La nouvelle bibliothèque de Lachute

Recycler un vieil édifice religieux en une bibliothèque logeant à l’enseigne du bâtiment durable. Voilà le défi auquel s’est attaquée la Ville de Lachute avec la conversion d’une église datant de la toute fin des années 1890. Un projet qui requiert un investissement de l’ordre de 6,2 millions de dollars, dont la moitié sera assumée par le gouvernement du Québec. 

Cet ancien lieu de culte, dont la Ville est devenue propriétaire en janvier 2013, c’est l’église Unie située sur la rue Principale. À l’étroit dans ses locaux actuels, la bibliothèque Jean-Marc-Belzile y redéployera ses services au terme d’interventions visant à restaurer et à agrandir ce bâtiment en maçonnerie massive auquel avait été ajoutées deux salles à l’arrière dans les années 60. 

Les travaux devraient démarrer au printemps 2014, une fois qu’aura été retenu un entrepreneur dans la foulée d’une demande de soumissions que publiera la Ville au début de l’année. La mise en œuvre du projet devrait s’échelonner sur une période oscillant entre neuf et 12 mois. 

« Le défi, c’est de restaurer l’ancienne église, un bâtiment patrimonial dont l’enveloppe extérieure et le volume inclus à l'intérieur de la nef méritent d’être conservés et mis en valeur, indique Pierre Beaupré, associé de Beaupré Michaud et Associés, Architectes. Même si elles ne présentent pas d’intérêt particulier, les deux additions s’inscrivant dans le prolongement du bâtiment d’origine seront conservées et améliorées. 

« Le nouvel agrandissement, poursuit l’architecte montréalais, va venir s’insérer à l’avant. Il s’agira d’un ajout très fenêtré qui permettra de donner un accès universel à la bibliothèque, tout en créant un volume d’accueil plus élaboré et plus vaste que ne l’est l’accueil actuel de l’église qui se fait par un petit escalier extérieur. » 

Le projet comporte plusieurs stratégies durables. Outre le recyclage d’un bâtiment existant, elles se traduiront notamment par l’aménagement d’un toit vert, l’amélioration de l’isolation et de l’étanchéité de l’enveloppe du bâtiment,  l’ajout d’un puits de lumière sur l’une des annexes, l’installation d’appareils de plomberie à faible débit et la restauration de la fenestration. Dans ce dernier cas, il s’agira de remettre en état d’anciennes fenêtres en bois et d’y intégrer un verre double tout en conservant les vitraux d’origine. 

Pierre Beaupré note que d’autres éléments seront aussi conservés en vue d’être réutilisés dans les nouvelles installations. Comme des bancs de l’église, des boiseries, des luminaires et des radiateurs à l’eau chaude pour ne citer que ces exemples. 

Optimisation éconergétique

L’optimisation éconergétique des installations ne sera pas en reste, loin de là même. À telle enseigne que la nouvelle bibliothèque de Lachute consommera 65 % moins d’énergie que la référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments. 

Plusieurs stratégies et mesures concourront à atteindre ce niveau de performance, dont l’intégration d’un système géothermique en boucle fermée qui, composé de neuf puits forés à 90 mètres de profondeur et de deux thermopompes de 16 kilowatts, répondra à 100 % des besoins en chauffage et en climatisation. Une chaudière à condensation, dont l’efficacité se situera entre 92 et 97 %, sera installée en appoint. 

« Comme une rivière coule à proximité, nous avons analysé l’option d’une géothermie à circuit ouvert, souligne Alexandre Bouchard, ingénieur chez Martin Roy et associés. Un test a donc été fait sur place, mais on n'a pas trouvé de veine d’eau avec des débits assez grands. » 

Le système géothermique sera couplé à un réseau d’eau comportant deux températures de boucle : l’une à 46 degrés Celsius alimentant des planchers radiants sur environ 50 % de la surface du bâtiment ; l’autre à 71 degrés alimentant les radiateurs dans des endroits où le plancher de bois de l’église sera conservé. 

« Une autre particularité du projet, relève Alexandre Bouchard, c’est que la ventilation se fera par déplacement et qu’à cette fin, les coups-de-pied [perforés] des rayonnages de la bibliothèque seront notamment utilisés comme grilles de diffusion. »