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Passivhaus fait son nid au Québec

22 janvier 2015

Le standard européen Passivhaus est appelé à faire son nid au Québec. Peu à peu.

Passivhaus : voilà l’un des concepts les mieux adaptés au climat québécois. Reste que pour récolter les bénéfices de ce label allemand développé au fil des 20 dernières années, il faut d’abord bien maîtriser toute la science et le savoir-faire derrière les critères de performances proposés. 

« Passivhaus, c’est le gros bon sens ! », s’exclame d’entrée de jeu l’architecte Lucie Langlois, présidente d’Alias Architecture et conceptrice certifiée de maisons passives. Elle poursuit en soulignant que la conception passive va dans le même sens que les conclusions du rapport final de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, déposé en février 2014. « Il faut diminuer la consommation des ressources énergétiques, favoriser le low-tech, puis travailler sur l’efficacité des systèmes. Tous les professionnels du bâtiment devraient s’attaquer à ça. 

« En fait, renchérit-elle, un des points importants soulevés dans les recommandations est que les normes ne doivent pas être prescriptives, mais viser une performance. Normaliser les objectifs plutôt que des moyens, donc, cela a pour effet d’encourager l’innovation. » 

L’essence de la philosophie Passivhaus est désormais applicable non seulement aux bâtiments résidentiels, mais aussi aux immeubles commerciaux, institutionnels et industriels. Mais quelle est la réelle nature de cette démarche qui permet de concevoir des bâtiments qui consomment 10 % de leurs équivalents ? 

Critères de performance

Première caractéristique gagnante : les critères de certification Passivhaus sont axés sur la performance du cadre bâti et ils ne sont en aucun point prescriptifs. Cette approche a fait ses preuves et elle constitue une tendance forte au sein des usagers des systèmes de certification. Ainsi, les critères requis pour construire passif touchent l’étanchéité, la consommation en chauffage et la consommation globale. 

« En fait, signale Lucie Langlois, tous les éléments du design ont un impact sur la consommation énergétique du bâtiment : la forme, l’orientation, la fenestration, les matériaux, etc. » 

Côté bénéfices, on associe souvent aux bâtiments passifs la qualité d’être très confortables et, notamment, exempts de stratification thermique. La quiétude sonore est aussi une conséquence enviable d’une telle construction. Pourtant, les bâtiments certifiés passifs demeurent peu nombreux dans le climat rigoureux québécois. 

« La méconnaissance, le manque de volonté politique et l’accessibilité aux produits et matériaux de haute performance énergétique en sont la cause, explique Lucie Langlois. On s’imagine qu’on fait très bien alors qu’on peut faire tellement mieux. » 

Pour l’architecte, la voie à suivre passe par la hausse des exigences du code, la formation et l’outillage. Côté technique, elle met l’accent sur deux aspects : les ponts thermiques et l’étanchéité. À cet effet, la conception, les méthodes et les matériaux devront évoluer. Elle mentionne au passage que « le verre cellulaire est un matériau isolant et structural qui aurait avantage à être plus utilisé [au Québec]. » 

La fenestration demeure aussi un élément crucial. Pour atteindre les rendements énergétiques souhaités, le vitrage triple et les cadres haute qualité sont de mise. Les produits sont parfois plus difficiles à trouver, bien qu’ils soient disponibles. 

L’architecte est convaincue qu’il y a un grand intérêt de la part des professionnels pour la construction de bâtiments passifs. « Le défi est emballant, dit-elle, on va au-delà de l’esthétique pour revenir aux grands principes qu’on a appris sur les bancs d’école, qui visent à optimiser le fonctionnement d’un bâtiment. »

Trois critères de performance
  1. Taux d’infiltration d’air maximal : 0,6 CAH à 50 Pa de dépressurisation et pressurisation (deux tests)
  2. Consommation maximale en chauffage ou climatisation : 15 kWh/m2 par année de consommation ou encore 10 W/m2 de puissance installée
  3. Consommation globale maximale : 120 kWh/m2 par année