuis déjà quatre ans, en attente de financement. Pour autant, ses qualités écologiques demeurent avant-gardistes, ce qui n’est pas étranger à la réputation de la firme d’architecture qui l’a pensé. BNIM a fait du design régénératif sa marque de commerce et c’est aux côtés d’un client qui partageait les mêmes idéaux qu’elle a donné naissance au concept de l’École d’écologie Odum (Odum) de l’Université de Géorgie, à Athens. 

 

Schéma de l’École d’écologie Odum - Image de BNIM

 

« C’était tout juste après la construction du Omega Center for Sustainable Living, explique Steve McDowell, directeur de la conception pour BNIM, nous étions prêts à concevoir un bâtiment de plus grande envergure que le Omega, qui pourrait lui aussi briguer la certification Living Building Challenge. » Et cette approche concordait avec les exigences et objectifs du projet d’Odum qui souhaitait construire un nouveau bâtiment pour combler ses besoins en matière de laboratoires, de salles de classe et de bureaux. 

Eau

D’une superficie de 150 000 pieds carrés, le bâtiment à construire s’élèvera sur le campus de l’Université, dans une portion désaffectée et dénaturalisée de ce dernier. Son emplacement coïncide avec une crête qui sépare deux zones de drainage faisant partie du bassin versant de la rivière Oconee, qui se jette dans le fleuve Altamaha. 

 

Schéma de l’École d’écologie Odum - Image de BNIM

 

« Ce projet est conçu autour de l’eau, explique Steve McDowell. Les eaux de pluie seront capturées et réutilisées, mais surtout, les eaux grises et noires seront traitées par un système complexe qui imite les processus naturels de filtration et de purification de l’eau. » Il fait référence au concept breveté de l’Eco Machine, similaire aux Living Machines, que l’on retrouve en Europe et ailleurs aux États-Unis. Ce type d’installation traite, sans additif chimique, les eaux usées d’un bâtiment. 

Et comme l’approche régénérative est synonyme d’un bilan hydrique nul ou positif, le système de drainage souterrain actuel est appelé à être enlevé pour ramener le drainage du terrain en surface, ce qui permettra de recharger la nappe phréatique et le bassin versant. De plus, on vise l’amélioration de la biodiversité du site, en amont de la rivière, de manière à en faire bénéficier les milieux naturels en aval de celle-ci. 

Énergie

Steve McDowell poursuit sur l’aspect énergétique du concept : « Pour les bureaux et les classes, il était facile de s’assurer que le concept soit net zéro. Par contre, du côté des laboratoires, le défi était plus corsé puisque les charges de branchement des laboratoires varient entre 4 et 17 watts par pied carré. » 

 

Schéma de l’École d’écologie Odum - Image de BNIM

 

Reste qu’on compte sur un contrôle accru des consommations de même que l’apport de panneaux solaires photovoltaïques pour compenser l’ensemble des consommations énergétiques du bâtiment et ainsi atteindre un bilan carboneutre et net zéro. À cet effet, le bâtiment est orienté de manière à bénéficier au maximum de l’apport solaire, tant pour l’éclairage naturel que pour l’apport thermique passif en période hivernale. 

Bien que le concept soit encore appelé à changer, on sait déjà que les laboratoires seront équipés de fenêtres ouvrantes du côté sud pour suppléer l’air qui sera évacué par les hottes actionnées mécaniquement. En ce qui a trait aux bureaux de la zone éducative, la distribution de la ventilation sera effectuée par le plancher. 

Que ce soit pour son projet éducatif en plein air, aux côtés de zones humides, de ruisseaux et d’habitats durables ou encore par le biais de collectes de données, Odum est appelée à influencer plusieurs générations d’étudiants. 

Quant au jour où le tout se matérialisera, l’architecte est confiant : « Je suis persuadé que ce pavillon sera construit et j’ai confiance au personnel de cette institution pour mener le projet à terme. Ce sont des leaders et ils appliquent les valeurs qu’ils prônent. »

Équipe de conception
  • Clients : Université de Géorgie (É.-U.) et École d’écologie Odum
  • Architectes : BNIM, avec les contributions de Vivian Loftness, Biohabitats et Supersymmetry
  • Estimation des coûts : Costing Services Group

 

Les 7 étapes du traitement de l’eau d’une Eco Machine
  1. 1. Réservoirs de décantation des solides
  2. 2. Réservoirs de régulation
  3. 3. Réservoirs anoxiques
  4. 4. Marais artificiels
  5. 5. Étangs aérés
  6. 6. Filtres à sable
  7. 7. Dispersion en milieu naturel

 

Performances ciblées

Pourcentage de réduction de la consommation par rapport à un bâtiment conventionnel équivalent :

  • Eau : 75 %
  • Énergie : 80 %

 

Stratégies éconergétiques
  • Conservation et efficacité pour les laboratoires
  • Équipements efficaces, utilisés avec parcimonie
  • Définition de politiques d’exploitation qui supporteront une utilisation responsable des ressources
  • Génération d’énergies renouvelables in situ
  • Éclairage naturel et contrôle de l’éblouissement pour 100 % des espaces
  • Système de ventilation mixte, avec contrôles qui préconisent l’utilisation des systèmes passifs
  • Récupération de chaleur sur tous les conduits d’évacuation mécanique
  • Utilisation des surplus d’eau traités sur place comme réservoir thermique
  • Aménagement de bassins de plantes intérieures qui contribuent au refroidissement naturel de l’air

 

Stratégies de conservation de l’eau
  • Appareils de plomberie à faible débit
  • Toitures végétales extensives
  • Collecte et utilisation des eaux pluviales
  • Plantations indigènes
  • Traitement des eaux grises et noires in situ, à l’aide d’une Eco Machine et d’un aménagement paysager dédié à cette fin
  • Élimination du réseau de drainage souterrain du site pour revenir à un système de drainage en surface