Par Marie-Ève Sirois
L’adhésion au BIM n’est plus une option dans le milieu québécois du bâtiment, elle s’impose sans plus tarder. Deux dirigeants du Groupe BIM du Québec expliquent.
Partage de l’information, processus collaboratif, optimisation en temps réel… Bienvenue dans l’univers du BIM (Building Information Modeling), approche qui se pose plus que jamais comme incontournable pour élever d’un cran la durabilité de l’environnement bâti ainsi que pour hausser la productivité et la compétitivité des entreprises québécoises du secteur de la construction.
Si l’utilisation de ce puissant outil s’accompagne de bénéfices indéniables, de la conception à l’exploitation en passant par la construction des bâtiments, il n’empêche que son intégration enjoint les organisations gravitant dans le giron de l’industrie à amorcer une transition numérique. Et, du même coup, à se transformer sans plus tarder.
Pour Sébastien Frenette, président du groupe BIM du Québec, il y a urgence d’agir de manière concertée afin de positionner avantageusement la province dans le virage numérique qui s’opère actuellement à l’échelle planétaire. Son analogie avec les changements climatiques est frappante : « Qu’on s’y adapte ou non, le climat change. C’est la même chose pour l’utilisation du BIM, dit-il. L’approche numérique est là pour rester et il n’en tient qu’à nous de changer nos mœurs pour en récolter les bénéfices. »
Le Groupe BIM du Québec est partenaire principal de la Grande rencontre Contech BIM et PCI : modéliser le changement, qui sera présentée le 28 février prochain à Montréal.
L’événement réunira propriétaires et gestionnaires immobiliers, concepteurs de projets et constructeurs autour des enjeux et des défis que pose le déploiement de la conception intégrée et du BIM dans les bâtiments au Québec, mais aussi des solutions permettant de tirer pleinement profit de l’intégration de ces approches collaboratives.
Les bénéfices du BIM sont d’ailleurs alléchants à l’échelle du cycle de vie du bâtiment. Pour illustrer le concept, Érik A. Poirier, vice-président du Groupe BIM du Québec, va droit au but : « Si l’on veut en avoir plus pour notre argent et entretenir notre environnement bâti de manière durable et responsable, c’est la voie à suivre. »
C’est que le BIM permet de réduire le risque d’erreurs et d’omissions à la source de surcoûts. Les usages qui en découlent sont aussi garants d’une qualité d’exécution accrue. Mieux encore, l’utilisation du BIM constitue un outil puissant pour supporter l’approche de conception intégrée. Et que dire de la phase d’exploitation, qui peut bénéficier de données graphiques et tabulaires.
Vers la construction 4.0
Or, le virage numérique peut s’apparenter à un saut périlleux vers la construction 4.0. Qu’il s’agisse des enjeux financiers, organisationnels ou culturels, cette transition s’avère majeure pour une organisation. Et, tel qu’il est mentionné dans une étude récente[1] le BIM représente la clé de voûte de ce passage qui se profile comme obligé.
« Depuis 2017, explique Sébastien Frenette, nous travaillons à élargir la perspective de l’usage du BIM au-delà des outils du Groupe BIM du Québec. Nous abordons davantage le volet des pratiques d’affaires, l’adaptation des processus, et nous élargissons nos horizons en dehors du bâtiment. »
Aux côtés des administrateurs Érik A. Poirier et Véronyk Duguay, trésorière, le président du Groupe souhaite « fédérer l’industrie de la construction et susciter la participation et l’engagement de l’ensemble des acteurs de l’industrie dans une approche cohérente, axée sur des objectifs communs ».
La vision des trois administrateurs est claire : la démocratisation, l’encadrement et l’arrimage des pratiques québécoises avec les standards internationaux sont cruciaux. À cet effet, le Groupe BIM du Québec est affilié à buildingSMART Canada, présentement responsable de l’élaboration d’un cadre de pratique normalisé.
Opérer la transition
Les institutions québécoises se montrent aussi sensibles à l’idée d’accroître la productivité et la compétitivité du Québec à l’échelle internationale. Mandaté par le ministère de l’Économie et de l’Innovation, le Groupe BIM du Québec a élaboré le rapport mentionné auparavant où il est question de 60 actions concrètes, réparties sur 5 axes d’intervention structurants, dans le but de faire progresser l’industrie de la construction dans le virage numérique. Le Groupe a également participé à la conduite des chantiers de consultation en novembre et décembre 2017, en collaboration avec la Société québécoise des infrastructures et de l’Institut de gouvernance numérique.
La semaine dernière, soulignons-le, le Groupe BIM du Québec fêtait son 10e anniversaire et dévoilait sa programmation 2019. Avec notamment quatre soirées-conférences, une soirée réseautage et une Grande rencontre Contech, les membres et participants de l’organisme ont de quoi se mettre sous la dent pour amorcer leur virage numérique.
« Notre communauté de pratique est en expansion, indique Sébastien Frenette. Nous venons de lancer la programmation et les activités sont adaptées à tous les niveaux de maturité BIM. C’est un bon moment pour ceux qui souhaitent faire partie de la transition numérique pour adhérer à notre réseau et prendre part aux activités. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes, le nombre de membres du Groupe BIM du Québec a augmenté de 40 % au cours de la dernière année. Celui des partenaires d’affaires a quant à lui fait un bond de 60 %.
1. Accroître la performance de la filière québécoise de la construction par le virage numérique : étude sur le déploiement des outils et des pratiques de la modélisation des données du bâtiment au Québec, Groupe BIM du Québec (É. A. Poirier, S. Frenette, V. Carignan, H. Paris), 2018, 124 pages.