Malgré des turbulences bien ressenties, les firmes d’architecture québécoises réussissent pour l’heure à naviguer à travers la crise du coronavirus.
C’est ce qui ressort d’un sondage mené par l’Association des architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ) auprès de ses membres. Cet exercice, auquel se sont prêtées plus d’une centaine de firmes d’architecture de toutes tailles, visait notamment à prendre le pouls de leur capacité à livrer leurs services en cette période de pandémie et, ultimement, à traverser la crise.
Continuité des services
En se basant sur la période précédant l’éclatement de la crise, près de 45 % des firmes répondantes avancent être en mesure d’offrir un niveau de service supérieur à 80 % à leurs clients. Plus de 36 % pensent pour leur part être entre 60 et 80 % de leur capacité, alors que près de 20 % estiment pouvoir fonctionner à moins de 60 %.
À la lumière de son sondage, l’AAPPQ observe que ce sont principalement des facteurs sur lesquels les firmes d’architecture ont peu de maîtrise qui affectent leur capacité d’offrir le même niveau de service qu’avant la crise. Plus d’un tiers des répondants évoquent en effet l’indisponibilité des collaborateurs dans les projets (clients, consultants, entrepreneurs…), faisant ainsi référence à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui est impactée et qui est primordiale dans le travail de coordination de l’architecte.
Dans la même veine, plus d’un quart des répondants attribuent leur perte de productivité au manque de ressources humaines, notamment en raison de la difficulté que pose le travail à distance combiné à la garde d’enfants. Quinze pour cent des répondants, eux, imputent à des enjeux technologiques les difficultés à maintenir leurs services.
Du côté des activités les plus impactées par la crise, ce sont les rencontres de coordination qui arrivent en tête de lice pour 27,39 % des firmes d’architecture ayant répondu au sondage. Suivent la production de concepts ainsi que de plans et devis (20,13 %) puis l’élaboration des offres de services et les réponses aux appels d’offres (18,48 %).
Depuis le début de la crise, 64 % des répondants au sondage ont été informés que des projets en cours ou prévus étaient reportés. Dix-neuf pour cent d’entre eux ont été avisés que des projets étaient annulés, ceci principalement par des donneurs d’ouvrage privés.
Capacité financière
Selon ce que laisse transpirer le sondage mené par l’AAPPQ, la majorité des firmes d’architecture québécoises semblent avoir la capacité de faire face à la crise sur le plan financier à très court terme. Mais il reste que près de 27 % des répondants prévoient être confrontés à des problèmes de liquidités d’ici 3 à 5 semaines, et près de 29 % sur un horizon de 6 à 11 semaines. Pour plus du quart des répondants, de telles difficultés pourraient survenir au-delà de 3 mois.
En analysant les résultats du sondage en fonction de la taille des firmes répondantes, l’AAPPQ dégage les tendances suivantes :
- les très petites firmes (1 à 2 personnes) semblent moins affectées par des problèmes de liquidités à très court terme, 82 % d’entre elles ne prévoyant pas de difficultés avant 3 mois;
- les firmes qui semblent le plus touchées par les problèmes de liquidités à court terme sont celles comptant de 3 à 9 personnes : 47 % des bureaux de 3 à 9 personnes entrevoient des problèmes de liquidités d’ici 3 à 5 semaines, en regard de 36 % pour ceux de 10 à 19 personnes;
- les plus grandes entreprises, soit celles comptant plus de 50 personnes, pourraient être confrontées rapidement à des problèmes de liquidités : pour 28 %, d’ici 3 à 5 semaines, et dans une même proportion d’ici 6 à 11 semaines.
Poursuite des projets
Devant la fragilité de bon nombre de ses membres à affronter une crise qui pourrait perdurer à moyen terme, l’AAPPQ indique qu’elle multipliera les représentations, notamment auprès du ministère de l’Économie et de l’Innovation ainsi que des donneurs d’ouvrage publics, pour qu’au-delà des chantiers, les projets puissent se poursuivre, puisque les firmes d’architecture sont dans la très grande majorité capables d’offrir leurs services à distance.
Continuité des appels d’offres, réduction des délais de paiement, maintien des services de délivrance des permis et des CCU en vidéoconférence dans les municipalités, possibilités de subventions salariales… Ce sont là autant de positions que verra à défendre l’AAPPQ, en plus d’accompagner ses membres pour les orienter vers les bonnes ressources en cas de problèmes de liquidités.
Source : AAPPQ