CHRONIQUE DE BÂTIMENT DURABLE QUÉBEC
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Le secteur du bâtiment est un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES) après les transports et d’importantes optimisations sont possibles pour atteindre l’objectif national de réduction des émissions de 30 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.
Tous les intervenants de l’industrie de la construction doivent maintenant s’adapter rapidement et diminuer leurs émissions de GES à court et moyen terme. La norme canadienne Bâtiments Carbone Zéro (BCZ) vise à guider les propriétaires, les concepteurs et les constructeurs de bâtiments dans cette démarche en établissant des objectifs clairs. Le Conseil du bâtiment durable du Canada a établi ce standard pour faciliter l’atteinte de ces cibles de réduction d’émissions carbone en utilisant un langage commun et une méthodologie simple d’un océan à l’autre. Le résultat mène à une certification rigoureuse, mais très peu coûteuse, alors que le seul indicateur est la mesure des émissions de GES.
Parmi les faits saillants des critères de la norme BCZ, quelques notions à retenir :
- Les émissions opérationnelles qui, comme le terme l’indique, concernent les GES émis par l’opération des bâtiments. Ce calcul inclut les émissions directes et indirectes liées à la consommation électrique, à la consommation d’énergies fossiles (le cas échéant) et aux fuites de réfrigérants (en opération).
- Le carbone intrinsèque qui consiste à réaliser une analyse de cycle de vie (ACV) à partir de l’ensemble des matériaux de structure et d’enveloppe de bâtiment pour établir un bilan carbone sur une période normalisée de 60 ans. Ce calcul vise à comptabiliser les émissions de GES attribuables à l’utilisation de matériaux pour construire ou rénover un immeuble.
- La compensation des émissions qui peut être réalisée grâce à l’achat de crédits carbone certifiés ou l’exportation d’énergies renouvelables.
- Les innovations qui doivent trouver leur place dans les nouvelles constructions plus particulièrement, alors que la certification BCZ exige au moins deux solutions parmi l’intégration d’une source d’énergie renouvelable, un système de pompe à chaleur comme système de chauffage principal, la réduction du bilan de carbone intrinsèque, le stockage d’énergie thermique ou électrique ou autres innovations à présenter par les équipes de projet.
Une des clés pour réduire les émissions opérationnelles reste l’efficacité énergétique pour diminuer la consommation. Mais pour les bâtiments qui dépendent du gaz naturel ou du mazout, l’accent sera mis sur la transition énergétique pour aller vers une source d’énergie plus faible en carbone, l’électricité en l’occurrence.
En ce qui concerne le carbone intrinsèque, parmi les principales stratégies pour réduire les émissions GES liées à l’utilisation des matériaux, selon le type de construction, notons l’optimisation de l’impact des structures de bâtiments, pour alléger la masse totale des matières requises, le recours à des structures de bois ou l’intégration de contenus recyclés aux éléments de béton et d’acier. Sans surprise, les analyses du cycle de vie réalisées sur plusieurs projets nous informent que la réutilisation de bâtiments existants devrait être favorisée, alors que la rénovation est beaucoup moins impactante que la construction neuve.
Les solutions existent, la vérification est abordable avec la norme BCZ et l’investissement s’annonce rentable selon des études sur le cycle de vie. De l’autre côté, les enjeux sont majeurs, et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas prendre les moyens pour réussir à relever ce défi.
*Hugo Lafrance, LEED Fellow, WELL Faculty, associé stratégies durables chez Lemay. Il préside le comité économie verte de la FCCQ et il est membre du comité communication du CBDCa – Québec.