L’ingénieur Martin Roy, Fellow LEED, président de Martin Roy et Associés, livre ses coups de cœur de l’édition 2019 de Greenbuild.
De retour cette année, le plus grand événement international entièrement consacré à la construction durable a été lancé au Georgia World Congress Center d’Atlanta sous l’égide du Greenbuild. Cette cuvée 2019 dont le thème était A New Living Standard place invariablement les questions environnementales au rang des préoccupations internationales, mais aussi prend fait et cause pour l’humain, quelle que soit sa situation, pour qu’il puisse avoir accès à de bonnes conditions de vie.
À la lumière de ces considérations, ce sommet a mis en relief le bien-être des occupants dans les bâtiments, thème que l’on retrouve autant lors des conférences qu’au gré des produits présentés en exposition. Les appareils qui mesurent et enregistrent la qualité de l’air sont légion, et le bois, omniprésent dans les constructions, rejoignant ainsi les principes de la biophilie, occupent le devant de la scène.
Parlant de biophilie, je ne peux passer sous silence mon véritable coup de cœur pour le Stephen R. Kellert — Biophilic Design Award qui, au cours de cette troisième édition, a été décerné lors d’une cérémonie qui s’est tenue au Georgia Institute of Technology. Cette distinction souligne l’excellence des réalisations liées à l’environnement bâti, révélant ainsi la compréhension qu’avait Kellert du lien unissant l’homme à la nature. Cette année, pour une première fois, les lauréats ont été sélectionnés à partir de trois catégories de projets distincts : Building Scale, Interior/Renovation et Community/Urban Scale. Vingt-trois candidatures ont été déposées, incluant six projets internationaux, dont celui du Phénix (bureau de la firme Lemay à Montréal) qui a raflé un prix dans la catégorie Intérieur/Rénovation. Un grand honneur que de recevoir un tel prix pour un bâtiment du Québec! La tendance biophilique est en plein essor et nous avons su saisir la balle au bond!
Les conférences
Quant aux conférences, il y en a une qui a particulièrement attisé ma curiosité, sous la conduite de quatre propriétaires immobiliers provenant de la Suède, des États-Unis, du Canada (Triovest) et de la Grande-Bretagne qui gèrent des millions de pieds carrés en bâtiments de location. Ce groupe a présenté une variété de solutions pour favoriser le bien-être des occupants dans leur environnement de travail.
Des espaces communs style lounge, des cuisines fonctionnelles et des espaces pour faire la sieste (sleep pods) ont été implantés afin de démontrer qu’il est possible de réduire le stress en faisant entrer un petit peu de chez soi dans son espace de travail. En un mot, ces promoteurs répondent à ce que le marché demande et ce qu’il demande, c’est du bien-être.
Cette année, plus que jamais, bon nombre des présentations provenaient d’Europe. Des villes comme Cologne, Stockholm, Londres et Barcelone ont répondu présent lors de conférences portant sur le bien-être des occupants, mais aussi sur les changements climatiques. Depuis le Greenbuild de la Nouvelle-Orléans en 2014, le thème de la résilience allait bon train. Cependant, au cours de ce dernier rassemblement à Atlanta, nous constatons un important changement de cap avec l’urgence climatique en tant que point focal. Les questions qui se posent : que doit-on faire pour contrer les gaz à effet de serre, diminuer l’impact des changements climatiques et comment s’y adapter?
Dans le cadre d’un projet pilote bénéficiant de l’appui de la Commission européenne, un groupe de trois intervenants a mis en évidence plusieurs solutions créatives et envisageables pour les villes, dont plusieurs mesures d’efficacité énergétique. Fait intéressant, la majorité des solutions touche l’enveloppe des bâtiments plutôt que les systèmes de chauffage ou de refroidissement. L’effort se concentre d’abord sur la durabilité des bâtiments afin de les rendre plus efficaces en les isolant mieux ou en installant une meilleure fenestration.
Conséquemment, c’est l’ensemble de la communauté de pair avec les villes et non plus les bâtiments seuls qui sont interpellés dans l’engagement à lutter contre l’urgence climatique. Et les effets de synergie étaient bien tangibles lors de cette dernière édition du Greenbuild de fin de décennie.
*Propos recueillis par Sandra Soucy
