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Le siège social de Nova Envirocom

5 octobre 2010
Par Marie Gagnon

La compagnie sherbrookoise Nova Envirocom est engagée dans un processus continu pour faire de son siège social un édifice vert forêt.

De la distribution de produits environnementaux (contenants de recyclage, articles compostables…) à la construction d’un bâtiment durable, il n’y a qu’un pas. Un pas que Pierre Morency, président de Nova Envirocom, a franchi avec une aisance toute naturelle. En effet, jamais au cours des 25 dernières années, l’engagement de ce psychologue de formation envers le développement durable ne s’est démenti.

Il faut dire qu’au cours des quatre dernières années, Nova Envirocom a enregistré une hausse de 500 % de son chiffre d’affaires et que pour répondre à cette croissance, elle devait se doter de locaux plus vastes. Comme l’entreprise devait forcément disposer d’un siège social et d’un centre de distribution à son image, c’est-à-dire écologique, Pierre Morency a donc décidé de transformer un bâtiment existant du parc industriel de Sherbrooke en véritable modèle de construction durable.

Aménagées dans une ancienne usine de la rue Oleg-Stanek, les nouvelles installations de Nova Envirocom offrent une superficie au sol de près de 20 000 pieds carrés. Une mezzanine de 3 600 pieds carrés a également été aménagée pour loger les services administratifs. Le tout met en œuvre un ensemble de mesures écologiques que l’on dit dignes du système LEED, bien que cette certification ne soit envisagée dans ce projet.

« On ne pouvait pas faire certifier le projet, car il ne s’agissait pas de travaux majeurs, explique François Coutu, associé chez Espace Vital Architecture. De concert avec le propriétaire, nous avons donc établi un plan directeur proposant plusieurs approches auxquelles différentes interventions durables ont été associées. »

 

Concept évolutif
Les approches retenues concernent notamment l’aménagement du site, la réduction de la pollution lumineuse et des îlots de chaleur, la régulation du débit d’eau pluviale et la consommation de l’eau, l’efficacité énergétique, l’utilisation de matériaux et de mobilier recyclés, la qualité des environnements intérieurs et les émissions de gaz à effet de serre.

Cependant, l’équipe de projet ne bénéficiait pas d’un délai suffisant pour mettre à exécution tous les paramètres de cet ambitieux programme. Les travaux, enclenchés en mai 2009, devaient en effet être terminés au début d’août, afin de permettre à l’acquéreur de l’ancien édifice de Nova Envirocom de prendre possession de ses locaux à la date prévue. Comme il fallait procéder rapidement, certaines interventions, notamment liées à l’efficacité énergétique, ont été réalisées en priorité, les autres devant être réalisées ultérieurement.

Ainsi, dans l’entrepôt, les luminaires ont été remplacés par des fluorescents à haute efficacité. « Nous avons non seulement réduit le nombre de lampes, mais nous avons aussi instauré un système d’éclairage séquentiel qui fonctionne selon nos besoins, indique Pierre Morency. De cette manière, nous pourrons réduire notre consommation d’électricité de moitié et rentabiliser notre investissement en trois ans. »

La programmation, en fonction du niveau d’activité, des systèmes de chauffage et de ventilation, l’isolation supérieure des murs extérieurs de la mezzanine – on parle d’une résistance thermique de R25 – et l’installation de fenêtres à faible émissivité, dont une de 12 sur 15 pieds, favorisant le chauffage solaire passif et l’éclairage naturel, concourront également à réduire la facture d’énergie de Nova Envirocom.

En 2010, d’autres mesures, comme la construction de puits de lumière, l’installation de capteurs thermiques couplés à la ventilation, d’un chauffe-eau solaire et de pare-soleil, l’ajout de peinture réfléchissante sur le toit et le rehaussement de la valeur isolante des murs du bâtiment d’origine viendront compléter le programme éconergétique.

« Certaines interventions liées à l’environnement extérieur ont également été reportées, mentionne François Coutu. On avait déjà posé de la pelouse et planté six chênes pour remplacer environ 600 pieds carrés d’asphalte devant l’édifice et aménagé un minuscule toit vert au-dessus du porche d’entrée, mais il reste à reboiser la face sud de l’édifice, à intervenir sur les lampadaires pour réduire la pollution lumineuse et à aménager un bassin de rétention pour les eaux de ruissellement. »

 

Structure verte
De toutes les interventions écologiques mises en œuvre dans le cadre de ce projet, le recours à des éléments de bois massif pour constituer la charpente de la mezzanine demeure la plus impressionnante. Cette structure apparente se compose de deux essences. Les poutres maîtresses, d’une portée de 20 pieds, de même que les solives, d’une portée de 16 pieds, sont de chêne blanc, tandis que le tablier du plancher est constitué de frêne, tout comme les cadrages et les portes du secteur administratif.

Si ces éléments visibles confèrent à l’édifice un cachet distinctif et chaleureux, leur approvisionnement ne s’est pas fait sans peine. « Lorsque nous avons soumissionné ce projet, les plans prévoyaient une structure d’acier conventionnelle avec dalle de béton, mais le devis a été modifié par la suite, relate Denis Brière, vice-président de Construction Longer. Une course contre la montre s’est alors enclenchée pour dénicher un fournisseur. »

Du côté des fabricants de bois d’ingénierie, il fallait compter cinq ou six mois pour livrer la marchandise. Du côté de Charpente apparente P. Lacroix, un fournisseur local, les délais excédaient les six semaines, le double du temps nécessaire pour livrer et assembler une structure d’acier.

L’assemblage de ces éléments, au moyen de tenons, de mortaises et de queues d’arondes, a posé plus d’un casse-tête à l’entrepreneur. « La plupart de nos menuisiers ont moins de 40 ans et aucun n’avait jamais travaillé sur ce genre de structure », souligne Denis Brière. Il note en outre que dans l’opinion des jeunes travailleurs une telle structure n’est pas perçue comme étant écologique, alors que c’est tout le contraire.

Le bois de charpente possède en effet la propriété d’emprisonner le dioxyde de carbone – soit environ une tonne de CO2 par m3 de matière ligneuse -, ce qui contribue à réduire l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette structure apparente a enfin été teinte de façon artisanale, c’est-à-dire au chiffon, avec une teinture composée d’huiles végétales naturelles, additionnées de cires.

Pierre Morency, qui estime entre 10 et 15 % le surcoût associé aux mesures écologiques mises de l’avant, aura investi en tout et partout environ 1,5 million de dollars dans ce projet. « Avec ses planchers de béton poli, sa fenestration abondante, sa magnifique structure de bois, notre nouveau siège social a un effet très positif sur le climat de travail et la mobilisation des employés, dit-il. Alors, pourquoi ne pas investir un peu plus pour améliorer l’environnement de travail, puisque de toute manière on est certain de récupérer notre mise en économies d’énergie et en productivité ? »

Équipe de projet

Propriétaire Nova Envirocom
Architecte Espace Vital Architecture
Entrepreneur général Construction Longer
Fournisseur Charpente apparente P. Lacroix

 

 

Mesures écologiques
  • Mobilier récupéré
  • Contrôle séquentiel de l’éclairage
  • Matériaux à faible émissivité de COV
  • Lampes fluorescentes éconergétiques
  • Sanitaires à faible consommation d’eau
  • Structure apparente faite de bois massif
  • Recyclage de la dalle de béton par polissage
  • Fenêtres à double vitrage dotées d’une pellicule à faible émissivité