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Après-COVID-19 | Et maintenant? Sommes-nous prêts à changer nos réflexes?

12 août 2020

Louis-Philip Bolduc, Ing., PA LEED BD+C, directeur de projet chez Énergère, poursuit sa réflexion sur l’après-crise sanitaire. Dernier de trois articles.

Si on vous demande de choisir un seul mot qui marque votre année 2020 jusqu’à présent, lequel choisissez-vous? Pour ma part, j’opte pour réflexion… Parce qu’à travers cette pandémie, on observe surtout un climat propice à la réflexion, et c’est cela qui m’interpelle. J’ai moi-même contribué à cet élan en rédigeant un premier article publié sur voirvert.ca, fin avril, qui abordait l’importance qu’il faudra accorder à la transition écologique lors de la reprise post-COVID-19. J’ai renchéri quelques semaines plus tard avec un deuxième article qui valorisait cette fois-ci les avantages de la transition écologique afin de ne pas oublier l’élan pré-COVID-19.

En plein cœur de l’été, rien n’indique un essoufflement de cette volonté populaire de remettre en question notre période pré-pandémie. Ne pouvant pas réellement savoir quand la vie « normale » reviendra, il est peut-être naturel diront certains de continuer à penser ce futur. Force est de constater qu’il y a cependant plusieurs idées et constatations qui se démarquent déjà et qui méritent notre attention. Pourquoi alors ne pas commencer à les promouvoir? Pourquoi ne pas en profiter pour faire preuve de leadership et amorcer un changement de discours dès maintenant?

Mon constat vis-à-vis les diverses réflexions lues depuis ce printemps m’amène à croire que nous sommes pris dans un piège. Soit celui de considérer les solutions dites durables comme un complément positif qui, trop souvent, s’ajoute aux autres critères de conception traditionnels. Il faut briser cette perception. Tant et aussi longtemps que les initiatives durables seront considérées comme optionnelles, et qu’un bâtiment durable fera se conserver chez les gens la perception qu’il s’avère plus complexe qu’un bâtiment traditionnel, le défi sera vu comme trop imposant pour plusieurs.

Nous n’avons pas besoin d’attendre plus longtemps pour faire preuve de leadership et vulgariser autrement. Un client qui souhaite réaliser un projet aura toujours un budget limité et il est de son devoir de gérer son risque. Les options perçues comme des ajouts seront toujours plus faciles à écarter lorsque des choix s’imposent… Sachant ces réalités contraignantes, pourquoi alors toujours reproduire la même approche? Au lieu de se lancer dans un nouveau projet avec la même façon de faire que pour un précédent projet, comment le définir différemment? Qu’est-il possible d’écarter ou quel matériau peut-on réduire pour ainsi réaliser un projet qui respecte une approche durable? Si vous êtes convaincu de la transition écologique, alors pourquoi ne pas la considérer au même type qu’une norme qui se doit d’être respectée?

Un défi plus facile à écrire qu’à réaliser direz-vous, mais sa réussite est atteignable et passe par notre capacité à changer nos réflexes. Il faut encadrer tout nouveau projet en sachant qu’il est possible de n’intégrer qu’un nombre limité de mesures. Ceci demande de faire des choix contraignants dès le début, mais justement le défi est là. Construire durable demande une vision intégrée qui vise un équilibre. On souhaite tous voir des règles et incitatifs financiers apparaître pour aider la transition écologique, mais en attendant il faut commencer par changer notre discours. Il faut pouvoir guider un projet dans le sens où les mesures les plus pertinentes devront être choisies.

Lançons-nous donc ce défi collectif de changer individuellement notre perception. Travaillons initiative par initiative à faire en sorte que la transition écologique occupe la place qu’elle doit prendre, mais surtout ne sous-estimons pas le pouvoir d’influence individuel que nous avons dans un projet. L’ère COVID-19 a démontré notre capacité à s’adapter et à intégrer des changements dans notre quotidien. L’enjeu de la transition écologique demande ce même niveau d’adaptation et d’intégration. Êtes-vous prêts?


*L’auteur est président sortant du conseil d’administration du Conseil du bâtiment durable du Canada – Québec et président du conseil d’administration d’Écohabitation