Efficacité énergétique, agriculture urbaine, transport alternatif… Au cœur du Montréal post-industriel, la Maison Productive House (MPH) invite à vivre la ville autrement.
La Maison Productive House, si elle milite pour une approche holistique du développement durable, n’a rien à voir avec les communautés idéalistes de l’ère hippie. Au contraire, le concept mis de l’avant par l’Ensemble Terre-Ciel, à travers le design de cet immeuble multirésidentiel, révèle davantage le souci accordé au bien-être de ses futurs copropriétaires que les visées écologiques de son promoteur.
« Le but n’est pas d’imposer un mode de vie écologique, mais de le suggérer, nuance Rune Kongshaug, directeur et fondateur d’Ensemble Terre-Ciel. Le concept propose aux occupants divers moyens pour améliorer leur bilan écologique, sans renoncer pour autant aux douceurs de l’existence. » Ce design d’habitat a d’ailleurs fait l’objet de la maîtrise du promoteur, alors qu’il terminait ses études d’architecture à l’Université McGill.
Réalisée entre le printemps 2008 et l’été 2009, MPH est un projet d’habitations en copropriété situé dans la zone industrielle désaffectée de Pointe-Saint-Charles. L’édifice abrite cinq appartements en façade et trois maisons de ville sur quatre niveaux à l’arrière. Il comprend également des parties communes – cellier, buanderie, salle d’exercice et de méditation, boulangerie artisanale –, des espaces destinés à l’agriculture urbaine – serre, arbres fruitiers, potagers individuels, jardins de fines herbes –, deux cases de stationnement réservées à l’autopartage et un abri pour remiser 16 vélos.
Ce design inhabituel se fonde sur la norme Zero Emissions Development (ZED), un standard britannique mettant en relation l’individu, sa consommation et l’environnement, selon un modèle holistique. MPH prend ainsi en compte la construction et l’exploitation des logements, l’alimentation des occupants et leur transport, de manière à réduire au minimum la consommation énergétique par personne ainsi que l’émission de gaz à effet de serre (GES) liée à ces activités.
MPH a été conçue pour offrir à ses propriétaires un cadre de vie haut de gamme, habillé d’un design architectural alliant urbanité et qualité environnementale. Pourtant, en combinant design durable, transport écologique et production alimentaire, Maison Productive House offre à ses résidents la possibilité de réduire leur empreinte écologique collective de 50 % par rapport à la moyenne canadienne.
Produire au maximum
Pour atteindre cet objectif, MPH mise sur un éventail de mesures. Pensée de façon à produire plus qu’elle ne consomme, Maison Productive combine différentes sources d’énergie renouvelable qui permettront aux occupants de réduire de 60 à 80 % leur dépendance à l’hydroélectricité. À commencer par le solaire passif, mis à profit par l’orientation des logements, des atriums vitrés et le choix d’un verre à haut rendement énergétique.
Sur le toit, huit capteurs solaires à convection, pour chauffer l’eau domestique, et des panneaux photovoltaïques, pour alimenter la pompe géothermique et éclairer les parties communes, constituent les éléments de base du solaire actif. Lorsque la technologie sera disponible, ce système sera relié à deux bornes de chargement pour voitures électriques.
Un système géothermique, composé de trois puits de 300 pieds de profondeur reliés à une seule thermopompe, assure par rayonnement le chauffage de l’immeuble. Un poêle à granulés de bois neutre en carbone, c’est-à-dire qui ne libérera pas plus de CO2 qu’en aurait libéré la biomasse en se décomposant, sert de système d’appoint. « Le concept mise sur la coopération des occupants, rappelle Rune Kongshaug. Nous leur fournissons les outils, à eux de trouver le juste équilibre. »
Cultiver l’écoresponsabilité
Toujours dans l’esprit de la philosophie ZED, MPH favorise la production alimentaire à l’année et contribue à réduire ainsi l’émission de GES liés au transport de certaines denrées. Dans la même optique, MPH récupère la chaleur émanant des logements et de la boulangerie pour chauffer la serre située sur le toit. L’irrigation de cette serre est assurée par le filtrage et la récupération des eaux grises et des eaux de ruissellement. Cette initiative, combinée avec des sanitaires à faible consommation, permet de réduire d’environ 50 % la consommation d’eau.
Le choix de l’emplacement, à proximité du réseau de transport en commun et des pistes cyclables, contribue tout autant à minimiser l’empreinte écologique des occupants. « Il reste que pour atteindre la parité entre les coûts directs, qui s’élèvent à environ 2 millions de dollars, et les mesures éconergétiques, il nous aurait fallu construire une douzaine de logements », indique Rune Kongshaug.
Promoteur et entrepreneur général Ensemble Terre-Ciel
Conceptualisation et gérance de projet PRODUKTIF Studio de design (Rune Kongshaug, architecte, et André Fiset, entrepreneur)
Architecture (code et vérification) Blouin Tardif et associés
Génie mécanique et efficacité énergétique Martin Roy et associés
Génie structural et génie civil BCG et Aldo Centoma
Monitoring Design 1 Habitat
- Système géothermique : chauffage par rayonnement des logements et des parties communes
- Panneaux photovoltaïques : alimentation de la pompe géothermique et de l’éclairage
- Capteurs solaires : chauffage de l’eau domestique
- Récupération de chaleur : chauffage de la serre
- Agriculture urbaine : réduction des gaz à effet de serre
- Solaire passif : orientation du bâtiment et vitrage à faible émissivité