Incursion dans les bureaux montréalais de Rio Tinto Aluminium, un univers dont le design durable se déploie autour du confort des occupants et du travail collaboratif.
Été 2013. Rio Tinto annonce que le siège social mondial de son groupe Aluminium déménagera dans la Tour Deloitte, ce nouvel immeuble de bureaux de prestige qui prend alors forme entre le Centre Bell et la gare Windsor, au centre-ville de Montréal, au coût de quelque 200 millions de dollars. Et sur lequel son développeur, la Corporation Cadillac Fairview, entend apposer le sceau LEED pour le noyau et l’enveloppe, niveau Platine. Rien de moins.
Cette relocalisation est devenue nécessaire puisque le bâtiment qu’occupe le siège social montréalais du groupe Aluminium depuis plusieurs années, au 1188 de la rue Sherbrooke Ouest, est devenu beaucoup trop exigu pour loger le personnel de l’entreprise. Sans compter que cette construction d’une autre époque ne peut non plus répondre aux standards de Rio Tinto sur le plan fonctionnel.
À la Tour Deloitte, l’entreprise pourra réunir sous un même toit quelque 600 employés jusqu’alors répartis en différents endroits dans la métropole. Elle aménagera ses bureaux aux étages supérieurs de cet immeuble qui en comptera 26 une fois achevé à l’été 2015, en plus d’occuper une partie du rez-de-chaussée – aire de réception, salles de conférence et cafétéria – ainsi que des espaces auxiliaires – garderie et clinique médicale – dans la gare Windsor.
Rio Tinto disposera de surcroît d’un domicile contemporain lui permettant d’offrir un milieu de travail à fois plus sécuritaire et efficace à ses employés. Et hautement écologique aussi, car l’entreprise est bien déterminée à obtenir une certification LEED pour l’aménagement intérieur des espaces commerciaux, niveau Platine, pour ses nouveaux bureaux.
Voilà autant de prémisses qui guideront chaque coup de crayon que donneront les membres de l’équipe de professionnels réunie autour de la conception des nouveaux espaces d’entreprise de Rio Tinto à partir de l’hiver 2014. Les travaux d’aménagement, eux, démarreront à la fin de 2015 et s’étaleront sur un an.
Le projet devant s’inscrire dans une perspective durable, son design sera évidemment le fruit de l’intégration d’une batterie de mesures allant en ce sens. Comme le recours à des matériaux à contenu recyclé, à des finis architecturaux à faible émission de COV ou encore à un éclairage artificiel performant, pour couper court à l’énumération.
Les aménagements de Rio Tinto feront également la part belle à l’aluminium. Non seulement parce que l’utilisation du métal gris permettra de refléter l’un des créneaux dans lesquels œuvre ce groupe minier international, mais aussi parce qu’elle s’inscrit parfaitement dans un design durable. D’autant plus quand l’on sait que l’aluminium québécois se distingue par sa faible empreinte carbone pour ce type de matériau. En témoigne d’ailleurs la certification Aluminium Stewardship Initiative récemment obtenue par Rio Tinto, une première internationale, en reconnaissance de la rigueur de ses pratiques de développement durable.
« Rio Tinto souhaitait que ses nouveaux bureaux représentent bien l’entreprise, relate Rosanne Dubé, architecte chez Gensler, firme qui a fait équipe avec JCB Architectes pour concevoir les aménagements. Nous y avons donc intégré de l’aluminium là où c’était possible, mais aussi représenté ses autres produits comme le minerai de fer, le cuivre ou le diamant. Cette expression ne se traduit pas nécessairement par l’utilisation des matériaux comme tels, mais aussi par des rappels. Par exemple, du papier peint donnant un effet d’aluminium brossé. »
Bien-être des occupants
Au-delà des considérations environnementales et matérielles, et bien qu’en conjonction avec ces dernières, le design des espaces qu’occupera Rio Tinto à la Tour Deloitte devra d’abord et avant tout être centré sur le bien-être des occupants, en plus de favoriser la collaboration entre les employés et la productivité au travail.
