Par Isabelle Pronovost
Regard sur le Carré Laval, future zone d’innovation qui logera à l’enseigne de la carboneutralité.
Annoncé à l’hiver 2020 par la Ville de Laval, rappelons-le, ce projet prendra forme au cours des prochaines années sur un site de près de quatre millions de pieds carrés compris entre l’autoroute des Laurentides ainsi que les boulevards du Souvenir, Daniel-Johnson et Saint-Martin Ouest. Ce quadrilatère, à l’intérieur duquel se trouve une ancienne carrière, sera transformé en un milieu de vie mixte carboneutre combinant immeubles résidentiels et bâtiments à vocation économique. Un environnement sans voiture, de surcroît, qui valorisera la mobilité active et le transport collectif.
Visant à faire du Carré Laval un quartier centré sur l’innovation, la Ville a multiplié les partenariats avec de prestigieux instituts de recherche afin de générer des idées audacieuses et de créer un écosystème du savoir unique en son genre.
« C’est un lieu qui a des caractéristiques physiques remarquables. On a un bassin de 44 000 mètres carrés avec de grandes falaises. C’est très dramatique comme paysage », indique Elizabeth Muir, stratège au Bureau du développement du centre-ville de Laval. C’est ainsi que plutôt que de chercher à faire disparaître l’immense trou d’eau qu’est devenue l’ancienne carrière, la Ville a choisi d’en faire la pièce maîtresse d’un parc urbain qui sera aménagé en plein cœur du projet.
Selon Elizabeth Muir, l’autre aspect qui distingue ce futur quartier est qu’il a fait l’objet de nombreuses consultations publiques, notamment dans le cadre du programme particulier d’urbanisme (PPU) pour le centre-ville. Durant ce processus, les citoyens ont exprimé leur désir d’y voir un lieu novateur, distinctif et exemplaire.
Recherche avec le MIT
Pour pousser encore plus loin la réflexion sur l’innovation, la Ville a entrepris un partenariat de recherche d’une durée de trois ans avec le Senseable City Lab du Massachussets Institute of Technology (MIT). Ce laboratoire rassemble l’expertise de designers, d’urbanistes, d’ingénieurs, de physiciens, de biologistes et de spécialistes des sciences sociales afin d’étudier et d’anticiper les transformations qui affectent les villes. Laval est la première municipalité québécoise invitée à collaborer avec le prestigieux institut.
Les chercheurs se sont penchés sur le rôle que pourrait jouer le parc au sein de ce futur quartier. « Qu’est-ce qui pourrait être unique par rapport à ce parc ? Qu’est-ce qui pourrait s’y passer comme expérience ? Ils nous ont aidés dans notre réflexion par rapport à la valeur du parc et la création de valeur à travers ce dernier », explique Elizabeth Muir.
Ces questions ont été soumises à six étudiants, qui ont développé six idées différentes. Parmi celles-ci, on trouve des tables à pique-nique qui peuvent se transformer, grâce à un écran tactile à encre électronique, en un espace de création et de collaboration. Autre proposition : un système composé d’agents d’intelligence artificielle et d’interfaces de réalité mixte qui donnerait aux utilisateurs du parc des conseils adaptés pour l’exercice physique et la santé.
Ce qui intéresse Laval, ce n’est pas tant la réalisation concrète des idées présentées, mais le processus qui a fait émerger ces idées. « Ils [le MIT] vont rapidement mettre les choses sur la table et les prototyper tout aussi rapidement, pour ensuite les tester afin de voir tôt par la suite les réactions des gens. C’est une culture qui est très intéressante en ce qui concerne l’innovation », souligne la stratège. La Ville a d’ailleurs invité le MIT à animer deux ateliers avec la communauté lavalloise à l’automne 2022, desquels ont émergé d’autres propositions intéressantes.
Partenariat avec l’INRS
Outre le développement du parc, Laval planche sur la meilleure façon d’attirer des entreprises actives en recherche et développement, des institutions du savoir et des incubateurs d’entreprises. Pour ce faire, elle s’est récemment associée avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) pour créer une chaire de recherche sur l’ingénierie du microbiome afin de générer des solutions durables dans le domaine de l’agroalimentaire. Financé par la Ville à hauteur de 100 000 dollars par année pendant trois ans, ce projet s’articulera autour de trois axes d’intervention : la production, l’alimentation et l’environnement avec l’objectif zéro déchet.
En s’associant ainsi avec la Ville, l’INRS devient un « partenaire d’ancrage ». Elizabeth Muir croit en outre que c’est « en offrant un mode de vie tourné vers l’avenir, un environnement qui met l’humain et la nature au centre du design », que la Ville pourra inciter les entreprises du savoir à s’établir dans le secteur.
En attendant que le futur quartier émerge du sol, le site devra être décontaminé. À cet égard, le gouvernement du Québec annonçait en 2020 l’octroi d’une subvention de 10 millions de dollars pour appuyer la décontamination, le réaménagement et la valorisation du terrain. La Ville devra aussi relocaliser le dépôt à neige.
En ce qui concerne la construction comme telle, la planification est en cours, indique Elizabeth Muir. Entre-temps, les services professionnels de la firme Innovitech ont été retenus en 2021, dans la foulée d’un appel d’offres, pour la réalisation d’une étude de faisabilité économique. Pour sa part, la firme d’architecture Provencher_Roy a hérité du mandat d’élaborer le plan directeur d’aménagement.