Par Rénald Fortier
Le Fonds immobilier de solidarité FTQ renforce encore davantage ses exigences pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs sur les chantiers auxquels il est associé, tout en préparant activement l’après-crise de la COVID-19.
Douze. C’est le nombre de projets mutirésidentiels menés par le Fonds immobilier de solidarité FTQ, de concert avec différents partenaires, qui viennent de repasser en mode réalisation après la pause décrétée le 23 mars dernier pour limiter la propagation du coronavirus au Québec. Des projets dont les copropriétés ou les unités locatives doivent être livrées pour juillet prochain, comme ceux du complexe Yimby de l’ensemble District Union, à Terrebonne, du Hameau Saint-Jacques, à Québec, ou encore de la tour no 5 du Square Children’s, à Montréal, pour couper court à l’énumération.
Autant de chantiers réactivés, donc, où l’application de mesures sanitaires strictes sera sous haute surveillance. Des représentants à la prévention verront ainsi sur le terrain à ce que soient assidûment respectées les mesures d’hygiène exigées par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) pour réduire les risques de contamination à la COVID-19 dans la construction.
« Aucun relâchement ne sera toléré, indique le président-directeur général du Fonds immobilier de solidarité FTQ, Normand Bélanger. Assurer la sécurité des travailleurs n’a jamais été une option sur nos chantiers et, aujourd’hui, la situation exige de resserrer encore davantage les exigences à cet égard. C’est pourquoi nous veillons à ce que les partenaires avec qui nous développons conjointement nos projets mettent en place les mesures requises, sans exception, et que les sous-traitants œuvrant sur nos chantiers les appliquent systématiquement. »
Il faut dire que le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ est bien placé pour se faire entendre de ceux avec qui il fait équipe, au premier chef parce que chacun de ses projets est développé sur la base d’un partenariat à parts égales. Ainsi, comme il investit en capitaux propres dans des catégories d’actifs à fort potentiel de croissance et qu’il prend le même risque financier que ses partenaires dans chacun des cas, il est à leur côté tout au long du déploiement des projets.
Ce n’est donc pas un hasard si la plupart des mesures d’hygiène prônées par la CNESST en cette période de pandémie sont déjà en vigueur sur les chantiers auxquels est associé le Fonds, voire depuis longtemps d’ailleurs. Comme c’est le cas pour la mise en place de toilettes avec l’eau courante et de lavabos pour les travailleurs, par exemple, une mesure dont l’application remonte à 2013.
C’est sans compter que le Fonds et ses partenaires avaient déjà commencé à mobiliser des roulottes additionnelles sur les chantiers, avant que ceux-ci ne soient arrêtés, pour permettre davantage d’éloignement entre travailleurs au moment de prendre le repas ou encore une pause.
« La distanciation sociale sur les chantiers ne figurait pas dans nos exigences, mais on va prendre les moyens qui s’imposent pour l’intégrer à nos pratiques, note Normand Bélanger. Et lorsqu’il sera impossible pour des travailleurs de garder un écart de deux mètres entre eux pour exécuter une tâche, comme l’exigent les autorités, nous allons alors nous assurer qu’ils portent tout l’équipement de sécurité requis. »
Au-delà de l’enjeu sanitaire
Si la santé des travailleurs se pose comme un enjeu primordial pour le Fonds immobilier de solidarité FTQ sur ses chantiers résidentiels considérés comme étant essentiels, après quatre semaines d’interruption de ceux-ci la livraison des projets est loin d’être en reste.
« Nous sommes confiants de pouvoir reprendre le temps perdu et de livrer les unités d’habitation à temps, indique Normand Bélanger. Surtout que pour la plupart de nos projets, l’enveloppe des bâtiments avait été fermée avant l’hiver et qu’on en était rendu à l’exécution de travaux à l’intérieur. Encore faudra-t-il que l’approvisionnement en matériaux soit au rendez-vous, mais nous avons bon espoir que les fournisseurs pourront suffire à la demande. »
Et si un ou des partenaires devaient avoir été ébranlés par le ressac économique découlant de la crise du coronavirus? « Dans le cas où un développeur immobilier avec qui nous travaillons aurait momentanément besoin d’un coup de main, on va essayer de l’aider, répond tout de go Normand Bélanger. Mais toujours en gardant à l’esprit que le Fonds est le fiduciaire de 700 000 actionnaires qui veulent faire fructifier leurs économies en vue de la retraite.
C’est pourquoi advenant que la rentabilité d’un projet s’annonce moindre que prévue, tant le Fonds que son partenaire devront alors partager cette diminution. « Comme nous prenons le même risque financier, fait remarquer Normand Bélanger, nous avons réciproquement tout intérêt à trouver la ou les meilleures solutions. »
Saisir les occasions d’affaires
Une fois les 12 chantiers résidentiels à relancer prioritairement bien en selle, lesquels figurent parmi les 56 projets en cours de développement – leur valeur globale avoisine les 3,6 milliards de dollars – dans son portefeuille, le Fonds immobilier de solidarité FTQ se penchera plus particulièrement sur les ensembles de copropriétés qui en étaient à la prévente lorsque le Québec a été mis en mode pause.
« Dans le cas d’une tour de condos, précise son PDG, nous devons vendre 50 % des unités avant de démarrer la construction et jusqu’au premier trimestre, la progression des ventes était excellente pour la majorité des projets. Maintenant, il nous faudra évaluer comment le marché va se dessiner à court terme, alors que beaucoup de gens ont perdu leur emploi, et une fois que la crise se sera résorbée. »
Une crise s’accompagnant inévitablement d’occasions d’affaires, le Fonds entend bien se positionner pour les saisir et ainsi imprimer son leadership sur la relance économique dans le bâtiment. Par exemple, en procédant à l’acquisition de terrains qui pourraient devenir disponibles, en se joignant à des développeurs immobiliers qui auraient de la difficulté à mener à bien des projets ou encore, en offrant sur le marché des unités d’habitation adaptées pour le travail à distance.
« Le confinement qui nous a été imposé va contribuer à l’implantation en accéléré du télétravail au sein de nombreuses entreprises, observe Normand Bélanger. Nous allons donc nous préparer pour répondre à une demande qui sera appelée à croître au cours des prochaines années.
« De plus, alors que la progression du commerce de détail en ligne est appelée à s’accentuer, nous allons réfléchir à la façon dont nous pourrions éventuellement redévelopper en tout ou en partie des centres commerciaux dans une perspective de développement durable, conclut-il. Par exemple, en y implantant des milieux de vie réunissant des condos, des logements locatifs, des espaces de travail, des commerces de proximité et des espaces végétalisés. »