Parmi les stratégies préconisées pour concevoir de tels lieux sains, confortables et collaboratifs figure la disposition des postes de travail dans des espaces ouverts autour du périmètre de chacun des étages, de façon à ce que les employés bénéficient d’un apport abondant de luminosité naturelle et de larges vues offertes sur l’extérieur. C’est sans oublier l’aménagement d’espaces communs: bar-cafétéria; cabines téléphoniques pouvant accueillir une personne; salles de conférence de 20 places ou plus; aires de détente…
« En plus de voir à satisfaire aux exigences de LEED Platine, notre design devait respecter les standards internationaux fixés par Rio Tinto pour ses aménagements, souligne Rosanne Dubé. Et l’une des directives très précises de ces normes était de créer un noyau sur chacun des six étages occupés par l’entreprise dans la Tour Deloitte. »
C’est ainsi qu’à chaque étage, au sortir de la cage d’ascenseur, les employés de Rio Tinto pénètrent dans un espace très accueillant où se trouve un café et où ils peuvent se rencontrer. Pour Rosanne Dubé et Stéphane Carrière, il est clair qu’un tel aménagement permet de faciliter la collaboration entre les gens parce qu’ils apprennent ainsi à mieux se connaître et, du coup, à mieux travailler ensemble. De là à penser qu’il s’agit d’une dynamique très différente de celle qu’ils connaissaient avant d’emménager dans leur nouvel environnement de travail, il n’y a qu’un pas que l’on peut donc franchir d’un trait.
Frédéric Campagna, directeur général des affaires du groupe Aluminium, est bien placé pour en témoigner, lui qui a œuvré à l’ancien siège social montréalais : « Nous étions dans un lieu où il y avait plus de bureaux fermés que de postes de travail à aire ouverte, dit-il. Aujourd’hui, nous sommes dans un environnement où tout le monde a des bureaux fermés mis à part, et cela va de soi, quelques hauts dirigeants. Ce fut un choc pour certains lorsque nous sommes arrivés dans nos nouveaux espaces, mais je préfère notre environnement actuel, car celui-ci nous permet de travailler dans des lieux lumineux où les gens se côtoient et qui offrent des espaces adaptés lorsqu’il faut discuter en privé, comme les cabines téléphoniques. »
Claudine Gagnon, directrice des communications de l’entreprise, est bien d’accord. « Nous travaillons désormais dans un environnement à la fois beaucoup plus confortable et stimulant, et dont l’organisation spatiale facilite la collaboration et amène les gens à bouger dans l’exercice de leur travail », observe-t-elle, en soulignant que la localisation de la Tour Deloitte encourageait le recours au transport en commun, puisque cet immeuble s’élève au-dessus d’un nœud de métro, de train de banlieue et d’autobus.
Confort thermique
Si Rio Tinto bénéficie désormais d’un milieu de vie transparent dont le concept architectural favorise le mieux-être des occupants, le design des aménagements intégrera également des stratégies qui optimiseront leur confort thermique, tout en contribuant à l’efficacité énergétique des nouveaux bureaux. C’est notamment le cas pour l’utilisation de sonde de CO2 ajustant la qualité de l’air, le recours à des toiles solaires pour contrer les gains thermiques et l’éblouissement lorsque cela est requis, mais aussi pour la distribution de l’air neuf par l’intermédiaire d’un plancher surélevé sur chaque étage.
« En alimentant l’air par le plancher avec des diffuseurs disposés en fonction de l’aménagement, on peut traiter seulement l’espace dans lequel se trouvent les employés, ceci jusqu’à une hauteur de quelque six pieds, de sorte que l’air plus chaud se retrouvera au-dessus de leur tête. Cela permet de créer en quelque sorte une bulle qui favorisera leur confort thermique et dont la climatisation nécessitera moins d’énergie », indique Benoit Laroche, chargé du projet chez Bouthillette Parizeau.
Cet expert en mécanique du bâtiment souligne que les usagers peuvent en outre contrôler les diffuseurs d’air manuellement, tout comme il leur est possible d’abaisser ou de relever les toiles solaires au besoin.
L’énumération des mesures qui s’imbriquent les unes dans les autres pour concourir à la haute performance environnementale des bureaux de Rio Tinto pourrait se poursuivre encore longtemps. « Comme nous devions atteindre le niveau Platine de la certification LEED, rien n’a été laissé au hasard pour satisfaire aux exigences de ce système d’évaluation et ainsi offrir un milieu de vie des plus durables aux occupants », conclut Stéphane Carrière.
