Par Cynthia Bolduc-Guay
Retour sur le premier Forum mondial Bâtiments et Climat, qui se déroulait récemment en France, témoignages de deux représentantes du Québec à l’appui.
Soixante-dix pays, dont le Canada, ont signé une importante déclaration commune pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le secteur de la construction à l’issue du Forum mondial Bâtiments et Climat, tenu à Paris plus tôt en mars. Gabrielle Pichette, conseillère technique Construction durable chez Cecobois, et Mylène Joncas, directrice du Créneau Écoconstruction, représentaient le Québec à cet événement majeur.
S’inscrivant dans la suite de la dernière COP tenue à Dubaï, l’automne dernier, le Forum mondial Bâtiments et Climat aura regroupé près de 1 800 représentants gouvernementaux et de la construction bas carbone à travers le monde afin d’échanger sur les meilleures pratiques en matière de matériaux biosourcés et de politiques pour diminuer l’empreinte carbone des bâtiments.
En plus des panels thématiques, des activités en marge du forum organisées par Construction21 incluaient également des visites de bâtiments bas carbone. La directrice du Créneau Écoconstruction a même eu l’opportunité de faire une allocution qui invitait l’assistance à se projeter dans la ville de demain où les technologies seraient les alliés d’un système urbain qui répond aux besoins et fonctionne en circularité.
« On s’en va dans la bonne direction, mais pas assez vite », retient Gabrielle Pichette, qui croit que l’on peut s’inspirer des politiques de certains pays européens, comme la France, qui demandent des analyses de cycle de vie au moment de la construction de nouveaux bâtiments. En effet, l’Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que, pour se mettre sur la voie d'un parc immobilier sans émissions de carbone d'ici 2050, les émissions directes de CO2 des bâtiments doivent diminuer de 50 % d’ici 2030.
Un véritable momentum
Gabrielle Pichette et Mylène Joncas s’enthousiasment toutes deux de la Déclaration de Chaillot, signée à l’issue du Forum, qui représente une avancée majeure et décisive dans la mise en œuvre opérationnelle de l’Accord de Paris. Les pays signataires s’engagent notamment à mettre en œuvre un cadre financier adapté avec des incitations financières, fiscales et des outils réglementaires afin d’augmenter la part des bâtiments résilients, quasi nuls en émissions de gaz à effets de serre, et accessibles, mais aussi à promouvoir la production, le développement et l’utilisation de matériaux de construction faibles en carbone, durables et à coûts limités.
« Cette déclaration nous donne une belle force de frappe pour poursuivre nos initiatives sur le terrain », estime la directrice du Créneau Écoconstruction, qui insiste sur l’importance de lever les freins à l’utilisation de matériaux biosourcés et de motiver toute la chaîne de valeur. Elle donne l’exemple de la démocratisation de la construction en paille dans les régions périphériques de la France.
L’engagement à mettre en œuvre des feuilles de route contribue également à rendre la Déclaration de Chaillot plus concrète. « C’est important d’avoir une feuille de route avec des objectifs progressifs afin de permettre à tous les paliers de réglementation et à toute la chaîne de valeur de se l’approprier », croit Gabrielle Pichette, qui ajoute qu’il faut aussi prendre en compte les programmes de formation pour assurer la transition vers une industrie du bâtiment bas carbone.
Bases de données d’ACV
Lors de l’événement, la firme d’ingénierie Ramboll a également procédé au lancement d’une base de données volontaire d’analyses du cycle de vie (ACV) du bâtiment en Europe afin de faciliter le travail des professionnels de la construction. Une initiative très importante selon Cecobois, qui travaille déjà à la création d’une banque de données d’analyse de cycle de vie de bâtiments pour le Québec.
- Mettre en œuvre des feuilles de route, des cadres réglementaires et des codes de la construction et de l’énergie contraignants afin de tendre vers des bâtiments plus neutres en carbone;
- Mettre en œuvre un cadre financier adapté avec des incitations financières, fiscales et des outils réglementaires afin d’augmenter la part des bâtiments résilients, quasi nuls en émissions de gaz à effet de serre, et accessibles;
- Promouvoir l’adoption de labels, de standards et de certifications;
- Montrer l’exemple en adoptant des politiques ambitieuses en matière de marchés publics;
- Promouvoir la production, le développement et l’utilisation de matériaux de construction faibles en carbone, durables et à coûts limités;
- Promouvoir les chaînes de valeurs collaboratives et la recherche & développement de solutions innovantes;
- Améliorer les compétences en renforçant notamment le savoir-faire local prenant en compte les stratégies d’atténuation et d’adaptation;
- Développer une gouvernance à plusieurs niveaux, une coordination entre les différentes parties prenantes et une approche plus participative afin de garantir une coordination de la mise en œuvre;
- Développer des outils et des cadres réglementaires afin de collecter et partager les données et les bonnes pratiques.