Par Laurent Canigiani
C’est sous l’appellation Le Domaine Kogan qu’un vaste écoquartier mixte devrait voir le jour à Rivière-du-Loup, à compter de 2021, sur un site notamment occupé par une friche industrielle.
Le projet inclut 200 logements avec des ratios de stationnement réduits et en sous-terrain, des bâtiments mitoyens, des rues étroites et végétalisées, une mixité d’usages, des toits verts et des espaces verts partagés. La particularité du Domaine Kogan tient dans l’ambition de la Municipalité de mettre en œuvre un écoquartier exemplaire, dont l’investissement global est estimé à quelque 40 millions de dollars.
De l’usine à l’écoquartier
L’ancien terrain de l’usine textile Calko, incendiée en 2011, a été cédé peu de temps auparavant à la Ville par la famille Kogan, d’où le nom du futur écoquartier. Au départ, il s’agissait de réaliser une éco-rénovation de ce bâtiment industriel en intégrant un projet d’habitations collectives comprenant une partie de logements sociaux. Le reste du terrain aurait alors été réservé à la construction d’habitations.
L’incendie a rebattu les cartes et la Ville a décidé de transformer cet incident en occasion, imaginant une micro société exemplaire orientée vers le développement durable. À cette époque, soulignons-le, elle initiait en parallèle le Créneau Écoconstruction, un organisme œuvrant aujourd’hui au développement de la construction écologique dans le Bas-Saint-Laurent.
Mesures durables intégrées
Avec le concours d’experts de Vivre en ville, organisme favorisant le principe de collectivité viable, le plan d’aménagement du Domaine Kogan a été conçu en 2011-2012 par une équipe interne de la Municipalité. « L’objectif était de créer un cadre clair et défini pour aider les futurs promoteurs à diriger leur projet vers un mode de vie durable », souligne le directeur général de la Ville de Rivière-du-Loup, Jacques Poulin.
Parmi les mesures venant soutenir cet objectif figurent les suivantes :
- voies partagées à usage mixte (piétons, voitures et bicycles circuleront sur la même voie, avec un système de priorité propre à l’écoquartier, favorisant une circulation lente);
- gestion des déchets spécifiques;
- cour intérieure publique;
- ligne zéro au niveau latéral et avant mais petit jardin privatif pour chaque bâtiment;
- minimisation d’espaces de stationnement (les promoteurs devront proposer des stationnements souterrains);
- utilisation pour la construction de matériaux locaux;
- implantation de système d’autopartage;
- toits verts;
- jardins communautaires intégrés.
À l’horizon 2021, la Ville prévoit amorcer un appel à la construction, sous forme de lots, qui se déroulera en deux phases. La première, qui concerne la friche industrielle appartenant à la Ville, portera principalement sur la construction des bâtiments résidentiels. Des services professionnels demandant peu de contraintes à l’environnement et peu de services aux stationnements pourront également intégrer l’espace.
La phase 2, qui doit prendre forme sur un terrain commercial privé où se trouvent déjà un magasin de meubles, des services professionnels et un entrepôt, prévoit un développement commercial plus intensif. D’autres commerces pourraient s’implanter sous forme d’immeubles à usage mixte, dans lequel le rez-de-chaussée serait dédié à la fonction commerciale alors que les étages supérieurs accueilleraient des unités d’habitation en copropriété.
Vitrine sur l’écoconstruction
La première composante du Domaine Kogan sera un bâtiment qui servirait de vitrine pour le Créneau Écoconstruction du Bas-Saint-Laurent. L’immeuble accueillerait entre 22 et 30 logements à loyer abordable et serait construit avec des matériaux locaux, comme le verre, l’ardoise, le bois certifié et le bois torréfié. L’objectif est de démontrer la capacité de la région à pouvoir réaliser de l’écoconstruction.
Les frontières de l’écoquartier ne seront pas imperméables et plusieurs projets de bâtiment en périphérie du site pourront se transformer en espace collectif, notamment un entrepôt privé qui deviendrait à la fois une zone de plusieurs commerces avec également une garderie. Le directeur général de la Ville note que ce secteur est surtout situé dans l’axe de la rue Lafontaine, qui représente l’artère commerciale de la municipalité. « L ’idée est non pas d’agrandir la surface commerciale, indique Jacques Poulin, mais d’amener les 500 futurs citoyens de l’écoquartier à aussi dynamiser le centre-ville et les commerces de proximité qui s’y trouve. »