Client : Rio Tinto
Gestionnaire de projet : Cushman Wakefield
Architecture et design d’intérieur : Gensler Architecture et Design I JBC Architectes
Génie électromécanique : Bouthillette Parizeau
Génie structural : Pasquin St-Jean
Entrepreneur général : Anjinnov Construction
Consultation LEED : Tribu
Consultation – Code : Technorm
Consultation – Cuisine WSP
L’aluminium est évidemment bien présent dans l’environnement des bureaux de Rio Tinto à la Tour Deloitte. S’il est mis en valeur au premier chef en se mariant avec le verre dans la composition des murs-rideaux – ils intègrent l’aluminium à faible empreinte carbone RenewAl de Rio Tinto – qui enveloppent la Tour Deloitte, le métal gris n’est pas en reste quant à ses insertions dans les espaces occupés par l’entreprise.
« Il y avait une volonté d’utiliser l’aluminium sous différentes formes dans les aménagements intérieurs, indique l’architecte Stéphane Carrière. Mais nous n’avions aucunement l’obligation de forcer la note, car les insertions du matériau devaient d’abord et avant tout se justifier par leur pertinence. »
C’est ainsi que sur le plan architectural, aujourd’hui, la présence de l’aluminium dans les aménagements de Rio Tinto se manifeste plus particulièrement à tous les étages dans les composantes préfabriquées de devanture de bureau, les portes et cadres ainsi que dans l’ossature des cloisons vitrées modulaires, pour ne citer que ces exemples.
- Localisation sur un nœud de métro, de train de banlieue et d’autobus – Rio Tinto a instauré des programmes pour favoriser le recours au transport en commun
- Stationnements pour les vélos et douches pour les cyclistes
- Matériaux à contenu recyclé et de provenance régionale
- Finis architecturaux à faible émission de COV
- Luminosité naturelle optimisée dans les espaces régulièrement occupés
- Postes de travail aménagés dans des espaces ouverts autour du périmètre
- Vues sur l’extérieur
- Mobilier de bureau écologique
- Contrôle de l’éclairage artificiel avec détection de présence et de luminosité
- Éclairage artificiel à DEL éconergétique
- Utilisation de toiles solaires pour contrôler la lumière naturelle, les gains solaires thermiques et l’éblouissement au besoin
- Diffusion de l’air neuf par l’intermédiaire d’un plancher surélevé sur chaque étage
- Contrôle des diffuseurs d’air et de la température par les usagers
- Équipements de bureaux et appareils ménagers Energy Star
- Sondes de CO2 pour le contrôle de l’air frais
- Appareils de plomberie à faible débit
- Produits d’entretien ménager écologiques
- Et autres
La haute teneur environnementale des bureaux locatifs montréalais de Rio Tinto est intimement liée à celle qu’affiche la Tour Deloitte. À commencer par une réduction de la consommation de 45 % par rapport à la référence du Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments – 97.
L’atteinte de ce niveau de performance repose notamment sur le recours à un réseau de chauffage hydronique à basse température alimenté par six chaudières à condensation ainsi que sur la récupération d’énergie sur l’air évacué au moyen de trois roues thermiques. « On récupère aussi la chaleur des refroidisseurs pour l’injecter dans la boucle du réseau de chauffage, souligne Benoit Laroche, chargé de projet chez Bouthillette Parizeau.
L’économie d’eau fait aussi belle figure, avec une réduction de 43 % par rapport aux exigences, grâce à l’utilisation d’appareils de plomberie à faible débit dans l’ensemble des espaces.
Le concept de l’éclairage artificiel des bureaux de Rio Tinto, qui met à profit la technologie DEL, s’articule autour d’une approche minimaliste, moderne et pure de la chaleur pour créer un milieu à aire ouverte à la fois accueillant et inspirant pour les personnes qui y travaillent.
Un éclairage direct est utilisé dans les zones particulières alors qu’un éclairage indirect par corniches et un éclairage local servent dans les entrées ainsi que dans les espaces personnels, dans les cabines téléphoniques, les capsules et les différentes aires de collaboration.
La majorité des appareils d’éclairage est contrôlée au moyen d’un système DALI (Digital Addressable Lighting Interface) pour offrir un maximum de flexibilité et de programmabilité.
Source : Lumenpulse